Note de la rédaction : Chers lecteurs, depuis la publication de cet article, nous avons reçu de nombreuses réactions - en dehors et au sein de la rédaction - dénonçant l'emploi de termes inappropriés. Nous en avons discuté ensemble et reconnaissons notre erreur. Nous avons donc apporté, le 28 mars, plusieurs modifications. Nous avons supprimé le terme « Crime d’honneur » dans le titre et l’avons remplacé par « féminicide ». Nous avons également supprimé l’intertitre « Crime d’honneur » et l’avons remplacé par la citation suivante : « J’aurais fait la même chose si son mari ne l’avait pas fait ». Nous avons également supprimé la phrase suivante : « a confirmé qu’il s’agissait en effet d’un crime d’honneur » et l’avons remplacée par « a évoqué un crime d’honneur ». Nous avons ensuite remplacé le terme « populations », par « personnes ».
Enfin, nous avons ajouté une mention claire à l’abrogation de l'article 562 du code pénal dans la loi libanaise en 2011. Merci pour vos commentaires et votre compréhension.
Hassan Z., un Libanais de 27 ans originaire de Baalbeck dans la Békaa, a assassiné dans la nuit de samedi à dimanche, sa femme Zeinab, également Libanaise, sur laquelle il a tiré à dix reprises, rapporte notre correspondante Sarah Abdallah citant une source sécuritaire, ce qui a été confirmé par une source des Forces de sécurité intérieure (FSI).
Le drame s'est produit à Choueifate, au sud de Beyrouth. Après avoir tué son épouse, âgée de 26 ans, Hassan Z. a pris la fuite avec les enfants du couple. L’appartement familial a été mis sous scellés par la police, selon la source sécuritaire.
"J’aurais fait la même chose si son mari ne l’avait pas fait"
Selon des médias locaux, le meurtre aurait eu lieu après que l’époux a trouvé des photos de son épouse non-voilée dans son téléphone. Contacté par L’Orient-Le Jour, le président de la municipalité de Hadath-Baalbeck, Ali Zeaïter, dont est originaire le suspect, a évoqué un "crime d’honneur". Il a également mentionné une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux dans laquelle on voit un homme, identifié comme étant le frère de la victime, qui déclare : "J’aurais fait la même chose si son mari ne l’avait pas fait", en allusion au meurtre de Zeinab Z.
Un "crime d’honneur" est un crime perpétré en réaction à un comportement perçu par certaines personnes comme ayant apporté le déshonneur à une famille et ayant donc enfreint un soi-disant code d’honneur. L'immense majorité des victimes, qui ne sont pas nécessairement auteurs des faits reprochés, sont des femmes, ce qui en fait un féminicide. Le Conseil de l'Europe préfère parler de "crime dit d'honneur", l'ONU de "crime au nom de l'honneur", parce que "Il n'y a pas d'honneur au crime".
En 2011, le Parlement libanais avait approuvé, sur proposition du député Samy Gemayel, la suppression de l’article 562 du code pénal se rapportant aux dits "crimes d’honneur".
M. Zeaïter a également indiqué que la victime a été enterrée quelques heures après avoir été tuée, à Beyrouth. Des funérailles "auxquelles pas grand monde n’a assisté", selon le responsable municipal.
« Masculinité toxique »
Contactée par L’OLJ, Zoya Rouhana, co-fondatrice et directrice de l’organisation KAFA, qui lutte contre la violence contre les femmes et les enfants, a estimé que la "masculinité toxique qui règne au Liban est la cause principale de la violence contre les femmes. Les hommes considèrent les femmes comme leur propre propriété", et déploré le manque de réactivité des autorités face à ce phénomène.
Mme Rouhana a encore rappelé que l’article 562 du Code pénal libanais permettait, avant 2011, à l'auteur de "crimes d'honneur" de bénéficier de circonstances atténuantes, mais que cet article a été abrogé depuis. Elle a toutefois souhaité que "le gouvernement libanais mette en place campagnes de sensibilisation visant les régions les plus concernées".
Et le frère de la victime alors qui, sans aucune décence ni respect pour la vie de sa sœur déclare qu’il aurait commis le crime si le mari ne l’avait pas fait pour laver l’honneur de la famille, est ce qu’il a été inquiété pour cette incitation au crime et à l’encouragement de la loi barbare qui est instaurée par des archaïques criminels pour décider de la vie d’une personne innocente parce qu’elle est de sexe féminin?
10 h 39, le 10 mai 2023