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Politique - Décryptage

Le CPL et le Hezbollah campent sur leurs positions, aucun plan B en vue

En dépit des tentatives de circonscrire les effets du conflit sérieux qui les a opposés, le Courant patriotique libre et le Hezbollah maintiennent chacun son cap. Entre ces deux alliés de longue date, la blessure est profonde. Publiquement, les deux formations affirment qu’elles ne veulent pas remettre en question l’entente de Mar Mikhaël conclue le 5 février 2006, mais plutôt chercher à l’améliorer en adaptant son contenu aux priorités actuelles. Toutefois, dès qu’on aborde la question présidentielle, il est clair que des deux côtés, la crise n’est pas surmontée.

Du côté du Hezbollah, les accusations portées par le chef du CPL Gebran Bassil contre la formation chiite et en particulier lorsqu’il l’a accusée d’avoir manqué de loyauté dans son approche ne sont pas encore digérées. Et du côté du CPL, l’insistance du Hezbollah à vouloir soutenir le chef du courant des Marada Sleiman Frangié pour la présidence reste incompréhensible... et inacceptable. Dès qu’on cherche à aller plus loin dans la conversation, les langues se délient du côté du Hezbollah pour revenir à certains détails de la rencontre de plusieurs heures, il y a quelques semaines, entre le secrétaire général du parti et le chef du CPL. Il apparaît ainsi que lors de cette rencontre, Hassan Nasrallah a fait un long exposé des raisons qui poussent sa formation à vouloir Sleiman Frangié pour président. Il serait ainsi revenu sur l’élection présidentielle de 2016 et notamment sur le fait que le leader de Zghorta, dont l’élection était acquise et qui avait été déjà félicité au téléphone par le président français de l’époque François Hollande, avait renoncé à se rendre à la séance parlementaire qui devait consacrer son accession à la présidence, juste parce que le parti chiite le lui avait demandé.

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Dans un discours public, le chef du Hezbollah avait par la suite salué le dévouement du leader des Marada et insisté sur le fait qu’il a désormais une dette à son égard et qu’il la remboursera en temps voulu. Pour le Hezbollah, ce temps est donc venu. Le parti, que Bassil a accusé d’avoir manqué de loyauté, a voulu montrer à quel point il est fidèle à ceux qui lui rendent un service ou font des sacrifices pour lui. De plus, après avoir longuement exposé son point de vue et les raisons qui poussent le Hezbollah à appuyer la candidature de Sleiman Frangié, Hassan Nasrallah a demandé à Gebran Bassil de ne pas lui répondre immédiatement et de prendre quelques jours de réflexion. Mais le lendemain de cette rencontre, le chef du CPL a tenu sa fameuse conférence de presse, dans laquelle il a mis en doute la loyauté et la sincérité du Hezbollah. Pour les sources proches du parti chiite, non seulement Gebran Bassil n’a pas daigné donner sa réponse au « sayyed », mais il a aussi violemment attaqué le Hezbollah médiatiquement. Le chef du CPL a eu beau ensuite expliquer qu’il ne visait pas Hassan Nasrallah, le mal était fait et ses traces restent profondes. Pourtant, les deux formations savent qu’aucune d’entre elles n’a intérêt à défaire l’entente qui les lie, surtout en cette période confuse et tourmentée au Liban, dans la région et dans le monde. Le CPL et le Hezbollah cherchent donc à recoller les morceaux abîmés, mais l’entreprise se heurte non seulement à un état d’esprit négatif, les partisans du Hezbollah n’ayant pas encore surmonté le choc causé par les propos de Bassil, mais aussi (et surtout) au fait que le Hezbollah n’a pas changé de position au sujet de la candidature de Frangié. Selon des sources proches de la formation pro-iranienne, le Hezbollah ne voit même aucune raison de le faire. Non seulement il estime avoir une dette à l’égard de Sleiman Frangié, mais ce dernier est à ses yeux le meilleur candidat possible pour traverser cette période délicate. Le leader zghortiote n’est pas considéré comme ayant une personnalité provocatrice sur le plan interne, il n’y a aucun doute sur ses positions à l’égard de la résistance, il a l’aval de la Syrie et sa candidature ne fait pas l’objet d’un rejet de la part de l’Arabie, de la France et même des États-Unis, selon le Hezbollah. Le parti chiite a été jusqu’à proposer à Gebran Bassil le rôle de conseiller du président Frangié et Nasrallah s’était personnellement engagé à garantir qu’il serait entendu.

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En dépit de toutes ces assurances, Bassil a maintenu son refus de la candidature du chef des Marada, se contentant de proposer à ce dernier et au Hezbollah de s’entendre sur une autre personnalité. Mais ni le Hezbollah ni Frangié n’ont accepté cette proposition. Le Hezbollah a alors misé sur un entretien direct entre Bassil et Frangié pour faire changer d’avis le premier. Mais là aussi, la rencontre a bel et bien eu lieu, au domicile de l’homme d’affaires libano-jordanien Alaa Khawaja, les discussions étaient aimables, mais aucun changement n’a été enregistré dans la position des deux hommes. Devant ses proches, le Hezbollah ne cache pas son incompréhension de la position de Bassil, alors que ce dernier estime qu’elle est très claire : il ne veut pas rééditer l’expérience du mandat de Michel Aoun qui a été entravé par le fameux « système » de corruption. Pour lui, le mandat de Aoun s’est heurté à l’impossibilité de remettre en cause le principe d’impunité qui prévaut au Liban depuis la fin de la guerre civile et il n’est pas question de poursuivre sur la même voie. Le CPL et son chef disent donc vouloir lutter contre cette situation, même s’ils doivent rester en dehors du pouvoir. Pour l’instant, les deux positions restent donc inconciliables. Aucun plan B n’est encore envisagé, mais les contacts entre le CPL et le Hezbollah ont repris.

En dépit des tentatives de circonscrire les effets du conflit sérieux qui les a opposés, le Courant patriotique libre et le Hezbollah maintiennent chacun son cap. Entre ces deux alliés de longue date, la blessure est profonde. Publiquement, les deux formations affirment qu’elles ne veulent pas remettre en question l’entente de Mar Mikhaël conclue le 5 février 2006, mais plutôt chercher...

commentaires (6)

Le système politique polyethnique libanais Ils ont cadenassé tous ensemble la mosaïque des 17 ethnies et culture, il n'y a personne qui a le pouvoir pour protester, et la mosaïque par définition n'a pas de voix. C'est le système politique le plus ingénieux au monde quasi éternel pour ceux qui ont conquis le pouvoir. Même les dictatures finissent par s'effondrer mais pas eux. Avec ce modèle diabolique, vous contesterez autant que vous voulez ils vont sourire et diront " les chiens aboient et la caravane passe." L’union européenne est dans même moïse avec ces 27 états et centaines de région et multitude de partis politique. Résultat : Paralysie des régimes et population victime de l’intérêt privé de l’Elite Politique. La démocratie Américaine, malgré le melting-pot de sa population, est construite sur le bipartisme qui permet l’alternance, à travers un système d’opposition qui aboutit aux intérêts général.

DAMMOUS Hanna

13 h 51, le 29 décembre 2022

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Commentaires (6)

  • Le système politique polyethnique libanais Ils ont cadenassé tous ensemble la mosaïque des 17 ethnies et culture, il n'y a personne qui a le pouvoir pour protester, et la mosaïque par définition n'a pas de voix. C'est le système politique le plus ingénieux au monde quasi éternel pour ceux qui ont conquis le pouvoir. Même les dictatures finissent par s'effondrer mais pas eux. Avec ce modèle diabolique, vous contesterez autant que vous voulez ils vont sourire et diront " les chiens aboient et la caravane passe." L’union européenne est dans même moïse avec ces 27 états et centaines de région et multitude de partis politique. Résultat : Paralysie des régimes et population victime de l’intérêt privé de l’Elite Politique. La démocratie Américaine, malgré le melting-pot de sa population, est construite sur le bipartisme qui permet l’alternance, à travers un système d’opposition qui aboutit aux intérêts général.

    DAMMOUS Hanna

    13 h 51, le 29 décembre 2022

  • A Mar Mikhael, le Hezb et le CPL se sont entendus pour demolir les institutions du pays. Ils n'ont pas demerite depuis.....

    Michel Trad

    12 h 34, le 29 décembre 2022

  • Mais le CPL et le Hezbollah hantent les nuits de l’auteure. Il n’y a pas d’autres sujets ni d’autres soucis ni d’autres problèmes que les relations Hezbollah CPL dont on se fout complètement. Quand j’écrivais que Mme Haddad vit sur sa planète loin des problèmes de ses concitoyens, ses décryptages le confirment.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 01, le 29 décembre 2022

  • Pour bassil, le mandat de Aoun s’est heurté à l’impossibilité de remettre en cause le principe d’impunité qui prévaut au Liban !!! Et pourtant au ministère de l'énergie,semble t il, il avait les coudées franches pour faire le ménage et cela depuis 2010 !!!! Il devrait nous expliquer comment la dette s'est elle acrue de 45 milliards de $ en passant d'une production journalière de 16 heures par jour à 1heure et questions subsidiaire pourquoi la ville de Batroun bénéficie t elle d'une électricité quasi permanente ?

    C…

    07 h 40, le 29 décembre 2022

  • "Le CPL et le Hezbollah campent sur leurs positions"... bien sûr, ayant réussi à détruire la cabane entière sur nos têtes nos 2 joyeux lurons campent sur leurs positions alors que nous campons à la belle étoile...

    Wlek Sanferlou

    04 h 19, le 29 décembre 2022

  • Surprise, surprise, pas de references a des sources diplomatiques occidentales, mais un president chretien dont l election depend du bon vouloir d un sayed!!,

    Zampano

    02 h 23, le 29 décembre 2022

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