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Dernières Infos - Funérailles

Les Kurdes de France et d'Europe rendent hommage aux morts de la fusillade à Paris


Des membres de la communauté kurde de France et d'autres pays européens tenant les portraits des victimes d'une attaque à caractère raciste à Paris, lors de funérailles, à Villiers-le-Bel, le 3 janvier 2022. Photo Bertrand GUAY / AFP

"Les martyrs sont éternels": des milliers de membres de la communauté kurde de France et d'autres pays européens se sont rassemblés mardi à Villiers-le-Bel, en région parisienne, aux funérailles hautement politiques des trois Kurdes tués avant Noël à Paris.

Les cercueils d'Abdurrahman Kizil, Mir Perwer, un chanteur kurde réfugié politique, et Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, ont été exposés dans une salle des fêtes, au milieu des couronnes funéraires, sous un portrait d'Abdullah Öcalan, le chef historique du PKK emprisonné en Turquie.

Enveloppés dans les drapeaux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et du Rojava, territoire kurde de Syrie, ils ont été accueillis aux cris de "Les martyrs sont éternels !". De nombreux Kurdes refusent de croire à la version d'un tireur isolé aux motivations racistes et dénoncent un acte "terroriste", mettant en cause la Turquie.

Refus de la version officielle

"La colère des personnes rassemblées aujourd'hui (...) nous a encore prouvé à quel point la communauté kurde pense que ces assassinats sont des assassinats politiques, des assassinats terroristes orchestrés par la Turquie", a martelé devant la presse Agit Polak, porte-parole du Conseil démocratique kurde de France, rejetant la version du parquet de Paris.

Les suspicions de la communauté sont d'autant plus vives qu'il y a dix ans presque jour pour jour, trois militantes kurdes avaient été assassinées dans le même Xe arrondissement de Paris. Un ressortissant turc soupçonné d'avoir agi pour le compte du renseignement d'Ankara est mort d'un cancer en 2016, en détention, avant son procès.

Des milliers de personnes ont suivi la cérémonie sur des écrans géants installés sur un parking, faute de pouvoir entrer dans la salle où les corps étaient exposés. "On est là parce que c'est notre devoir, c'est une lutte que nos parents ont menée pendant de nombreuses années et que nous devons continuer", a déclaré à l'AFP Celik, une femme de 30 ans qui n'a pas souhaité donner son nom complet pour des raisons de sécurité. "On a l'impression qu'ils font tout pour nous écraser, que ce soit ici ou en Turquie", a ajouté cette habitante de Villiers-le-Bel, à une quinzaine de kilomètres au nord de Paris, venue aux funérailles en famille.

Série de manifestations

Des Kurdes ont fait le voyage de toute la France et même depuis des pays européens pour assister à ces funérailles, venus à bord de bus spécialement affrétés par la communauté. Les organisateurs ont mis en place un important service d'ordre, en plus des forces de l'ordre déployées à l'extérieur.

Le drame remonte au 23 décembre, quand les trois Kurdes ont été tués devant un centre culturel de leur communauté à Paris. Le tireur, William Malet, un Français de 69 ans déjà connu de la justice pour des faits de violence, a justifié son geste par sa "haine pathologique des étrangers".

"Ils disent qu'il n'aimait pas les étrangers, mais pourquoi les Kurdes, pourquoi pas les Arabes ? Nous sommes un peuple discret. Nous venons en France et nous nous faisons tuer !", s'est étonnée auprès de l'AFP Mizgine, une Kurde de 24 ans venue aux funérailles avec son bébé.

Une marche blanche se tiendra mercredi rue d'Enghien sur les lieux du drame. Et une "grande marche" de la communauté kurde, initialement prévue pour les dix ans de la mort des militantes du PKK, partira samedi de la gare du Nord à Paris.

"Les martyrs sont éternels": des milliers de membres de la communauté kurde de France et d'autres pays européens se sont rassemblés mardi à Villiers-le-Bel, en région parisienne, aux funérailles hautement politiques des trois Kurdes tués avant Noël à Paris.Les cercueils d'Abdurrahman Kizil, Mir Perwer, un chanteur kurde réfugié politique, et Emine Kara, responsable...