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Culture - Cinéma

Dans le ciel de Marrakech, des étoiles et un gage d’espoir pour l’Iran

Le rideau est tombé sur la 19e édition du Festival international du film de Marrakech qui a eu lieu du 11 au 19 novembre et le jury présidé par Paolo Sorrentino, dont faisait partie entre autres l’actrice libanaise Nadine Labaki, a décerné les cinq prix du FIFM. Retour sur un festival prestigieux et chaleureux.

Dans le ciel de Marrakech, des étoiles et un gage d’espoir pour l’Iran

Le jury et les lauréats du 19e Festival du film international de Marrakech. Photo FIFM 2022

Le jeune réalisateur iranien Emad Aleebrahim Dehkordi a remporté samedi soir l’Étoile d’or, la récompense suprême du Festival international du film de Marrakech (FIFM), avec son film Chevalier noir, dédiant son prix à « toutes les femmes d’Iran ».

Chevalier noir (2022), le premier long-métrage d’Emad Aleebrahim Dehkordi, explore la vie d’un jeune Iranien, vivant à Shemroon, au nord de Téhéran, qui bascule du côté obscur en tentant de se faire de l’argent facile.

« Je veux rendre hommage à tous ceux qui ont perdu la vie en se battant pour retrouver la liberté d’être eux-mêmes », a déclaré le cinéaste, en référence à la révolte en Iran qui a éclaté il y a plus de deux mois après la mort de Mahsa Amini.

« Je dédie mon prix à toutes les femmes d’Iran et à la jeune génération qui risquent leur vie pour la liberté », a ajouté le réalisateur de 43 ans.

Pour mémoire

Marrakech 2018, sous le signe absolu du « partage des cultures »

Les nuits étoilées de Marrakech, les douces nuits de ce festival créé en 2001 à l’initiative de Sa Majesté le roi Mohammad VI, se sont achevées ainsi par un gage d’espoir porté par des cinéastes aussi bien engagés que reconnus.

Le FIFM n’est pas un festival bling-bling – quoique prestigieux – comme on a l’habitude de voir ailleurs, ni un festival pointu et hermétique réservé à une élite ni même un festival doté d’un marché du film, mais c’est un grand carrefour international, un événement au service du 7e art et des publics.

Le Festival international du film de Marrakech est fédérateur et rassembleur. Il vise – comme l’a voulu le producteur français Daniel Toscan du Plantier qui s’est associé en premier à ce projet visionnaire – à mettre en valeur des œuvres cinématographiques de qualité, à contribuer au développement de l’industrie du film au Maroc et à la promotion de l’image de ce dernier à travers le monde. Son épouse Melita Toscan du Plantier, fondatrice du FIFM et conseillère du président de la Fondation du FIFM, a repris le flambeau avec la même fougue et passion après la mort de son époux en 2003.

La cuvée 2022 du festival a été exceptionnelle à plus d’un titre. Elle a marqué, tout d’abord, le retour de la manifestation après deux années de pause en raison de la pandémie. Elle a confirmé, ensuite, le grand engouement du public pour les différentes sections du festival, puisque plus de 150 000 spectateurs ont assisté aux 124 projections de films au Palais des congrès de Marrakech, au cinéma Colisée, mais aussi sur la place Jemaa el-fna et au musée Yves Saint Laurent. En tout, près de 20 000 personnes se sont accréditées pour assister aux différentes sections du festival, soit presque le double des accréditations enregistrées lors de la 18e édition en 2019. Près de 5 000 enfants et adolescents ont également pris part aux projections réservées au jeune public.

L’OLJ a pu recueillir les propos du président du jury, le cinéaste italien Paolo Sorrentino, dans les jardins magnifiques de l’hôtel/palais Mammounia. Relaxe et lascif, il s’est dit ravi de l’engouement du public et de son enthousiasme, ainsi que du retour des spectateurs dans les salles de cinéma. « La planète entière a été affectée par la pandémie qui n’a épargné personne et en particulier les cinéastes qui réfléchissent aujourd’hui à d’autres moyens de faire des films. Par ailleurs, à l’échelle humaine, les gens sont en train de ralentir leur frénésie du travail et découvrent des choses qu’ils n’ont jamais faites ou osé faire. Il est donc très probable que cette crise sanitaire nous aide à percevoir la vie d’une meilleure façon. » « Pour ma part, a ajouté Sorrentino à L’Orient-Le Jour, je n’ai plus cette boulimie de faire des films comme lorsque j’étais jeune. J’ai aujourd’hui 52 ans et je ralentis mon rythme en prenant plaisir à déguster des moments comme ceux que je passe à Marrakech qui est mon principal projet pour l’instant. » « Ce festival, dit-il encore, me permet de voir des films de tous les pays et que nous n’avons pas l’occasion de voir en Italie. Je suis aussi curieux de voir comment les jeunes réalisateurs d’aujourd’hui perçoivent le cinéma de partout dans le monde. » Un bel aveu de la part de ce cinéaste qui a donné de grandes œuvres au 7e art comme entre autres, La Grande Belleza, Il Divo et récemment The Hand of God.

L’actrice et productrice écossaise Tilda Swinton tenant son trophée hommage à Marrakech. Photo FIFM 2022

Toutes les voix, du Nord au Sud

À l’instar des précédentes éditions, celle de 2022 du Festival international du film de Marrakech a réservé une place de choix au cinéma marocain à travers une programmation qui met à l’honneur une nouvelle génération de cinéastes, dont les œuvres sont saluées par la critique aussi bien au Maroc qu’à l’international. Ainsi, Reines, premier long-métrage de Yasmine Benkiran, Les Damnés ne pleurent pas, second long-métrage de Fyzal Boulifa, et Fragments From Heaven, premier long-métrage de Adnane Baraka, ont rencontré un franc succès lors de leurs projections.

Le Panorama du cinéma marocain, qui présentait cinq films, s’est ouvert avec Jours d’été de Faouzi Bensaïdi, projeté en première mondiale devant une salle comble et enthousiaste.

Ce festival a également été marqué par les hommages rendus à quatre grands noms du cinéma mondial : l’acteur indien Ranveer Singh qui a ainsi fait part de « son immense fierté, en tant qu’ambassadeur du cinéma indien », d’être ainsi fêté et honoré à Marrakech ; le réalisateur américain James Gray (président du jury en 2018) et qui s’est adressé aux jeunes talents en leur disant humblement : « Nous avons besoin de vous parce que vous ouvrez nos esprits et vous nous réconfortez. »

La réalisatrice marocaine Farida Benlyazid n’a pas caché son émotion en recevant son hommage à l’occasion de cette 19e édition. Elle qui a été membre du jury de la toute première édition du festival en 2001. « Le festival était prêt et annoncé pour le 28 septembre, quand est arrivée la date fatidique du 11-Septembre. Il fut alors question de l’annuler. Mais le roi a tranché. Par sa volonté, il fut maintenu », a-t-elle rappelé dans son discours.

L’actrice et productrice écossaise Tilda Swinton a, quant à elle, clamé en recevant son trophée : « Le cinéma nous montre qui nous sommes, dans notre grande diversité… Vive le cinéma et vive la différence ! »

Les lauréats de la 19e édition du Festival du film international de Marrakech. Photo FIFM 2022

Autre temps fort de cette 19e édition : la série de conversations avec de grandes personnalités du cinéma. Des sessions ouvertes et libres qui ont permis aux festivaliers de converser avec des réalisateurs et acteurs de renom, entre autres Leos Carax, le compositeur libanais Gabriel Yared, le cinéaste iranien Asghar Farhadi (deux fois oscarisé dans la catégorie meilleur film étranger), Jeremy Irons, Ruben Östlund (deux fois palme d’or pour The Square et Triangle of Sadness). Ce dernier a prodigué des conseils avec beaucoup de générosité aux jeunes étudiants qui désirent continuer dans le milieu du cinéma.

Des rencontres qui constituent un pont entre les différents pays et les multiples cultures, mais également une passerelle entre les stars venues de toutes parts et les nouveaux talents du Maroc, des pays de l’Afrique et du monde arabe.

Ce festival a un grand respect pour toutes ces voix qui résonnent de partout. Preuve en est le choix du jury qui a décerné l’Étoile d’or au film Le Chevalier noir de Emad Aleebrahim Dehkordi. Ce dernier ainsi que Asghar Farhadi n’ont d’ailleurs pas manqué de porter leur voix très haut en envoyant des messages d’espoir et de soutien à leur peuple d’Iran qui vit de sombres heures de répression depuis quelques mois.

Enfin, cette édition a permis de réunir 250 professionnels internationaux autour d’une sélection de 23 projets et films dans le cadre de la 5e édition des Ateliers de l’Atlas. Depuis son lancement en 2018, cette plateforme dédiée à l’industrie a accompagné 111 projets et films du monde arabe et d’Afrique dont 48 en provenance du Maroc. Une grande fête qui n’a omis personne et qui a enfin décerné ses prix dans la soirée du 19 novembre se promettant de revenir dans une vingtième édition encore plus panachée et colorée.

Le palmarès

– L’Étoile d’or a été remise à Chevalier noir (Iran) de Emad Aleebrahim Dehkordi.

– Le prix du jury est revenu à deux films ex aequo : Alma Viva (Portugal) de Cristèle Alves Meira et Le Bleu du Caftan (Maroc) de Maryam Touzani.

– Le prix de la mise en scène a été attribué à Carmen Jaquier pour Foudre/Thunder (Suisse).

– Le prix d’interprétation féminine a été remis à l’actrice Choi Seung-yoon pour son rôle dans Riceboy Sleeps (Canada) d’Anthony Shim.

– Le prix d’interprétation masculine a été reçu par Arswendy Bening Swara pour son rôle dans Autobiography (Indonésie) de Makbul Mubarak.

Le jeune réalisateur iranien Emad Aleebrahim Dehkordi a remporté samedi soir l’Étoile d’or, la récompense suprême du Festival international du film de Marrakech (FIFM), avec son film Chevalier noir, dédiant son prix à « toutes les femmes d’Iran ».Chevalier noir (2022), le premier long-métrage d’Emad Aleebrahim Dehkordi, explore la vie d’un jeune Iranien, vivant à...

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