
Des détenus marchant dans un couloir de la prison de Roumié au Liban. Photo d'illustration AFP
Un membre de la police municipale du village de Bezbina dans le Akkar (Liban-Nord), D. Ch., a physiquement agressé un réfugié syrien mineur, qu'il accuse d'avoir volé le porte-monnaie de son fils, selon un communiqué publié lundi par le conseil municipal de la ville. Une version des faits contestée par le témoignage du jeune violenté qui a porté plainte, a indiqué lundi notre correspondant dans la région Michel Hallak.
Une photo fait le tour des réseaux sociaux : on y voit le corps d'un jeune homme marqué de multiples traces de coups de fouet. Le jeune Syrien âgé de 15 ans, un certain Gh. B., a porté plainte auprès de la caserne de Beino et des gendarmes ont entamé une enquête, précise notre correspondant.
Un réfugié syrien présumément agressé par un policier de la municipalité de Bezbina, dans le Akkar (Liban-Nord), le 13 février 2023. Photo fournie par notre correspondant Michel Hallak
"Incident personnel"
Réagissant à cette affaire, la municipalité de Bezbina a affirmé dans un communiqué que "l'incident entre le réfugié et D. Ch. est d'ordre personnel, et n'a pas eu lieu alors que ce dernier exerçait ses fonctions de policier".
Condamnant "l'attitude inhumaine" du policier, la municipalité a assuré "bien traiter les réfugiés installés dans le village". Elle a accusé Gh. B. d'avoir "des antécédents et d'avoir volé le porte-monnaie du fils du policier qui contenait de l'argent et ses papiers". Le porte-monnaie "a été rendu à son propriétaire après l'incident", conclut le texte.
Ces accusations ont été rejetées par la famille du jeune Syrien, selon le média local Megaphonenews, qui affirme que le jeune réfugié n'est pas responsable du vol. Il en a toutefois été accusé par le policier municipal qui l'aurait kidnappé dimanche dernier, pour l'emmener dans un endroit reculé, le battre et menacer de le tuer en tirant des coups de feu. L'agent a ensuite filmé une "confession forcée" du vol, poursuit le média.
L'Orient-Le Jour n'était pas à même de joindre la famille de Gh. B. pour obtenir davantage de renseignements. Le président de la municipalité de Bezbina, quant à lui, n'a pas répondu à nos sollicitations.
Les violences à l'encontre des réfugiés syriens sont fréquentes au Liban. En juillet 2022, les Forces de sécurité intérieure avaient arrêté un père et ses trois enfants pour leur implication présumée dans la mort d’un enfant syrien âgé de 14 ans, Khaled el-Saleh, dans la localité de Sarafand au Liban-Sud. La vidéo d'un homme s'en prenant violemment à des enfants travaillant comme ouvriers agricoles avait également fait scandale ces derniers mois. Une violence qui est parfois institutionnalisée. En septembre, des membres de la Sécurité de l'Etat avaient été accusés d'avoir torturé à mort un détenu syrien. Et en 2021, l'ONG Amnesty international avait dénoncé "des actes de torture" infligés à des réfugiés syriens au Liban, dont des mineurs, fustigeant "des traitements cruels et discriminatoires".
Un membre de la police municipale du village de Bezbina dans le Akkar (Liban-Nord), D. Ch., a physiquement agressé un réfugié syrien mineur, qu'il accuse d'avoir volé le porte-monnaie de son fils, selon un communiqué publié lundi par le conseil municipal de la ville. Une version des faits contestée par le témoignage du jeune violenté qui a porté plainte, a indiqué lundi notre...
commentaires (5)
Ce n'est qu'un exemple de la facilité avec laquelle ce peuple, souvent accueillant, tolérant et généreux, peut sombrer dans la barbarie et le racisme répugnant.
A.Harouni
03 h 23, le 16 février 2023