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Culture - Portrait

Avec Théo Ould, l’accordéon se déplie du baroque au rock

À 24 ans, ce virtuose de l’accordéon joue du Bach ou du tango version Piazzolla, mais sollicite aussi des compositeurs contemporains pour infuser minimalisme ou rock dans son répertoire.

Avec Théo Ould, l’accordéon se déplie du baroque au rock

Pour l’accordéoniste francais Théo Ould, « la musique ne souffre pas de la personnalité ». Joel Saget/AFP

Il est le premier accordéoniste à faire partie des révélations dans la catégorie soliste instrumental pour les 30es Victoires de la musique classique qui ont lieu ce soir.

« Les gens trouvent que l’accordéon, c’est ringard et vieux, alors que c’est l’instrument le plus récent, en tout cas dans sa facture actuelle », s’amuse à relever le musicien dans un entretien.

Une classe dédiée à l’accordéon, instrument associé au répertoire populaire dans l’imaginaire collectif, n’a été ouverte qu’en 2002 au Conservatoire de Paris. Théo Ould y entre à 16 ans, après avoir posé le regard pour la première fois sur l’instrument lors de portes ouvertes au Conservatoire de Marseille, ville où il a grandi.

« C’était l’instrument en tant que tel qui m’a tout de suite fasciné, avec ses boutons... c’était comme un vaisseau spatial », se souvient le jeune homme, dont le look, entre boucle d’oreille et baskets, rappelle Brad Mehldau, pianiste qui casse les codes du jazz.

À la maison, sa mère, professeure de lettres-histoire, écoutait de tout, lui donnant le goût de l’éclectisme. « Je jouais du Pink Floyd à la guitare, chantais du Boris Vian dans les bars. J’ai aussi commencé la danse classique à cause (du film, NDLR) Billy Elliot et, devant la glace, j’imitais Mozart dans le film de Milos Forman. »

À cinq ans, il organisait des « concerts » pour sa mère et des amis en jouant au maestro. « Ma mère m’a dit un jour : “On a l’impression que le chef d’orchestre est un oiseau qui vient de naître, il agite les bras en essayant de s’envoler”. Moi qui me prenais très au sérieux, j’étais très fâché », sourit Théo Ould.

« Je pensais m’être planté »

Après des études de musique générale dès l’âge de six ans, il se focalise sur l’accordéon vers 14 ans, mais l’histoire d’amour n’est pas simple à assumer.

« J’avais presque un complexe. J’étais passionné de sonates de Brahms et de musique romantique et j’avais tous mes amis violonistes et pianistes qui jouaient ça et pas moi. Franchement, j’en souffrais (...) Je n’osais pas dire que je jouais de l’accordéon. Je disais que je faisais du piano, du jazz, de la direction. Je pensais m’être planté. »

Ce n’est qu’une fois au Conservatoire qu’il découvre, comme le disait la célèbre accordéoniste française Yvette Horner, « qu’on peut tout jouer avec l’accordéon ».

« Les pièces baroques sonnent naturellement bien pour l’instrument », explique-t-il.

Il cofonde avec des amis – le violoniste François Pineau-Benois et la violoncelliste Lisa Strauss – le « Philia Trio », qui fait parler de lui. On y interprète du Vivaldi et du Beethoven, mais pas que.

Pour être vraiment pris au sérieux et surtout pour faire évoluer le répertoire contemporain de l’instrument, Théo Ould a commencé à passer des commandes à des compositeurs vivants, tel que Régis Campo ou encore Tomas Gubitsch, rockeur qui a fui la dictature argentine au terme d’une tournée avec Piazzolla en Europe.

Pour son prochain album chez Alpha Classics, il commande à tous deux une pièce en plusieurs mouvements pour accordéon et bande électroacoustique, avec des influences mêlant musique minimaliste et répétitive pour l’un et rock et tango moderne pour l’autre.

Se produisant en solo ou en musique de chambre, il estime qu’il y a souvent une perception selon laquelle les musiciens classiques doivent s’effacer devant leur instrument. Or, « la musique ne souffre pas de la personnalité », souligne-t-il.

Rana MOUSSAOUI/AFP

Il est le premier accordéoniste à faire partie des révélations dans la catégorie soliste instrumental pour les 30es Victoires de la musique classique qui ont lieu ce soir.« Les gens trouvent que l’accordéon, c’est ringard et vieux, alors que c’est l’instrument le plus récent, en tout cas dans sa facture actuelle », s’amuse à relever le musicien dans un entretien. Une...

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