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Société - Liberté d'expression

Sit-in de solidarité avec le journaliste Jean Kassir devant le palais de justice de Beyrouth

Jean Kassir, cofondateur du média Megaphone News interpellé par la Sécurité de l'État, affirme vouloir comparaître devant la justice non devant les organes sécuritaires.

Sit-in de solidarité avec le journaliste Jean Kassir devant le palais de justice de Beyrouth

Une foule rassemblée devant le Palais de justice de Beyrouth, le 3 avril 2023 lors d'une manifestation en solidarité avec le journaliste Jean Kassir, co-fondateur du média Megaphone. Photo Matthieu Karam

Une centaine de manifestants et d'activistes ont manifesté lundi matin devant le palais de justice de Beyrouth, pour dénoncer la convocation du journaliste Jean Kassir, cofondateur du média Megaphone News, par la Sécurité de l'État.

Megaphone avait affirmé, vendredi, que le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate est à l'origine de l'interpellation de Jean Kassir, qui serait due, selon le média, à une publication du 1er mars intitulée : "Le Liban gouverné par des responsables recherchés par la justice". Dans cette publication, figure le nom de M. Oueidate, en allusion aux poursuites lancées contre lui dans l'affaire de l'explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020.

"Des repris de justice poursuivent des journalistes", "Aux militaires nous disons : la presse est libre", "Les interrogatoires sécuritaires des journalistes sont illégaux", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants. Plusieurs protestataires, des membres du Rassemblement du syndicat alternatif de la presse et du Bloc national étaient présents sur les lieux. "Ghassan Oueidate, chabiha", scandait la foule, accusant le procureur d'être "un milicien au service du gouvernement". Une dizaine de militaires et des membres des Forces de sécurité intérieure (FSI) étaient déployés sur les lieux. Aucune tension n'a été signalée, selon notre journaliste sur place Matthieu Karam.

Des soldats libanais déployés devant le Palais de justice de Beyrouth, le 3 avril 2023 lors d'une manifestation en solidarité avec le journaliste Jean Kassir, co-fondateur du média Megaphone. Photo Matthieu Karam

"Liberté fragile"
"Le sit-in auquel le Rassemblement du syndicat alternatif de la presse a appelé est une réaction naturelle au fait que des journalistes ne sont pas traités conformément aux normes, voire menacés", confie Jean Kassir à L'Orient-Le Jour. "Si l'un de nous est touché, nous sommes tous touchés", a-t-il poursuivi, déplorant le fait que "la liberté est très fragile au Liban". Le journaliste a également indiqué que l'affaire est désormais entre les mains du juge Oueidate, notant "ne pas avoir de problème à comparaître devant la justice, mais pas devant des organes sécuritaires". "La manière dont j'ai été convoqué et le fait de transformer des idées en affaires sécuritaires sont inacceptables. Les journalistes doivent comparaître devant un juge ou le Tribunal des imprimés", a-t-il dénoncé, assurant que le travail de Megaphone se poursuivra.

Le journaliste Jean Kassir, cofondateur du média Megaphone News, lors d'un sit-in devant le palais de justice à Beyrouth, le 3 avril 2023. Photo Matthieu Karam/L'Orient-Le Jour

Présent sur les lieux, Jad Chahrour, porte-parole du centre SKeyes pour la liberté des médias et de la culture, a estimé de son côté que "le système judiciaire a prouvé son affiliation à la classe au pouvoir". "Il poursuit des journalistes qui ont dévoilé la vérité alors que c'est leur rôle", précise-t-il à notre publication, avant d'abonder : "On parle d'organes sécuritaires directement liés au pouvoir judiciaire politisé, qui protègent les partis et hommes politiques". La journaliste Doja Daoud a de son côté dénoncé "les pratiques militaires miliciennes" des autorités.

Pour mémoire

La liberté d’expression en recul sous le mandat Aoun, dénonce SKeyes

Vendredi, jour où la convocation de Jean Kassir a provoqué un tollé au Liban, une autre journaliste, Lara Bitar, rédactrice en chef du média de journalisme d'investigation The Public Source a également annoncé avoir été convoquée par le Bureau de lutte contre la cybercriminalité. Elle est amenée à comparaître jeudi, suite à "une plainte des Forces libanaises (FL)". Le parti de Samir Geagea lui reprocherait la publication d'un article publié en août dernier sur de présumés crimes environnementaux des FL pendant et après la guerre civile libanaise (1975-1990). Un sit-in est également prévu jeudi matin en solidarité avec Mme Bitar. 

Samedi, le ministre sortant de l'Information, Ziad Makari, a affiché son soutien aux droits à la "liberté d'opinion et d'expression" des deux journalistes convoqués, assurant "suivre de près" cette question.

Une centaine de manifestants et d'activistes ont manifesté lundi matin devant le palais de justice de Beyrouth, pour dénoncer la convocation du journaliste Jean Kassir, cofondateur du média Megaphone News, par la Sécurité de l'État.Megaphone avait affirmé, vendredi, que le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate est à l'origine de l'interpellation de Jean Kassir,...

commentaires (4)

Oueidate, comme tout citoyen, est libre, s'il s'estime diffamé, de porter plainte contre le journaliste, mais que vient faire dans cette histoire, la Sécurité de l'Etat?

Yves Prevost

06 h 35, le 04 avril 2023

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Commentaires (4)

  • Oueidate, comme tout citoyen, est libre, s'il s'estime diffamé, de porter plainte contre le journaliste, mais que vient faire dans cette histoire, la Sécurité de l'Etat?

    Yves Prevost

    06 h 35, le 04 avril 2023

  • Allez les ptits jeunes, l'armée n'attend qu'une chose... se ranger de votre côté. Montez le ton et montrez les dents. Encore quelques démonstrations populaires et notre gérontocratie pourrie jusqu'à la moelle s'écroulera comme un château de cartes.

    Ca va mieux en le disant

    03 h 11, le 04 avril 2023

  • En Iran cela fait plus de sept mois que la révolte perdure, au Liban cela fait plus de trente ans que l'on attend Godot !

    TrucMuche

    17 h 54, le 03 avril 2023

  • DE L,ETAT A L,OLJ LES LIBRES EXPRESSIONS SONT CENSUREES. HONTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 39, le 03 avril 2023

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