Ebranlés par de nouveaux scandales sexuels, les catholiques de France traversent une grave "crise de confiance" qui risque de provoquer chez certains une baisse de la pratique et de l'engagement, témoignent fidèles et sociologues, un an après la publication d'un rapport choc.
Jeudi, un prêtre de l'ouest de la France, qui avait donné rendez-vous début novembre à un adolescent, a été inculpé pour viol et écroué. Il est également soupçonné de lui avoir administré des drogues. Cette nouvelle affaire survient quelques jours après que la Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé la "mise en cause" de 11 évêques ou anciens évêques pour des signalements, et quelques jours après de nouveaux aveux de certains responsables.
Depuis un an, et la publication du rapport Sauvé qui a estimé à quelque 330.000 le nombre de victimes de prêtres, diacres, religieux ou personnes en lien avec l'Eglise de France depuis 1950, les affaires ne cessent d'être révélées. "On est accablés par la souffrance", confie à l'AFP Sylvie de Kermadec, 69 ans, catholique pratiquante à la paroisse Saint-François-Xavier à Paris. "Ca me met en colère", se désole Bérénice, 33 ans, pratiquante dans le diocèse de Créteil, en banlieue parisienne, là où un ancien évêque, Michel Santier, a été sanctionné par Rome pour "voyeurisme" sur de jeunes adultes.
Au-delà de la stupeur et des mots de compassion pour les victimes, les sentiments sont multiples. Même "s'il y a beaucoup de bons prêtres et de bons évêques", "on a peut-être eu une confiance trop aveugle dans les responsables de l'Eglise", et "ça a pu encourager certaines dérives", juge Mme de Kermadec. Pour autant, si pour elle "il y a une crise de confiance", "ça n'altère pas (sa) foi ni le désir de pratiquer".
"Pas de réformes"
"On n'est pas au bout de nos surprises et il faut qu'on soit prêt à en entendre d'autres", prévient de son côté Alexis Beaufine-Ducrocq, 35 ans, du diocèse de Nanterre (à l'ouest de Paris). "Pratiquant depuis toujours", il "a envie de tenir, car il veut aider à assainir (son) Eglise".
Étienne Bernard, Parisien de 41 ans, ancien catholique pratiquant, a rompu les liens l'année dernière. "Le contraste entre les exigences de l'Église sur la morale privée, son côté +donneuse de leçons+, son combat contre les droits des LGBT et le fait qu'elle a longtemps couvert les crimes de ses clercs m'a éloigné de la pratique", explique-t-il. A présent, "je ne crois plus".
"Depuis 2019, il y a une accumulation de révélations qui provoque un très grand accablement", résume Céline Béraud, directrice d'études de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle note, avec l'affaire du cardinal Jean-Pierre Ricard, "une crise de confiance encore plus forte, au sommet". Le cardinal, ancien archevêque de Bordeaux (ouest), qui a avoué des faits "répréhensibles" commis il y a 35 ans sur une adolescente de 14 ans, a été président de la CEF. Le Vatican a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête préliminaire après ces révélations.
Collectifs ou autruches
Chez les fidèles, la crise de confiance se traduit par trois types d'attitude : d'un côté des catholiques "qui se mobilisent, à travers des collectifs pluralistes, jeunes, très présents sur les réseaux sociaux". De l'autre "des gens qui font l'autruche". Et enfin "des gens qui se mettent aux marges et ne veulent plus s'engager". "Cela se voit dans le vivier des bénévoles dans les aumôneries" notamment, souligne-t-elle.
L'Eglise est-elle en train d'aller "vers l'implosion", du nom d'un ouvrage d'entretiens entre les sociologues des religions Jean-Louis Schlegel et Danièle Hervieu-Léger (paru au Seuil en mai) ? "C'est une institution qui n'a pas fait de réformes", affirme M. Schlegel à l'AFP. Renouer la confiance avec les fidèles sera "long et difficile", a convenu mercredi le président de la CEF Eric de Moulins-Beaufort.
Jeudi, un prêtre de l'ouest de la France, qui avait donné rendez-vous début novembre à un adolescent,...
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Les prêtres mariés au Liban, seraient un exemple à suivre partout dans l'Église. Que cette fonction soit un métier comme d'autres, cependant, pour le service de la Religion.
Esber
12 h 39, le 13 novembre 2022