Que faisaient les Kataëb dans la banlieue sud de Beyrouth ? La question se pose depuis que des informations ont fuité dans la presse faisant état d’une rencontre à huis clos entre Serge Dagher, secrétaire général de la formation chrétienne, et des cadres et députés du mouvement chiite, à la demande des Kataëb. Cette fuite semble avoir mis Saïfi dans l’embarras, en pleine élection présidentielle. Le parti de Samy Gemayel se positionne en effet dans l’opposition frontale au Hezbollah, s’élevant contre ce qu’il appelle des tambouilles de la classe politique avec le mouvement pro-iranien. « Si le Hezbollah continue d’agir comme il le fait, nous nous dirigerons vers le divorce avec lui », avait menacé, il y a deux semaines, le président des Kataëb Samy Gemayel.
Une sixième rencontre ?
Signe de l’embarras que cette réunion – dévoilée d’abord par le quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar – suscite à Saïfi, les Kataëb se sont empressés de publier un démenti. « Les informations qui figurent dans le journal al-Akhbar sont fausses. Si les Kataëb décident de participer à un dialogue politique avec n’importe quel parti, nous l’annoncerons haut et fort », peut-on lire dans un communiqué publié lundi.
Du côté du Hezbollah, on certifie que la rencontre a bel et bien eu lieu. « Nous avons accueilli Serge Dagher la semaine dernière dans nos bureaux », affirme à notre journal Mohammad Afif, porte-parole du parti de Dieu. Et de préciser : « Il ne s’agit pas de la première réunion entre les deux parties. Mais plutôt de la sixième rencontre avec les Kataëb ces dernières années. »
À Saïfi, si on ne dément plus aussi catégoriquement l’information, on se veut plus nuancé au lendemain du communiqué. « Oui, j’ai rencontré Abou Saïd Khansa (responsable des relations chrétiennes au sein du Hezbollah, NDLR) la semaine dernière. Quand des membres de deux partis différents se rencontrent, cela ne veut pas dire qu’un dialogue politique est enclenché », martèle Serge Dagher, contacté par L’OLJ. Et de poursuivre : « La rencontre était surtout de nature sociale. Je connais M. Khansa depuis des années et nous avons évoqué de nombreux sujets, comme la religion, la culture et la politique. » « Nous n’avons pas à rendre des comptes sur des réunions d’ordre personnel ! C’est une véritable chasse aux sorcières », renchérit une figure dirigeante du parti. Le secrétaire général des Kataëb a également nié la présence de députés dans la réunion. « Un dialogue politique avec le Hezbollah se ferait au Parlement, et le parti devra mettre ses armes sur la table. Dans le passé, nous avions mis sur pied un comité chargé de dialoguer avec eux et nous l’avions annoncé haut et fort. Nous avons ensuite compris que ces négociations étaient vaines. Si aujourd’hui, le Hezbollah et ses proches véhiculent ces rumeurs, c’est parce qu’ils ont intérêt à paraître comme ouverts au dialogue avec toutes les formations », explique-t-il, alors que le camp du 8 Mars bloque depuis octobre l’élection d’un quatorzième chef de l’État en l’attente d’un compromis présidentiel.
« Perte de temps »
Du côté du Hezbollah, on assure toutefois que des questions politiques figuraient au menu de la réunion. « Des sujets de désaccord, comme les armes ou même l’élection présidentielle, ont été évoqués. Je ne comprends pas pourquoi ils sont tellement embarrassés d’avoir dialogué avec un autre parti libanais, affirme M. Afif. Nous avons des rencontres régulières avec presque tous les protagonistes. C’est d’autant plus le cas étant donné le cul-de-sac dans lequel se trouve le pays, en l’absence d’un accord sur le prochain président de la République. » L’élection d’un chef de l’État au Liban est en effet presque toujours le fruit d’un consensus élargi entres les différentes composantes politiques de l’Assemblée. « Le pas des Kataëb vers le parti de Dieu est une bonne chose. Mais ils n’osent pas le dire simplement parce que devant leur base électorale, ils s’érigent comme de farouches adversaires du Hezbollah », analyse Fayçal Abdel Sater, un observateur proche du mouvement chiite. Et d’abonder : « Je ne pense pas que cette réunion a pu mener à une véritable avancée sur le dossier présidentiel… Mais je sais que toutes les formations sont conscientes qu’elles ne peuvent pas contourner le Hezbollah. »
La majorité des formations hostiles au camp du 8 Mars, dont les Kataëb, soutiennent l’arrivée du député réformiste de Zghorta Michel Moawad à la magistrature suprême. Le parti de Dieu voit cependant dans cette candidature un défi pour la « résistance » et accuse les soutiens du patron du Mouvement de l’indépendance d’encourager la « sédition », pour reprendre les propos tenus par le membre du conseil politique du Hezbollah Nabih Kaouk, dimanche. Mais le camp adverse persiste et signe. « Notre candidat reste Michel Moawad. Tout dialogue avec le Hezbollah, sur cette question ou autre, est une perte de temps tant que la formation pro-iranienne continuera de porter les armes », tranche Charles Jabbour, porte-parole des Forces libanaises, principal parti du camp de l’opposition. La rencontre Kataëb-Hezbollah signifie-t-elle que Saïfi est prêt à lâcher du lest ? « Nous restons attachés à notre candidat et à la compétition démocratique. Si avec le temps un compromis se dessine autour d’une certaine figure, on verra alors », répond Serge Dagher. Le tandem chiite Amal-Hezbollah soutient l’arrivée à la magistrature suprême du zaïm de Zghorta Sleiman Frangié. Ce dernier manque cependant de couverture chrétienne, ne disposant que d’un seul député au Parlement, en plus de trois alliés de circonstance. C’est pour permettre l’émergence d’un consensus (de préférence autour de M. Frangié) que Nabih Berry, le président de la Chambre, compte, après les fêtes, entamer un dialogue avec les différentes formations politiques.
Être "souverainistes" est une mode du troisième Reich, on a pas encore compris que tous les partis politiques Libanais sont soumis à leurs sponsors, ou il faut faire un film long métrage et l'envoyer au festival de Berlin (?), Gobbles l'appréciera certainement
23 h 02, le 30 novembre 2022