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Sport - Mondial

Messi, à une marche de Maradona

Auteur d’un but sur penalty et de deux passes décisives d’anthologie, le génie argentin a une nouvelle fois guidé « son » Albicéleste vers la finale, après avoir surclassé la Croatie (3-0) mardi à Lusail.

Messi, à une marche de Maradona

Lionel Messi levant le poing après avoir converti son penalty ayant ouvert le score en faveur de l’Argentine lors de la demi-finale remportée 3-0 par l’Albicéleste face à la Croatie, mardi sur la pelouse du stade de Lusail, dans le nord de Doha. Juan Mabromata/AFP

L’espace d’un instant, ce stade de Lusail avait quelque chose de Mexico. Outre la chaleur des encouragements provenant des dizaines de milliers de Sud-Américains garnissant les tribunes, cette chevauchée fantastique menée sur le côté par un numéro 10 argentin gaucher de moins d’un mètre 70, donnant le tournis à la défense adverse comme s’il était touché par la grâce, le tout en mondovision en phases finales de Coupe du monde, était une invitation au plus prestigieux des parallèles.

Certains crieront à la démesure et à l’obsession de la comparaison, mais il faut se rendre à l’évidence : ce Messi-là devient de plus en plus « maradonien ». Non pas parce que cette action réalisée après l’heure de jeu arriverait à la cheville du « but du siècle » inscrit par le « Pibe de Oro » il y a maintenant 36 ans contre l’Angleterre en pleine guerre des Malouines.

La seconde, c’est la bonne ?

Les commentateurs n’ont pas éclaté en sanglots tel Victor Hugo Morales, au micro de la télévision nationale uruguayenne, devant les prouesses de « Don Diego » sur la pelouse du stade aztèque. D’ailleurs, Messi n’a pas lui-même poussé le ballon au fond des filets, et la messe, face à des Croates qui n’étaient plus que l’ombre de l’équipe solide et ordonnée pourfendeuse des rêves brésiliens quelques jours plus tôt, était déjà dite dans un match dont on avait rapidement cerné l’issue.

Mais en enchaînant de la sorte des prestations aussi entières, la « Pulga » ne cesse de convoquer le souvenir de son glorieux aîné, dont il n’est plus qu’à une marche d’égaler le palmarès en équipe nationale. À savoir, hisser par deux fois l’Albicéleste jusqu’en finale de la reine des compétitions.

L’une a déjà été perdue en 2014 contre l’Allemagne, dont la moitié occidentale alors appelée RFA avait déjà brisé les rêves de doublé de Maradona en 1990. L’autre n’attend plus qu’à être gagnée pour enfin succéder au dernier titre glané par la sélection argentine lors de cette même année 1986, où Maradona fut couronné au rang de divinité.

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Longtemps abonné aux déconvenues sous le maillot ciel et blanc, l’ancien Barcelonais a enfin remis les pendules à l’heure et semble s’être débarrassé du signe indien lors de l’été 2021. Date du premier titre en Copa América de l’Albicéleste depuis 1992, soulevé après trois finales terminées dans la peau du vaincu. De quoi pleinement réconcilier le peuple argentin avec son nouveau messie, qui peut enfin s’affirmer comme un prophète dans son propre pays, capable de guider à nouveau sa sélection vers la gloire, et la sixième finale de son histoire.

« L’Argentine est au sommet du football et il y a de quoi être heureux », a résumé le sélectionneur argentin Lionel Scaloni. « Nous célébrons cette victoire parce que c’est très émouvant de se qualifier pour la finale, mais il reste un pas à faire. C’est un moment dont on devait tous profiter, mais c’est fini, et maintenant on doit penser à ce qui vient », a-t-il nuancé dans la foulée.

Un seul Ballon d’or

De toute façon, le sélectionneur argentin n’a pas eu besoin de tempérer outre mesure les ardeurs de ses joueurs. S’ils se sont fendus d’une petite danse collective au centre de la pelouse avant de célébrer leur succès avec les dizaines de milliers d’« hinchas » (« supporters » en espagnol) présents dans les travées de l’écrin de Lusail, où se déroulera également la finale de dimanche, les néofinalistes n’ont pas laissé éclater les mêmes effusions de joie qu’après les qualifications étriquées acquises lors des tours précédents.

Le scénario de la rencontre, à sens unique, y est pour beaucoup. Mardi, il n’y avait de la place que pour un seul Ballon d’or sur la pelouse. Et c’est le plus grand, celui qui l’a décroché à sept reprises, qui a rapidement montré lequel des deux méritait de s’offrir un dernier tango face à la France ou au Maroc.

Le duel annoncé entre les deux artistes n’aura pas vraiment eu lieu. Le plus regrettable est que cet état de fait n’est même pas dû à une contre-performance de Luka Modric, qui aura encore montré que ses 37 printemps n’ont en rien altéré l’étendue de son immense talent. Mais bel et bien à une faillite collective de la formation à damier, méconnaissable après avoir concédé l’ouverture du score peu après la demi-heure de jeu.

Profitant du boulevard laissé plein axe par l’arrière-garde croate, le jeune Julian Alvarez a obtenu un penalty plutôt généreux en buttant sur la sortie trop tardive de Livakovic (32e). Messi ne s’est ensuite pas fait prier pour exécuter la sentence (1-0, 34e) en catapultant la balle aux abords de la lucarne du portier du Dinamo Zagreb.

Cinq minutes plus tard, le même Alvarez perfore une deuxième fois le rideau défensif auparavant si hermétique aux assauts adverses. Grâce à un brin de réussite sur les deux contres favorables en sa faveur, la recrue estivale de Manchester City caresse le cuir du pied droit pour lober Livakovic à bout portant (2-0, 39e).

Une finale inédite

La mi-temps n’est même pas encore sifflée que l’abattement se lit déjà sur les visages des vice-champions en titre. Certainement usés par les deux prolongations et les séances de tirs au but disputées contre le Japon et le Brésil, les Vatreni ne parviennent pas à renverser la vapeur dans le second acte, qu’ils traversent tels des condamnés ayant déjà accepté la sentence.

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Spectateurs, ils l’étaient encore sur ce fameux déboulé sur l’aile droite de Messi. Après avoir récupéré le ballon au niveau de la ligne médiane, le joueur parisien a fait tourner Brozovic, la sentinelle croate, en bourrique, freinant puis accélérant à nouveau sa course pour mieux servir Alvarez, toujours lui, sur un plateau. Un véritable « caviar » que le numéro 9 encore boutonneux n’avait plus qu’à pousser au fond (3-0, 69e) pour s’offrir le doublé.

De quoi sceller définitivement l’issue de cette demi-finale, que les Argentins ont eu le luxe de terminer au petit trot, tout en faisant souffler certains cadres. Une partition rondement menée bien qu’elle ne restera pas gravée dans les esprits des spectateurs de ce Mondial. Peu importe, l’Albicéleste poursuit sa quête du Graal, qu’elle touche désormais du doigt, et ce pour le plus grand bonheur de son capitaine : « Ce groupe est incroyable. Nous l’avons fait, nous l’avons fait, nous allons jouer une nouvelle finale... Une nouvelle fois, l’Argentine est en finale de la Coupe du monde ! » a claironné Lionel Messi.

Une histoire de penaltys

Après un parcours parfois en dents de scie, entamé de la pire des manières avec cette défaite inaugurale contre l’Arabie saoudite (2-1), l’Argentine attend désormais de pied ferme son futur adversaire, pour une finale inédite dimanche au stade de Lusail à Doha.

Et bien que cette équipe soit loin d’être l’Argentine la plus étincelante, cet alliage de joueurs besogneux prêts à tout pour protéger et servir leur génie offensif est plutôt ressemblant à celui qui les avait conduits jusqu’à la victoire à l’époque de Mario Kempes, en 1978, et de Diego Maradona en 1986.

Autre coïncidence que les fans argentins, jamais à court de superstitions, perçoivent désormais comme un signe du destin : ces deux derniers attaquants, gauchers, porteurs du numéro 10 dans le dos, avaient raté un penalty lors du troisième match de poules ayant précédé leurs épopées victorieuses. Tout comme... Messi face à Wojech Szcezcny contre la Pologne il y a deux semaines. Et la suite de l’histoire, les Argentins la connaissent déjà.

L’espace d’un instant, ce stade de Lusail avait quelque chose de Mexico. Outre la chaleur des encouragements provenant des dizaines de milliers de Sud-Américains garnissant les tribunes, cette chevauchée fantastique menée sur le côté par un numéro 10 argentin gaucher de moins d’un mètre 70, donnant le tournis à la défense adverse comme s’il était touché par la grâce, le tout...

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