Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - France

Retraites : la CGT change de tête, les syndicats gardent leur cap

Retraites : la CGT change de tête, les syndicats gardent leur cap

Un canapé incendié lors d'un rassemblement contre les violences policières, le 30 mars 2023 près de l'Hôtel-de-Ville à Paris. Photo REUTERS/Sarah Meyssonnier

En annonçant qu'elle se rendra à Matignon avec les autres syndicats, Sophie Binet, la nouvelle numéro un de la CGT, maintient, pour le moment, l'unité du front intersyndical dans le conflit des retraites. Stupeur et soulagement, a peine remis du choix inattendu d'une cadre pour diriger la CGT, les autres leaders syndicaux ont été rassurés de l'entendre annoncer que "l'intersyndicale unie" irait bien à Matignon mercredi "pour exiger le retrait" de la réforme des retraites.

"Un très bon signal" salué par la numéro 2 de la CFDT, Marylise Léon. "A très court terme, la ligne n'est pas remise en question", note-t-elle. Mais au-delà?

Car les premiers mots de Mme Binet ont aussi semé le doute: "Pas de trêve, pas de suspension, pas de médiation". Comme un gage à ses soutiens les plus radicaux, qui ont désavoué cette semaine le sortant Philippe Martinez et sa dauphine désignée Marie Buisson.

"Il y a ce qu'on dit devant son congrès et ce qu'il est possible de discuter au sein de l'intersyndicale", veut croire Mme Léon, qui espère lever rapidement "les points d'interrogation sur la ligne que la CGT voudra défendre".

Chez Solidaires aussi, la codéléguée Murielle Guilbert "espère qu'il y aura toujours la même volonté d'être dans l'unité et de lutter ensemble". Encore faut-il que la nouvelle patronne de la CGT ne soit "pas prisonnière de ses batailles internes", souligne le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure.

Des craintes exagérées pour l'historien Michel Pigenet, spécialiste du syndicalisme, pour qui "le choix de Sophie Binet va plutôt dans le sens d'une continuité", même si "elle est quand même très encadrée" par des tenants de la ligne dure comme le cheminot Laurent Brun.

"Ca ne va rien changer", pronostique un cadre de la majorité. "Comme avec Martinez, on pouvait discuter avec lui, il est agréable, mais il était lié par son mandat".

"La dynamique va continuer"

Premier test grandeur nature mercredi, donc, à Matignon. L'intéressée a déjà planté le décor: "Ca peut durer cinq minutes", si l'exécutif refuse de revenir sur la réforme et sa mesure-phare, le report de l'âge légal à 64 ans.

Scénario que redoute un parlementaire Renaissance: à la veille d'une onzième journée de mobilisation jeudi, "il faut éviter à tout prix qu'ils sortent tous comme des frelons en disant qu'il n'y a pas eu de dialogue".

La Première ministre, Elisabeth Borne, a promis que "chacun pourra aborder les sujets qu'il souhaite". Mais concernant les retraites, "on ne peut pas faire de pause quand on a un projet de loi qui a été voté".

"Une pause, c'est un enterrement", explique un ministre de premier plan, jugeant que "la réunion de mercredi est déjà écrite". Une fois l'impasse actée, ne restera plus qu'à attendre le verdict du Conseil constitutionnel, le 14 avril.

A défaut d'une improbable censure du texte, les syndicats misent sur la demande de référendum d'initiative partagée. Une ultime "porte de sortie par le haut" qui permettrait de prolonger le mouvement social, estime Laurent Escure.

De préserver aussi l'unité syndicale, qui tient depuis bientôt trois mois. Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, affirme n'avoir "aucun doute que la dynamique va continuer".

Mais la nouvelle direction de la CGT voudra sans doute aller plus loin. A l'image du patron de la fédération Mines-Energie, Sébastien Menesplier, pour qui les journées d'action hebdomadaires ne sont "pas très compatibles avec ceux qui sont en grève reconductible".

"On travaillera pour que ce soient vraiment des grèves d'ampleur" prévient une autre membre de la confédération. "Peut-être qu'on sera plus efficace pour gagner".

En annonçant qu'elle se rendra à Matignon avec les autres syndicats, Sophie Binet, la nouvelle numéro un de la CGT, maintient, pour le moment, l'unité du front intersyndical dans le conflit des retraites. Stupeur et soulagement, a peine remis du choix inattendu d'une cadre pour diriger la CGT, les autres leaders syndicaux ont été rassurés de l'entendre annoncer que "l'intersyndicale unie"...