Plus d'une vingtaine de membres du parti d'opposition Citoyens et Citoyennes dans un État (Mouwatinoun wa Mouwatinat Fi Dawla ou MMFD) ont décidé d'en quitter les rangs suite à une modification de son règlement intérieur, la semaine dernière, qui pourrait potentiellement permettre au chef du parti, Charbel Nahas, de prolonger son mandat, ont indiqué plusieurs membres, anciens et actuels de MMFD.
L'ancien ministre du Travail Charbel Nahas avait cofondé le parti MMFD en 2016 afin de plaider en faveur d'un "mouvement politique organisé", avec pour objectif l'établissement d'un"État intégral, civil, démocratique, juste et puissant au Liban". MMFD n'a obtenu aucun siège au Parlement à l'issue des élections législatives de mai 2022. Les listes sur lesquelles ses candidats s'étaient présentés, avec ou sans autres alliés, et ses candidats avaient obtenu un total de 70.782 voix. Après ce revers, Charbel Nahas avait été critiqué par certains pour ce qui avait été qualifié de comportement irréfléchi, qui aurait repoussé des électeurs potentiels. D'autres saluent cependant ses mises en garde précoces sur l'effondrement économique imminent du Liban, avant le début de la crise socio-économique et financière en 2019.
M. Nahas a été contacté à plusieurs reprises pour commenter les défections au sein de son parti, sans succès.
Amendement des statuts
La controverse a éclaté la semaine dernière lorsqu'un amendement des statuts a été proposé aux membre du Conseil du parti. Cette mesure devait être approuvée à la majorité des deux tiers. "Tous ceux qui étaient opposés à cette proposition ont démissionné tandis que les autres l'ont approuvée, ce qui n'était pas correct", a déclaré un membre actuel de MMFD à L'Orient Today, sous couvert d'anonymat.
Cette mesure permet aux dirigeants du parti de briguer un troisième mandat. M. Nahas en est actuellement à son deuxième mandat de secrétaire général, qui arrive à expiration en janvier 2024.
"En réalité, l'amendement n'a pas un grand impact, mais il s'ajoute à d'autres facteurs qui posent problème", a déclaré le membre du parti, qui cite notamment le fait que les délégués du Conseil, qui doivent normalement superviser le travail du secrétaire général, ont vu leur rôle réduit ces derniers mois. En outre, dans le sillage des législatives, "plusieurs mesures ont été prises pour rogner les ailes de personnes qui auraient pu être devenir leaders du parti", selon lui.
Un porte-parole de MMFD n'a pas répondu aux demandes de commentaires de L'Orient Today.
Confiance totale
Ce développement interne intervient quelques jours après le rejet par le Conseil constitutionnel d'un recours de Jad Ghosn, commentateur politique qui s'était présenté sur une liste de MMFD à un siège maronite du Metn, sans succès. Contacté, M. Ghosn a déclaré qu'il avait "une confiance totale dans le travail de Charbel Nahas et dans son projet et sa vision politiques" mais que, n'étant pas membre encarté du parti, il ne pouvait pas en commenter les questions intérieures.
De son côté, l'avocat Moussa Khoury, qui s'était présenté sur une liste électorale aux côtés de M. Nahas dans la circonscription de Beyrouth I, a déclaré qu'il n'était pas au courant de ces défections car il ne fait pas partie de la direction du parti. Il a toutefois souligné que les modifications apportées aux statuts n'étaient pas liées à une éventuelle intention de prolonger le mandat de Charbel Nahas.
"Coup d'État"
Parmi les personnes qui ont fait défection figure Rania Masri, qui était membre de MMFD depuis 2016 et qui a écrit mardi sur sa page Facebook que la direction du parti "ne fait pas confiance aux membres du mouvement, malgré leurs compétences". Elle a cité, parmi les raisons de sa démission, les amendements apportés aux statuts, qu'elle a décrits comme "introduits d'une manière qui contredit le règlement intérieur" et "de manière à accorder un pouvoir absolu à un poste au sein du parti". Elle a estimé que cela constitue "un coup d'État contre l'approche du parti, qui se veut basée sur la pensée critique et la volonté de donner des prérogatives à ses membres". "Malheureusement, la direction du parti a prouvé au cours des deux dernières années qu'elle ne respecte pas les règlements intérieurs qu'elle a elle-même rédigés", a également écrit Mme Masri, qui a refusé de faire d'autres commentaires sur cette affaire.
Parmi les membres ayant fait défection se trouvent plusieurs anciens candidats malheureux aux législatives.
Le membre anonyme du parti s'exprimant sous couvert d'anonymat a pour sa part ajouté qu'il n'a pas fait défection mais qu'une telle décision pourrait être prise ultérieurement. " J'attends de voir si nous pouvons nous remettre" de cette affaire, a-t-il souligné. "Lorsque vous rejoignez un groupe politique, votre affiliation est conclue sur base d'un accord, concrétisé dans les statuts du parti. Mais maintenant, tout à coup, ceux-ci ont été changés", a-t-il regretté.
Il y a encore des gens Citoyens Libanais qui s’intéresse à la politique ? Ridiculous sauf si ils étaient bancairement vierge!!!
16 h 43, le 29 décembre 2022