
© Raphael Arnaud
«ESTRAGON.
- II n'y a qu'à attendre. VLADIMIR.
- Nous en avons l'habitude. »
Les jours passent et nos députés sont toujours incapables de s'entendre sur un nouveau président de la République, comme si nous avions le luxe d'attendre Godot, à l'instar des deux vagabonds dans la fameuse pièce de Beckett, comme s'il n'y avait pas péril en la demeure... La dernière fois, ce scénario avait conduit à deux ans et demi de vacance, provoquant une paralysie de l'économie et une hémorragie des avoirs de la BDL, acculée à suppléer la carence de l'État. Qu'attend-on encore pour se décider ? Des revirements improbables ?
Le « mot de passe » provenant d'un accord international sur le Liban, désormais très convoité pour ses hypothétiques réserves de gaz ? N'y a-t-il plus dans le pays une personnalité compétente capable d'obtenir l'aval des différents courants politiques sans l'entremise des puissances étrangères ?
Quoi qu'il en soit, devenir le président du Liban par les temps qui courent n'est pas une sinécure. L'heureux kamikaze devra faire face à la crise économique, à la dépréciation de la monnaie nationale et aux innombrables problèmes légués par son prédécesseur, tout en essayant de surmonter l'hégémonie des uns et l'embargo de facto des autres... Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle écrit à propos d'Albert Lebrun, l'homme de la décision catastrophique du 16 juin 1940 : « Au fond, comme chef de l'État, deux choses lui avaient manqué : qu'il fût un chef ; qu'il y eût un État. » Nous aussi, nous n'avons ni chef ni État. Et nous attendons...
commentaires (2)
Hélas oui
Helou Nelly
08 h 14, le 10 décembre 2022