Embrouillamini

(C’est un état de confusion et de désordre extrême, difficile à comprendre).

Peut-on sortir de ce labyrinthe ? Que nous annoncent les voyants ? Pour Nostradamus depuis le XVIe siècle, l’année 2023 est catastrophique : guerres, catastrophes naturelles, espèces en voie de disparition, danger des changements climatiques et des pandémies toujours nouvelles pour l’humanité.

Pour les voyants chinois, la Chine entre dans l’année du lapin, c’est une année de paix et de sérénité, disent-ils.

Les Libanais hésitent... Qui croire ? Nos décideurs continuent à nous faire sortir des lapins de leurs chapeaux. Des lapins de toutes les couleurs et dans tous les domaines. Ils continuent à tourner dans un bouillon de médiocrité et de corruption. Dans l’espace géographique de notre région, nous assistons à une désorganisation totale de tous les groupes étatiques. Il n’est pas besoin de consulter les voyants. De la Syrie à l’Irak, la Libye, le Soudan et le Yémen, le peuple est en ébullition. Même la religion n’arrive plus à endiguer tous les débordements populaires. Mais c’est plutôt le sacré entre autres qui continue à alimenter toutes les tensions et les guerres. La présence d’Israël n’a fait qu’envenimer la région. La présence de l’extrême droite israélienne et ses convictions haineuses en tuant les Palestiniens ne fait qu’assombrir la situation. Au niveau mondial, nous assistons à une multitude de foyers chauds meurtriers à l’intérieur de beaucoup de pays. En Afrique, les dirigeants s’entretuent, aidés par les anciens colonisateurs ou bien par de nouveaux venus comme al-Qaëda, Daech ou la milice russe Wagner. Les dirigeants locaux, corrompus et sanguinaires répriment leur peuple. En Europe, un grand brasier est ouvert en Ukraine avec ses destructions, ses morts et qui attend son appellation de troisième guerre mondiale. Quant à la Chine, elle continue sa progression économique, son avancée territoriale, comme à Hong Kong et demain vers Taïwan. Dans ce désordre mondial, l’homme continue à détériorer la nature et à favoriser le réchauffement climatique par ses agissements immodérés et destructeurs.

D’aucuns regrettent la période de la guerre froide où deux blocs se partageaient le monde, celui de l’Est et celui de l’Ouest. La Russie communiste d’un côté et les États-Unis d’Amérique de l’autre. Les différents pays étaient sous la protection de l’un ou l’autre de ces blocs. La Chine malgré la densité de sa population n’a pu faire partie des Nations unies qu’en 1971. Depuis cette date, la Chine a fait du chemin et s’est érigée en concurrente de l’Amérique. Le monde est en ébullition : attaque du Capitole aux États-Unis, des contestations en Chine et en Europe. Des guéguerres fleurissent entre les pays voisins, tantôt pour se disputer l’eau (Égypte et voisins du Nil), tantôt pour se disputer les frontières et les marchés économiques. Mais le peuple en Corée du Nord vit un état de jubilation et de jouissance à la vue de son chef Kim Jong-un. Ici, le tyran se croit le propriétaire de son peuple.

Cette situation nous interroge : que se passe-t-il au niveau de l’être humain où on assiste à une perte de stabilité, une perte d’équilibre intérieur, à une perte de son centre de gravité, et il semble tiraillé sans que son économie psychique se sente apaisée ? Les relations entre les humains sont tragiques, chacun est voué à lutter fantasmatiquement contre l’autre. Les religions, les philosophies, mêmes les groupements idéologiques se déchirent et s’entretuent. Les humains sont à la recherche de repères et de convictions qui s’avèrent meurtriers. Les plus religieux cherchent à dominer les moins religieux, les enseignements philosophiques en Asie se déchirent, même les parties idéologiques se disloquent. Les désordres mondiaux et l’instabilité des certitudes font que l’être humain est désorienté et perd ses repères. Les humains se retrouvent tranquillisés dans l’harmonie des sectes et les rassemblements sous la houlette des influenceurs sur les réseaux sociaux où chacun retrouve un espace de confort rassurant. On assiste à une lutte entre des individualismes égoïstes à outrance d’un côté et un despotisme écrasant et étouffant de l’autre. L’être humain est ballotté entre des mémoires manipulées vécues différemment par chacun et des accélérations de l’histoire et parfois des ruptures ou bien des déviations de cette histoire. Et ce sont toujours les tenants des pouvoirs politiques, les décideurs qui vont détourner les peuples et les entraîner vers des dérives mortifères en toute impunité. Car la plupart des guerres ne naissent pas toujours de la puissance des États, mais souvent de leurs faiblesses. Il existe tellement de crises dans le monde qu’on se trouve dans un nœud de l’histoire. Nous passons dans notre économie psychique d’une culture fondée sur le refoulement à une culture qui favorise la perversion.

Pour guider nos sociétés vers un certain « vivre-ensemble », on doit savoir que notre identité se construit par la présence de l’autre qui est en face, pour nous rendre plus humains. L’existence est en fait un projet commun. C’est ce que nos responsables ignorent. Le grand perdant dans ce tumulte crasseux et mafieux, c’est le peuple, et l’État supposé gérer le bien-être de tous. En fait, le pouvoir d’un État, c’est la bonne gouvernance, la bonne gestion, or on est devant un antipouvoir, ou pouvoir de blocage par les armes qui interdit tout le bon fonctionnement de l’État. Face à cette culture de la rancœur tribale, face à cet embrouillamini social doivent émerger des responsables ni roublards ni tricheurs mais respectueux des lois et surtout audacieux. Ces leaders sont là, ils commencent à poser les bonnes questions et à réveiller les parlementaires assoupis, médiocres ou corrompus. Que dire des hommes de loi qui semblent attendre, et qui doivent résister et affronter la corruption ?

Psychiatre, psychanalyste

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