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Sport - Groupe C

« Impossible n’est pas saoudien »

Contre toute attente, l’Arabie saoudite a renversé l’Argentine de Lionel Messi (2-1) au terme d’un match qui fera certainement date dans l’histoire du football arabe. Après cet exploit, le roi Salmane a même décrété un jour férié hier mercredi.

« Impossible n’est pas saoudien »

Saleh al-Shehri (à gauche) célébrant son but d’une prière lors du succès historique de l’Arabie saoudite contre l’Argentine (2-1) au terme du premier match du groupe C sur la pelouse du stade de Lusail au nord de Doha. Odd Andersen/AFP

Pour son dernier Mondial, Lionel Messi n’avais pas caché son ambition. Désireux de « marquer l’histoire », le septuple Ballon d’or a tenu sa promesse, mais pas forcément dans le sens qu’il entendait. Malgré son pénalty converti dans le premier acte, le joueur du PSG a ensuite assisté impuissant au naufrage de son Albiceleste.

Déboussolés par l’incroyable seconde période des « Faucons verts », 51e nation au classement FIFA, les Argentins et leur guide se sont égarés mardi dans le désert qatari et concèdent une invraisemblable défaite inaugurale contre l’Arabie saoudite (2-1). Cet exploit des hommes d’Hervé Renard est déjà entré dans l’histoire de la Coupe du monde et au panthéon du football arabe. C’est aussi et surtout un sacré avertissement pour les autres favoris de ce Mondial toujours aussi atypique.

« C’est un coup très dur, une défaite qui fait mal, a reconnu Messi. Mais nous devons continuer à avoir confiance en nous-mêmes. Ce groupe ne va pas laisser tomber. Nous allons essayer de battre le Mexique » samedi, dans un second match de poule où les Argentins n’auront déjà plus droit à l’erreur.

Trois buts hors jeu

Voilà qui contrarie l’entrée en matière de l’Albiceleste, forte de sa victoire en Copa America à l’été 2021 et arrivée à Doha avec une solide étiquette de favorite pour le sacre.

Ce revers inattendu, qui va contraindre l’Argentine à cravacher dans le groupe C, met aussi un terme à sa série d’invincibilité longue de 36 matchs, stoppée à une longueur seulement du record de l’Italie championne d’Europe (2018-2021).

Pourtant, Messi avait mis son équipe sur de bons rails en inscrivant rapidement un penalty (généreux) obtenu par Leandro Paredes (1-0, 10e). Bien installé avec Lautaro Martinez à la tête du 4-4-2 mis en place par Lionel Scaloni, l’ancien Barcelonais voit quelques minutes plus tard son compère offensif partir, le croit-on, à la limite du hors-jeu pour doubler la mise d’un subtil ballon piqué.

Mais alors que les Sud-Américains commencent à célébrer, la VAR entre en action et annule le but pour une poignée de millimètres... Telle est l’intransigeance de ce football moderne où l’on sanctionne des fautes invisibles à l’œil nu.

Le score reste donc à 1-0 et ne bougera pas jusqu’à la pause, puisque les Argentins trouvent à deux nouvelles reprises le chemin des filets, mais ces buts sont encore entachés de hors-jeux cette fois-ci évidents.

La ruse de Renard

Les Saoudiens peuvent remercier leur bon alignement défensif, rendu possible par un bloc-équipe placé étonnamment haut sur le terrain. Mais le sélectionneur de l’équipe saoudienne, un certain Hervé Renard, garde la foi en la capacité de ses hommes à « bouger » leurs adversaires.

Auteur d’un discours musclé à la mi-temps (largement relayé sur les réseaux sociaux), le technicien français, surnommé le « Sorcier blanc » depuis son sacre de 2012 avec la Zambie en Coupe d’Afrique des nations, remobilise ses troupes et leur demande de mettre « plus d’intensité » dans leurs duels et leur pressing sur les défenseurs adverses.

Message reçu cinq sur cinq par les Faucons verts qui démarrent les 45 dernières minutes tambour battant. Les Argentins ont laissé passer leur chance de prendre le large et les Saoudiens comptent bien le leur faire payer.

Pris en tenailles par la paire de milieux de terrain adverse, Messi est dépossédé du ballon dans le rond central. Celui-ci arrive dans les pieds de Saleh al-Shehri qui élimine Christian Romero avant de filer au but. Sa frappe du gauche millimétrée trompe Emiliano Martiez (1-1, 48e) et fait exploser le kop saoudien placé derrière sa cage.

Mais le virage vert n’est pas au bout de ses surprises. À peine remis de leurs émotions, les supporters saoudiens voient, quatre minutes plus tard, la frappe de l’entrant Nawaf al-Abed s’envoler dans le ciel du stade de Lusail, après un contre salvateur de Romero. Mais grâce à la déconcertante passivité de l’autre défenseur argentin, Nicolas Otamendi, le ballon retombe dans les pieds de Dawsari qui décoche une frappe lumineuse faisant à nouveau trembler les filets du portier d’Aston Villa (2-1, 53e).

L’attaque saoudienne a déjoué tous les pronostics, avant que la cohésion collective et la résistance héroïque de l’arrière-garde n’écœurent l’Argentine. Le gardien des Faucons verts, Mohammad al-Owais, s’est distingué par de multiples parades et sorties aériennes héroïques (hormis celle ayant envoyé l’un de ses coéquipiers, le malheureux Yasser al-Shahrani, à l’hôpital après avoir reçu son genou en plein visage).

Faute d’attaquants capables de rivaliser dans le duel physique imposé par les Saoudiens, l’Argentine ne se crée que de rares occasion en fin de rencontre. Le score ne bougera plus : 2-1 pour l’Arabie saoudite, dont le banc de touche explose littéralement au moment du coup de sifflet final. Le commentateur (égyptien) de beIN Sports ne peut cacher son émotion : « C’est un jour historique pour tout le monde arabe ! Impossible n’est pas un mot du dictionnaire saoudien ! » s’époumone-t-il à l’antenne.

En route pour les huitièmes ?

Pour Messi, ces débuts ratés dans ce qui devrait sûrement être sa dernière Coupe du monde jettent une ombre sur ses chances d’atteindre enfin le graal planétaire, même si d’autres nations, comme l’Espagne en 2010, ont déjà été sacrées après avoir perdu leur premier match.

Quoi qu’il en soit, c’est bien l’Arabie saoudite qui trône en tête de la poule C, en attendant le résultat de l’autre match, Mexique-Pologne (19h, heure locale, 18h à Beyrouth).

Dans une Coupe du monde que les autorités qataries ont volontiers présentée comme celle de tout le monde arabe, les Saoudiens peuvent déjà rêver d’atteindre les huitièmes, comme en 1994 aux États-Unis. « Après cette victoire, il est interdit de ne pas se qualifier », a résumé Saleh al-Shehri au micro de beIN Sports.

Pour marquer le coup, le roi Salmane n’a pas hésité à proclamer un jour férié. Le monarque a ordonné que mercredi soit chômé par « tous les employés des secteurs public et privé, ainsi que pour tous les étudiants et toutes les étudiantes à tous les niveaux d’enseignement », et ce malgré la période d’examens en cours.

Les rues de Riyad se sont rapidement remplies après le coup de sifflet final, où les klaxons et les drapeaux flottant à travers les vitres ouvertes des voitures se sont fait remarquer jusqu’à la tombée de la nuit.

L’Arabie saoudite, en position favorable après le match nul entre la Pologne et le Mexique (0-0), tentera de continuer sur sa lancée contre la Pologne, samedi, avant de boucler son premier tour le 30 novembre contre le Mexique.

Pour son dernier Mondial, Lionel Messi n’avais pas caché son ambition. Désireux de « marquer l’histoire », le septuple Ballon d’or a tenu sa promesse, mais pas forcément dans le sens qu’il entendait. Malgré son pénalty converti dans le premier acte, le joueur du PSG a ensuite assisté impuissant au naufrage de son Albiceleste.Déboussolés par l’incroyable seconde...

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