Écarté d’un poste de recherche à Harvard en raison de ses critiques à l’encontre d’Israël… Kenneth Roth, ancien directeur général de Human Rights Watch (HRW), s’est vu refuser cette fonction auprès du centre Carr spécialisé sur les politiques en matière de droits humains de la prestigieuse université de l’Ivy League. « Le parrain des droits de l’homme », selon l’appellation du New York Times, avait été contacté par Carr le 7 mai 2022 après avoir annoncé la fin de son emploi de directeur qu’il occupait depuis trente ans. Sa prise de fonctions n’attendait que la validation du doyen de la Kennedy School Harvard, Douglas Elmendorf. Celui-ci a cependant opposé son veto. Le motif de cette décision : ce que le doyen percevrait comme un « penchant anti-Israël », selon le témoignage d’une professeure associée au centre de recherches, Kathryn Sikkink, recueilli par le quotidien américain The Nation. Et plus particulièrement le rapport de HRW publié en 2021 accusant Israël de pratiquer une politique d’apartheid envers les Palestiniens.
Depuis la diffusion de cette nouvelle, plusieurs membres du milieu universitaire ont témoigné de leur incompréhension. Qui d’autre que Kenneth Roth, qui s’est battu pour les droits de l’homme durant trente ans et a réussi à faire reconnaître l’expertise de HRW internationalement, pourrait mériter ce poste ? Adressée au président de l’université d’Harvard, M. Lawrence Bacow, une lettre signée par la nouvelle directrice générale de l’organisation des droits humains, Tirana Hassan, exprime son inquiétude vis-à-vis du silence de la faculté face à la décision du doyen. Elle souligne que le rôle de HRW est de mettre en lumière les violations des droits de l’homme dans plus de 100 pays, et qu’aucun parti pris n’a lieu en son sein : « L’organisation suit une méthodologie rigoureuse pour examiner les faits sur le terrain. » Loin d’être la seule à avoir qualifié les actes commis par Israël à l’encontre des Palestiniens d’« apartheid », de multiples organisations comme Amnesty International et la Clinique internationale des droits humains de l’université d’Harvard avaient également corroboré les propos de HRW, relate la nouvelle directrice.
Cette nouvelle suscite des contestations quant à la fragilité de la liberté académique des grandes universités, qui semble récurrente au sein de l’Ivy League. En 2021, la démission de Beverly Gage de son poste de chef du programme de stratégie globale à la prestigieuse université américaine de Yale à cause de l’interférence de donateurs dans le curriculum avait déjà souligné ce problème. Pour Kenneth Roth, cette action illustrerait la peur qu’Harvard aurait de toute critique à l’encontre d’Israël, selon un entretien accordé au journal britannique The Guardian, alors que le lobby pro-israélien est très influent dans le pays. « Le fait que la Harvard Kennedy School m’ait refusé une bourse ne va pas m’empêcher de m’exprimer, a-t-il poursuivi dans une interview donnée au site de Middle East Eye. Mais je m’inquiète pour les jeunes universitaires qui regardent ce triste épisode et en tirent la leçon que si vous critiquez Israël, votre carrière peut être contrecarrée. » Des préoccupations partagées par le comité de liberté académique de l’organisation Middle East Studies Association, créée dans le but d’encourager les enseignements de la région du Proche et Moyen-Orient. Dans une lettre ouverte au président de l’université d’Harvard, ce comité l’a accusé de violer le principe de liberté académique tout en insultant l’une des plus importantes organisations des droits de l’homme du monde.
Attention ne parlez pas mal des sionistes qui dominent Le monde , j’ai peur !!!!
20 h 40, le 14 janvier 2023