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Sport - Mondial du Qatar

La Team Melli s’est tue

Largement battus par l’Angleterre (6-2) pour leur entrée en lice dans la compétition, les joueurs iraniens ont refusé de chanter l’hymne national, hués par nombre de leurs fans présents dans les tribunes.

La Team Melli s’est tue

Les joueurs iraniens écoutant leur hymne national sans en prononcer les paroles, en amont de leur match de poules du Mondial 2022 qu’ils ont perdu (6-2) contre l’Angleterre sur la pelouse du stade Khalifa de Doha, le lundi 21 novembre. Fadel Senna/AFP

Au lendemain de la défaite inaugurale du Qatar face à l’Équateur (2-0), tous les yeux étaient mécaniquement rivés sur cette première rencontre du groupe B. Chanteront-ils ? Ne chanteront-ils pas ? Les interrogations quant à un geste de soutien de la Team Melli (surnom attribué à la sélection iranienne) aux manifestants durement réprimés depuis près de trois mois à la suite de la mort de la jeune Mahsa Amini, 22 ans, ont vite tourné court.

L’hymne sans paroles

Lorsque les premières notes de « l’hymne de la République islamique » ont retenti, l’attitude et les regards des joueurs perses étaient sans équivoque : tête droite, regard vissé vers la caméra, Mehdi Taremi et ses coéquipiers n’ont pas l’intention d’entonner cet air aux allures de cantique à pleins poumons. Rien, pas même un début de murmure sur leurs lèvres.

Ce silence, devenu assourdissant sous les sifflets des supporters iraniens ayant garni les tribunes du stade Khalifa de Doha, était espéré mais pas forcément attendu. Lors de leur dernière sortie contre le Sénégal fin septembre, soit trois semaines après le début des manifestations, les hommes de Carlos Queiroz n’étaient pas allés jusque-là, bien que les parkas noires recouvrant leurs maillots aient déjà pu être interprétées comme une marque de soutien à Mahsa Amini et aux victimes de la répression.

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Mais ce lundi, sur la plus grande des scènes possibles, les Iraniens ont franchi le pas, ou plutôt emboîté celui de leurs homologues de water-polo et de beach soccer qui avaient agi de la même façon ces dernières semaines. Ils s’inscrivent aussi dans la lignée d’Elnaz Rekabi ou de Niloufar Mardani, qui étaient toutes deux apparues sans voile, respectivement lors des championnats du monde d’escalade de Séoul, en octobre, et d’une compétition de roller sur piste en Turquie, en novembre.

Les joueurs iraniens écoutant leur hymne national sans en prononcer les paroles, en amont de leur match de poules du Mondial 2022 qu’ils ont perdu (6-2) contre l’Angleterre sur la pelouse du stade Khalifa de Doha, le lundi 21 novembre. Fadel Senna/AFP

Mais s’il n’est pas totalement inédit, ce geste des footballeurs iraniens pourrait rapidement faire date tant l’ampleur que lui donne cette Coupe du monde est incommensurable. Largement relayées sur les réseaux sociaux, en particulier par les soutiens de la révolte (dont certains n’hésitent plus à la décrire comme une révolution), les images de la scène n’ont pas encore été commentées par les autorités de Téhéran alors que la Team Melli rejoue déjà dans trois jours contre le pays de Galles avant de rencontrer... les États-Unis.

De leur côté, les Anglais ont dû renoncer à porter le brassard coloré inclusif « One love » que souhaitaient arborer leur capitaine Harry Kane ainsi que sept autres sélections en guise de soutien aux luttes contre toutes les formes de discrimination. Mais ces derniers ont dû faire marche arrière ce lundi, face à la menace de sanctions sportives brandies par la FIFA.

Festival offensif

Sur le plan sportif, que tout cet avant-match a naturellement relégué au second plan, les Perses ont rapidement été dépassés par l’événement. Orpheline dès la 9e minute de jeu de son gardien titulaire, Alireza BeIranvand, touché au nez après un violent choc avec son coéquipier Majid Hosseini, la Team Melli n’a pas fait le poids face aux demi-finalistes de la dernière édition.

Le portier remplaçant, Hossein Hosseini, a vécu une huitième sélection cauchemardesque. Supérieurs sur le papier, les Three Lions ont rapidement pris l’avantage grâce à une tête de Jude Bellingham, propulsant un magnifique centre de Luke Shaw au fond des filets (35e, 1-0).

À 19 ans et 145 jours, Bellingham est devenu selon le statisticien Opta le plus jeune Anglais à marquer en Coupe du monde après Michael Owen en 1998 (18 ans et 190 jours). Le milieu offensif d’Arsenal Bukayo Saka a ensuite doublé la mise d’une superbe frappe du gauche sous la barre (43e, 2-0), après une remise de Maguire.

Puis Sterling (80 sélections), qui n’avait pas marqué lors du Mondial en Russie, a ouvert son compteur dès son premier match dans cette édition, en reprenant un centre d’Harry Kane (45+1, 3-0). En seconde période, Saka s’est offert un doublé après un beau numéro dans la surface (62e, 4-0) avant que les entrants Marcus Rashford, lancé par Kane (72e, 5-1) puis Jack Grealish ((90e, 6-1) ne parachèvent le festival offensif britannique.

La Team Melli a tout de même sauvé l’honneur grâce à un doublé de Mehdi Taremi, déjà très bon avec le FC Porto en ce début de saison et auteur d’un but à la 65e, puis d’un penalty à la toute fin du temps additionnel (90+13).

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La guerre de Doha n’aura pas lieu

Les Iraniens tenteront de se relancer ce vendredi face aux Gallois, avant la revanche du match historique du Mondial 1998 contre les Américains qui s’était soldé sur une victoire iranienne 2 buts à 1. Une rencontre qui avait également donné lieu à des scènes inédites.

À l’époque, joueurs iraniens et américains s’étaient introduits sur la pelouse du stade de Gerland, à Lyon, bouquets de fleurs à la main, avant de poser côte à côte pour une photo commune. Surnommé après coup « le match de la paix », ce succès avait surtout suscité d’immenses effusions de joie jusqu’au petit matin dans les rues de Téhéran. Si un tel scénario semble aujourd’hui peu plausible, nul doute qu’une nouvelle grande performance de la Team Melli, dont le positionnement est désormais on ne peut plus clair, enverrait un message dont le peuple iranien aurait tout le loisir d’interpréter la teneur.

On ne le répétera jamais assez, cette Coupe du monde ne fait décidément rien comme les autres.

Au lendemain de la défaite inaugurale du Qatar face à l’Équateur (2-0), tous les yeux étaient mécaniquement rivés sur cette première rencontre du groupe B. Chanteront-ils ? Ne chanteront-ils pas ? Les interrogations quant à un geste de soutien de la Team Melli (surnom attribué à la sélection iranienne) aux manifestants durement réprimés depuis près de trois mois à la suite de la...
commentaires (4)

Chapeau ! leur silence est très « parlant »…

Citoyen Lambda

19 h 14, le 22 novembre 2022

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Commentaires (4)

  • Chapeau ! leur silence est très « parlant »…

    Citoyen Lambda

    19 h 14, le 22 novembre 2022

  • Que les valets libanais de ce régime, en prennent de la graine .

    LE FRANCOPHONE

    18 h 15, le 22 novembre 2022

  • Quel courage et...amour du sport et du football...malgré tout ! Fallait le faire, venir à Doha et représenter avec beaucoup de dignité un pays mal vu par le monde entier. On les admire et leur souhaite le meilleur pour leur avenir personnel et sportif !!! - Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 56, le 22 novembre 2022

  • On ne peut qu'admirer leur courage si ce n'est leurs prouesses footballistiques. Un courage qui manque cruellement au peuple Libanais qui restera toujours dans l'Histoire comme un peuple de pleutres,de fainéants et de corrompus . Comme disait Emmanuel Macron: " J'ai Honte " ... D'être Libanais.

    Emile G

    06 h 17, le 22 novembre 2022

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