Le recteur de la Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a dénoncé jeudi les propos "violents" et "extrêmement graves" de l'écrivain Michel Houellebecq à l'égard des musulmans parus dans une revue, et annoncé son intention de porter plainte. La plainte n'avait pas été déposée ce jeudi. Contacté par l'AFP, l'avocat de la Grande Mosquée, Basile Ader, a assuré qu'elle le serait "en début de semaine prochaine".
L'entretien incriminé qui date de fin novembre est le fruit d'une longue conversation avec le fondateur de la revue Front populaire, le philosophe Michel Onfray dans laquelle l'auteur du roman "Soumission" présente les musulmans comme une menace pour la sécurité des Français non musulmans.
"Jeter l'anathème"
"Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n'est pas que les musulmans s'assimilent, mais qu'ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu'ils s'en aillent", y affirme Michel Houellebecq. Et dans un extrait cité par l'institution musulmane, l'écrivain dit aussi : "Des gens s'arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées, expliquait ainsi Michel Houellebecq. Quand les territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l'envers (en référence aux attentats jihadistes du 13 novembre 2015)".
"Jeter comme ça l'anathème sur l'ensemble d'une composante de la population française, l'excluant totalement, c'est extrêmement grave", a déclaré Chems-eddine Hafiz sur BFM-TV, dénonçant le fait d'opposer "Français de souche" et "musulmans". "J'aurais souhaité que des hommes de ce niveau-là, que ce soit Michel Onfray ou Michel Houellebecq, qu'ils s'élèvent contre [les] terroristes. Mais qu'ils amalgament le terrorisme à l'islam, je trouve ça inacceptable", a encore dit le recteur, souhaitant "montrer que les musulmans sont des citoyens à part entière et (que) lorsqu'ils sont touchés dans leurs droits, ils réagissent". Il a précisé qu'en voulant assigner M. Houellebecq, il ne visait pas l'écrivain, "qui est protégé par la liberté d'expression", mais le citoyen s'exprimant dans une revue. Dans un communiqué, le responsable de la Mosquée indique qu'il va déposer plainte pour des propos présumés être "une provocation à la haine contre les musulmans".
?????????? | La Grande Mosquée de Paris porte plainte contre Michel Houellebecq pour les propos très graves qu’il a tenu au sujet des musulmans de France dans une récente interview écrite : pic.twitter.com/JS4NwLM2R8
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) December 28, 2022
Les positions controversées de Michel Houellebecq ne sont pas nouvelles. Il avait déjà été poursuivi, mais relaxé en première instance comme en appel, lors d'un procès pour incitation à la haine après avoir déclaré en 2001: "La religion la plus con, c'est quand même l'islam".
Front populaire, fondée en 2020, est une revue de commentaires politiques qui se veut opposée aux élites, au président Emmanuel Macron, au libéralisme économique et à l'Union européenne, et favorable à une démocratie plus directe, souverainiste.
commentaires (5)
En terme de liberté d'expression il y aurait bcp a dire sur la France . Combien de livres censurés, combien de librairies fermées et d'intellectuels condamnés pour diverses raisons toutes reliés à la politique de l'etat hebreu en Palestine. Meme en plaisantant on a pas le droit de dire du mal de la politique agressive de l'etat hebreu envers le peuple palestinien opprimé sur sa terre. M. Dieudonné en connait un bout . Il suffit de voir la panoplie de lois françaises qui condamnent comme antisémite la moindre interrogation sur la politique israelienne pour se poser la question de savoir s’il existe une reelle liberté d’expression en France. Quand a la justice française aux ordres de c ‘est pas mieux , notre compatriote Georges Ibrahim Abdallah est toujours embastillé en en France 71 ans , libérable depuis 1999 , il croupit toujours dans les geoles de France en attendant l’ordre qui viendra de Washington ou Tel Aviv . Vous avez dit justice indépendante ? Nous n’ignorons pas que ce refus doit beaucoup aux pressions des autorités américaines et israéliennes qui n’ont pas caché leur souhait de voir Monsieur Abdallah mourir en prison . Dixit La ligue française des droits de l’homme https://www.ldh-france.org/alerte-sur-la-situation-de-georges-ibrahim-abdallah-mourir-en-prison-nest-pas-une-solution/
nabil samir
18 h 02, le 29 décembre 2022