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Société - Frappes israéliennes au Liban-Sud

« Ce qui s'est passé hier n'avait rien d'effrayant »

Suite aux tirs de roquettes depuis le Liban, les villageois étaient sur le qui-vive, en attendant la réponse israélienne. À peine quelques heures plus tard, c’est comme si rien ne s’était passé.

« Ce qui s'est passé hier n'avait rien d'effrayant »

Des soldats libanais et des habitants à l'endroit d'une frappe aérienne israélienne à Ras el-Aïn, dans le sud du Liban, le 7 avril 2023. Photo Reuters/Aziz Taher

Ce matin, Ali, la vingtaine, s’active pour préparer son sac de plage. Dans quelques heures, direction… Tyr, pour profiter de ce long weekend de Pâques. La peur qu’une guerre éclate est balayée d’un revers de main.

Jeudi dans l'après-midi, une trentaine de roquettes en direction d'Israël ont pourtant été tirées à partir du Liban-Sud, selon les forces israéliennes. 25 ont été interceptées ; 5 sont tombées sur le territoire voisin. L’armée israélienne accuse le Hamas, mais fait aussi assumer la responsabilité de cette escalade au gouvernement libanais. Vers 4h du matin, l’Etat hébreu a riposté en bombardant le Liban-Sud, après avoir mené vers minuit des frappes contre la bande de Gaza. L’armée israélienne a affirmé avoir ciblé trois « infrastructures » appartenant au Hamas, dans la zone de Rachidiyé, où se trouve un camp de réfugiés palestiniens, près de Tyr.

Après l’intervention violente de la police israélienne dans la mosquée al-Aqsa dans la vielle ville à Jérusalem, dès mardi soir, Ali s’attendait à des représailles. « Ce n’est pas nouveau ces tensions », justifie-t-il, rappelant que dès le printemps 2021, durant la guerre qui opposait alors le Hamas à Israël, quelques tirs de roquettes depuis le territoire libanais avaient visé le pays voisin. Sauf que depuis la guerre de 2006, aucune attaque de cette ampleur n’avait eu lieu.

Analyse

Israël-Liban : l’Iran et le Hezbollah veulent changer les règles du jeu

Si les tensions semblent être tombées ce vendredi matin, pendant plusieurs heures les habitants de la région étaient scotchés aux nouvelles s'envoyant des messages en attente du déroulé des événements. « Nous étions très agités, on attendait de voir la réponse israélienne », explique Ali. « Chez les sympathisants du Hezbollah, beaucoup attendent la guerre. Les autres se sont calmés. C’est comme si de rien n’était dans les rues », raconte-t-il.

Hassan, de Nabatiyé, ne pensait pas une seule seconde qu’un affrontement allait se produire. « Ça se passe toujours comme ça », dit-il. Ce qui le met en rogne, c’est la présence des « milices terroristes palestiniennes qui mènent leur combat depuis le Liban et mettent en danger la population », lâche-t-il. Pour lui, l’Etat libanais brille par son absence et cet épisode montre son incapacité à « protéger sa population ». Du côté de sa famille, pro-Hezbollah, ils se disaient « prêts à la guerre », raconte le jeune homme qui s'oppose à ce parti.

Interview express

“Le Hezbollah et le Hamas exécutent un même agenda”

« Il n'y a pas de peur de l'ennemi israélien dans notre vocabulaire », affirme Hussein Abou Khalil à notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah. Résident de la ville de Qolailé, d'où des roquettes ont été lancées vers Israël jeudi, il relate que les vergers et les environs ont été soumis à des raids israéliens. « J’avoue avoir été surpris par la réponse. Je m'attendais à ce qu'ils tirent quelques obus, comme c’est le cas d’habitude », dit-t-il. Lui croit que la « résistance sait comment agir si besoin. Nous avons vécu les guerres les plus difficiles avec l'ennemi, et nous l'avons vaincu. Je ne quitterai pas ma maison ou ma terre à cause de quelques obus ». Vendredi, pour Hussein Abou Khalil, « tout est déjà terminé ». Même son de cloche pour Ahmed Faour, 60 ans, un agriculteur de la commune de Khiam. « Ce qui s'est passé hier n'avait rien d'effrayant », dit-il à notre correspondant.

« J'ai cru que mon cœur allait lâcher »
Dans un autre village, à Hoch, près de Rachidiyé, les vitres de la maison de Lydia Hassan ont tremblé à l’aube. « J’ai cru que mon cœur allait lâcher », affirme cette maquilleuse de 23 ans. Pour elle, à ce moment-là, aucun doute, la guerre vient d’éclater. « Je me suis effondrée. Nous avons entendu trois tirs. J’ai dit à mon père de ranger nos valises et nos passeports pour qu’on quitte la maison. Il m’a dit qu’il valait mieux rester chez nous », raconte la jeune femme, qui n’a pas fermé l'œil de la nuit. Son père, Hani Hassan, lui indique que tout ira bien. « Nous avons l’habitude, dit-il en riant. Notre génération a tout vécu ». Dans la nuit, le cinquantenaire attendait la réplique israélienne. « Quand j’ai vu qu’ils avaient frappé à un endroit qui ne nécessitait pas une réponse du Hezbollah, j’ai compris que tout irait bien », avance-t-il. Dans les rues de son village, c’est comme si rien ne s’était passé.

Zeinab, une sexagénaire de Tyr, n’a pas pensé, elle aussi, une seule seconde qu’une guerre allait éclater. « Ce genre de chose arrive », dit-elle avec nonchalance à propos des tirs de roquettes du Liban vers Israël. Hier soir, les rues de sa ville étaient remplies de monde pour le souhour (repas qui précède le jeûne du ramadan). A l’aube, elle est arrachée à son sommeil suite à l’appel de son frère qui l’informe des attaques israéliennes. « Je leur ai dit : tout est normal, allez dormir, rien ne va se passer ». 

Ce matin, Ali, la vingtaine, s’active pour préparer son sac de plage. Dans quelques heures, direction… Tyr, pour profiter de ce long weekend de Pâques. La peur qu’une guerre éclate est balayée d’un revers de main.Jeudi dans l'après-midi, une trentaine de roquettes en direction d'Israël ont pourtant été tirées à partir du Liban-Sud, selon les forces israéliennes. 25 ont été...

commentaires (4)

C’est justement ça le drame du Liban, c’est que les libanais s’habituent à tout, même au pire. Ils se sont accommodés à ce qu’on joue avec leur vie sans que cela ne les ébranle ni ne les révolte. Non mais quel peuple.

Sissi zayyat

10 h 24, le 09 avril 2023

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Commentaires (4)

  • C’est justement ça le drame du Liban, c’est que les libanais s’habituent à tout, même au pire. Ils se sont accommodés à ce qu’on joue avec leur vie sans que cela ne les ébranle ni ne les révolte. Non mais quel peuple.

    Sissi zayyat

    10 h 24, le 09 avril 2023

  • - CE QUI VIENT DE PASSER N,AVAIT RIEN D,EFFRAYANT ! - HE, LES GARS ! NE DORMEZ PAS SUR LES DEUX OREILLES. - LE PROCHAIN RAID SERAIT PEUT-ETRE TERRIFIANT, - ET L,ON NE QUITTERAIT QU,EN DE LARGES CORBEILLES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 08, le 08 avril 2023

  • Méme film depuis 1975, avec des épisodes...acteurs-partenaires : "Israël" et "nasrallah". Victime:Liban, et nous.

    Marie Claude

    07 h 27, le 08 avril 2023

  • Ha ha ils sont habitués

    Eleni Caridopoulou

    17 h 15, le 07 avril 2023

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