Les évêques maronites ont appelé mercredi à "mettre un terme final au conflit destructeur" entre la justice et les banques, après une série de poursuites engagées par la procureure générale près la cour de Cassation du Mont-Liban, Ghada Aoun, à l'encontre d'institutions bancaires, dans un Liban en plein effondrement économique.
Réunis sous la présidence du patriarche Béchara Raï à Bkerké, les dignitaires ont souligné la nécessité de "mettre un terme final au conflit destructeur dans lequel se sont embourbés le pouvoir judiciaire et les banques, qui pourrait isoler le Liban" de l'ordre mondial financier. Cet appel fait écho à celui lancé par le patriarche Raï dimanche, qui avait aussi pris la défense des banques privées et de la Banque du Liban (dirigée par un maronite, le gouverneur Riad Salamé). Le prélat avait dénoncé des "conflits personnels et politiques" dont les conséquences "nuisent au système bancaire et à la réputation du Liban à l'étranger sur le plan financier".
Les dignitaires ont par ailleurs affiché "leur crainte quant à un dérapage sécuritaire et une augmentation des crimes", et appelé les "organismes sécuritaires et militaires à être plus fermes et déterminés à protéger le pays de l'accentuation des atteintes à la sécurité et le glissement progressif vers le chaos". Ces propos interviennent alors que plusieurs évènements sécuritaires se sont dernièrement produits dans le pays qui est confronté à une double vacance à l'Exécutif depuis la fin du mandat du président Michel Aoun il y a quatre mois. Les évêques ont à nouveau pointé du doigt le fait que la Chambre n'ait toujours pas élu de nouveau chef de l'État, estimant que "le fait que les députés n'assument pas leur responsabilité nationale aggrave la situation globale".
Les dignitaires ont enfin appelé le gouvernement sortant à "faire preuve de sagesse en exerçant ses devoirs conformément à la Constitution et à l'intérêt public, et éviter tout ce qui peut entraver la bonne marche des affaires publiques". Le cabinet sortant de Nagib Mikati s'est réuni quatre fois depuis la fin du mandat Aoun afin de traiter de questions "urgentes" dans un Liban en pleine crise. Elles ont été boycottées par les ministres du Courant patriotique libre qui accusent le Premier ministre sortant de vouloir s'accaparer les prérogatives du chef de l'État. Le patriarche Raï a également critiqué à plusieurs reprises l'organisation des réunions du cabinet sortant.
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