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Bruxelles ouvre une enquête sur des mesures de soutien à Fret SNCF


Un TGV arrivant à la gare Montparnasse à Paris, le 8 avril 2018. Photo Thomas SAMSON / AFP

Le soutien financier de la France à Fret SNCF, filiale de la société nationale des chemins de fer chroniquement déficitaire, pourrait violer les règles de l'UE, a estimé mercredi la Commission européenne qui a ouvert une enquête.

Bruxelles entend vérifier que Fret SNCF n'a pas bénéficié d'un avantage économique indu vis-à-vis de ses rivaux, dans le secteur très concurrentiel du transport de marchandises. La Commission "craint que certaines mesures en faveur de Fret SNCF, octroyées pendant la période 2007-2019, ne soient pas conformes aux règles de l'UE en matière d'aides d'État", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Pendant cette période, les pertes de Fret SNCF SAS, filiale à 100% du groupe ferroviaire public français SNCF, ont été "continuellement couvertes" par la société mère "au moyen des avances de trésorerie intra-groupe, qui constituent des ressources publiques en raison de l'actionnariat et du contrôle étatiques", a expliqué l'exécutif européen, gardien de la concurrence dans l'UE. L'enquête portera notamment sur les avances de trésorerie effectuées par la SNCF à partir de début 2007 et jusqu'à sa transformation en société commerciale au 1er janvier 2020. Leur montant est estimé entre 4 et 4,3 milliards d'euros.

La commission examinera aussi l'annulation de la dette financière (d'un montant total de 5,3 milliards d'euros, incluant les avances de trésorerie) de Fret SNCF en 2019 ainsi qu'une injection de capital à hauteur de 170 millions d'euros dans cette filiale, au moment de sa transformation en société commerciale. "L'ouverture d'une enquête approfondie donne à la France et aux autres tiers intéressés, y compris le bénéficiaire, la possibilité de faire part de leurs observations. Elle ne préjuge en rien de l'issue de l'enquête", a souligné la Commission.

"Procédure scandaleuse"

De son côté, l'Etat français a dit prendre acte de l'ouverture de la procédure. Le ministère des Transports s'est dit "pleinement mobilisé pour apporter tous les éléments de réponse pertinents à la Commission" et "confiant dans la volonté mutuelle de garantir l'avenir du développement du fret ferroviaire", dans un communiqué.

Le gouvernement "rappelle que le groupe SNCF a contribué à maintenir l'activité de fret en France alors que le transport ferroviaire de marchandises faisait face à une concurrence accrue". Il souligne le rôle clé de l'entreprise face à l'urgence climatique, le transport par train représentant une solution décarbonée. "Nous sommes plus que jamais déterminés à garantir et développer la place du fret ferroviaire en France", a souligné le ministre des Transports, Clément Beaune, cité dans le communiqué.

La CGT a dénoncé pour sa part la transformation de Fret SNCF en société de droit privée, selon un montage élaboré sous l'autorité de la ministre des Transports de l'époque, Elisabeth Borne, l'actuelle Première ministre. Le syndicat dénonce une "procédure scandaleuse" de la part de Bruxelles qui risque d'entraîner la mort de Fret SNCF. Cette société "pourrait à terme être liquidée avec les conséquences sociales, économiques et environnementales induites", alerte la CGT dans un communiqué, en appelant à une "riposte massive" des cheminots.

Le soutien financier de la France à Fret SNCF, filiale de la société nationale des chemins de fer chroniquement déficitaire, pourrait violer les règles de l'UE, a estimé mercredi la Commission européenne qui a ouvert une enquête.Bruxelles entend vérifier que Fret SNCF n'a pas bénéficié d'un avantage économique indu vis-à-vis de ses rivaux, dans le secteur très...