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Moyen-Orient - Repères

Coup d’envoi du plus important exercice militaire américano-israélien

Les États-Unis et l’État hébreu ont lancé lundi les plus importantes manœuvres conjointes jamais organisées entre les deux armées, à l’heure où Téhéran s’apprêterait à recevoir de Moscou des avions de chasse Sukhoï Su-35. 

Coup d’envoi du plus important exercice militaire américano-israélien

Un Osprey V-22 américain participant à un entraînement dans le cadre d’un exercice militaire conjoint avec Israël, dans le sud de l’État hébreu, le 12 mars 2018. Photo d'archives Jack Guez/AFP

Prévu pour une durée d’une semaine, un exercice conjoint « à grande échelle » – baptisé Juniper Oak 2023 – a débuté lundi en Israël et au-dessus de la mer Méditerranée orientale entre l’État hébreu et Washington, ont annoncé les deux armées. Aériens, navals et terrestres, ces entraînements interviennent au moment où l’Iran fait appel à Moscou pour renforcer ses capacités de défense et alors que les négociations sur l’accord nucléaire sont au point mort.

Ce que l’on sait

• Du lundi au vendredi se déroule le plus important exercice militaire conjoint jamais organisé entre les armées américaines et israéliennes. Des entraînements aériens, navals et terrestres qui se tiennent en Israël et au-dessus de la mer Méditerranée orientale.

• L’exercice de tir réel est colossal : 100 appareils américains – dont des avions de chasse, des bombardiers à capacité nucléaire et des drones – et une quarantaine d’appareils israéliens, une douzaine de navires parmi lesquels un groupe de porte-avions de la marine américaine, près de 6 500 membres du personnel américain ainsi que plus d’un millier côté israélien sont impliqués.

Pour mémoire

Front commun des Etats-Unis et Israël face à l'Iran malgré leurs divergences

• Entamée il y a seulement quelques mois, la planification de cette opération conjointe a débuté sous le précédent gouvernement israélien mené par Yaïr Lapid et s’est achevée sous le cabinet actuel, dirigé par Benjamin Netanyahu, à la tête d’une coalition regroupant des personnalités de l’extrême droite et ultraorthodoxes.

• Selon un haut responsable de la défense américaine s’adressant à la presse sous couvert d’anonymat, l’exercice militaire conjoint de cette semaine va au-delà des entraînements précédents régulièrement organisés entre les deux puissances. « Il s’agit de l’exercice le plus important entre les États-Unis et Israël à ce jour. Nous n’avons pas vraiment pu trouver quelque chose qui s’en approche. »

Le contexte

• En novembre dernier, une série d’exercices aériens conjoints avait été organisée entre Washington et l’État hébreu, simulant une attaque contre l’Iran et ses mandataires régionaux.

• L’exercice de cette semaine intervient à l’heure où la coopération militaire et technique entre l’Iran et la Russie – renforcée depuis la guerre en Ukraine – s’approfondit davantage. Le 15 janvier, un député iranien a annoncé que Moscou s’apprêtait à fournir bientôt des avions de chasse Sukhoï Su-35 à Téhéran.

Pour mémoire

Biden au Moyen-Orient : vers une nouvelle architecture de sécurité régionale ?

• Une livraison considérée comme une contrepartie à la vente de centaines de drones iraniens au Kremlin pour soutenir l’effort de guerre russe face à Kiev. Soutien qui a poussé les Occidentaux à imposer de nouvelles sanctions à Téhéran, en plus de celles décidées récemment face à sa répression brutale de la contestation agitant le pays depuis la mi-septembre.

• Elles s’ajoutent en outre aux sanctions liées au programme nucléaire iranien, face à l’enrichissement continu d’uranium par la République islamique. D’autant que les négociations indirectes pour réactiver l’accord de 2015 (JCPOA) sont au point mort depuis septembre, notamment dû aux exigences iraniennes, jugées extrêmes par les Occidentaux.

• Israël fait régulièrement pression sur son allié américain pour qu’il adopte une position plus agressive à l’encontre de Téhéran. Lors de sa prestation de serment fin décembre, Benjamin Netanyahu a réitéré l’impératif de « contrecarrer les efforts de l’Iran pour obtenir des armes nucléaires ».

• Tandis que ce sujet figurait sur la table des priorités lors de la visite du conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, auprès du chef de l’exécutif israélien, le 18 janvier à Jérusalem, le président américain Joe Biden avait souligné pendant sa visite à Jérusalem en juillet dernier qu’il était « prêt à utiliser tous les éléments en son pouvoir » pour éviter que l’Iran ait l’arme nucléaire.

Les enjeux

• Les États-Unis cherchent à éprouver l’effet dissuasif d’une option militaire face à Téhéran : « C’est un signal pour les concurrents et les adversaires (...) qu’il s’agit en fait d’une coalition à laquelle ils sont susceptibles d’être confrontés et que cette coalition est hautement capable et hautement interopérable », a poursuivi, sous condition d’anonymat, le haut responsable US précité auprès de la presse américaine.

• Cet entraînement pourrait également dissuader Israël d’agir seul face à Téhéran, comme le suggère dans al-Monitor Dan Shapiro, ancien ambassadeur des États-Unis en Israël pendant l’administration Obama : la profonde coopération nécessaire à cet exercice colossal peut « peut-être rendre moins probable que l’un agisse indépendamment sans coordination étroite avec l’autre ».

• Washington entend montrer avec cet exercice d’une ampleur inédite que l’alliance israélo-américaine constitue plus que jamais le cœur de son architecture de sécurité régionale. Et ce en dépit des inquiétudes suscitées auprès de ses partenaires arabes par le nouveau gouvernement israélien, le plus ancré à droite dans l’histoire de l’État hébreu.

• Les États-Unis s’efforcent d’étendre cette architecture de sécurité régionale à d’autres partenaires tels que les pays du Golfe. En février dernier, un exercice naval dirigé par les États-Unis en mer Rouge avait rassemblé une soixantaine de pays, parmi lesquels Israël et l’Arabie saoudite. Après avoir notamment conclu les accords d’Abraham avec les Émirats arabes unis en 2020, Israël poursuit l’objectif de normaliser ses relations avec l’Arabie saoudite. Une demande à laquelle Riyad continue de s’opposer, conditionnant la question à un règlement du dossier palestinien.

• Si Washington s’est progressivement désengagé de la région pour concentrer ses efforts sur les menaces russe et chinoise, il démontre néanmoins qu’il a la capacité de déployer d’importants moyens militaires au Moyen-Orient dans de très courts délais. Un message surtout destiné à ses alliés arabes dans la région, en premier lieu desquels les monarchies du Golfe, qui craignent une confrontation directe avec la République islamique, dans laquelle elles seraient en première ligne. 

Prévu pour une durée d’une semaine, un exercice conjoint « à grande échelle » – baptisé Juniper Oak 2023 – a débuté lundi en Israël et au-dessus de la mer Méditerranée orientale entre l’État hébreu et Washington, ont annoncé les deux armées. Aériens, navals et terrestres, ces entraînements interviennent au moment où l’Iran fait appel à Moscou pour renforcer ses...

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