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Sport - Football

Les choix de Deschamps

À 10 jours du coup d’envoi du Mondial au Qatar, le sélectionneur des Bleus a révélé mercredi les noms des 25 joueurs qui s’envoleront à doha pour défendre le titre de l’équipe de France. Une liste quasiment sans surprises et qui a eu le mérite de clarifier ses intentions.

Les choix de Deschamps

Didier Deschamps au cours de la conférence de presse ayant succédé à l’annonce de sa liste de 25 joueurs pour le Mondial 2022 au Qatar, mercredi 9 novembre. Franck Fife/AFP

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les sempiternels débats auxquels chaque « liste des 23 » nous a habitués depuis la nuit des temps n’auront pas lieu. Du moins pas comme les dernières fois. On en aurait presque perdu l’habitude, tant la France est habituée à disposer de « 65 millions de sélectionneurs », mais sans aller jusqu’à dire que les noms cochés pour cette expédition qatarie font l’unanimité, ils ne donneront pas matière aux heures de polémiques entre les pro-untel et les anti-bidules dont sont coutumiers réseaux sociaux et plateaux télévisés.

Premier élément de réponse sur cette anomalie : cette fois-ci, les heureux élus sont deux de plus. Déplacé pour la première fois au début de l’hiver, ce Mondial interrompra prématurément les championnats domestiques, dont les calendriers ont dû considérablement être condensés, dès ce week-end. Raison pour laquelle les organisateurs de la FIFA ont décidé d’offrir la possibilité d’élargir lesdites listes jusqu’à 26 joueurs, et ainsi permettre aux sélections d’appeler leurs cadres en délicatesse sur le plan physique sans lésiner sur les doublures potentielles.

S’adapter sans se contredire

Grâce à cette légère latitude supplémentaire, Didier Deschamps, qui avait initialement indiqué sa réticence à mobiliser un groupe trop élargi, s’est finalement résolu à appeler 25 hommes, parmi lesquels ne figurent que onze de ceux ayant fait partie de l’aventure victorieuse quatre ans plus tôt en Russie.

« Je ne suis pas têtu, borné », s’est justifié le sélectionneur devant la presse, dans la foulée de sa venue sur le plateau de la chaîne TF1 où il a cité un à un les noms des heureux élus devant plus de 7 millions de téléspectateurs. Ces deux supplétifs ont notamment aidé le technicien tricolore à sélectionner sans états d’âme les piliers aux jambes d’argile de sa défense centrale : Raphaël Varane et Presnel Kimpembe, tous deux en phase de réathlétisation après avoir été respectivement touchés à la cuisse et au tendon d’Achille.

Pour mémoire

Alerte rouge dans la maison bleue

Autre point de crispation sur lesquels ont gravité les controverses du football français pendant près de cinq longues années : le cas Benzema. Écarté de l’équipe de l’Euro 2016 et de celle de l’épopée de 2018 (en raison de sa mise en examen dans la fameuse affaire de la « sextape » l’ayant opposé à son ancien coéquipier Mathieu Valbuena), l’attaquant madrilène avait fait son grand retour en juin 2021.

Un choix unanimement salué, sauf peut-être par celui qui avait tenu avec brio le flambeau à la pointe de l’attaque des Bleus durant son absence. La présence d’Olivier Giroud parmi les sept joueurs offensifs qui s’envoleront en début de semaine prochaine était en effet loin d’être acquise.

Depuis l’élimination aux tirs au but contre la Suisse en huitièmes de l’Euro 2021, Deschamps avait toujours laissé le Chambérien de côté lorsque Benzema était disponible, jugeant « difficile » pour Giroud d’accepter, avec ses états de service sous le maillot bleu, un rôle de doublure sans grincer des dents.

« Confiance » en Giroud

Mais les performances du « phénix » tricolore, autant que les soucis physiques de Benzema, ont fini de convaincre « DD » : « S’adapter n’est pas se contredire, il faut tenir compte de la réalité du moment », a-t-il commenté. « J’ai confiance en Olivier, sur le terrain et en dehors du terrain. »

S’il était bien entendu inenvisageable de se priver d’un Ballon d’or fraîchement nommé, les pépins musculaires à répétition de l’ancien Lyonnais, qui n’a plus été titularisé avec le Real Madrid depuis fin septembre, auraient pu donner des nœuds au cerveau de celui qui n’a certainement pas oublié les scénarios du Mondial 2002 avec Zinédine Zidane, ou de l’Euro 2008 avec Patrick Vieira. Deux très mauvais souvenirs où les Bleus n’avaient pas passé la phase de groupes, sans l’aide de leurs cadres encore convalescents mais pourtant présents dans le groupe.

« À partir du moment où je les mets, c’est qu’ils sont censés être aptes pour le premier match », le 22 novembre contre l’Australie, a assuré Deschamps, qui pour cette raison avait déjà choisi de se passer de son tandem magique du milieu de terrain composé de Paul Pogba et de Ngolo Kanté, tous deux forfaits pour la compétition.

Intenable à 36 ans avec l’AC Milan, Olivier Giroud a su, de son côté, se rendre indispensable aux yeux de son sélectionneur et jouera sa troisième Coupe du monde. Avant de viser au Qatar le record de 51 buts détenu par Thierry Henry, qu’il talonne de deux unités, l’ancien joueur d’Arsenal et de Chelsea voit sa longévité récompensée en devenant le joueur de champ tricolore le plus âgé de l’histoire à participer à un Mondial.

Retour à une défense à 4

En poste depuis plus de dix ans, Deschamps connaît toutefois le règlement sur le bout des doigts : sa liste définitive ne sera envoyée à la FIFA que lundi, avant 19h00. Et en cas de blessure sérieuse, des remplacements sont toujours autorisés jusqu’au 21 novembre, veille de l’entrée en lice.

Sa large expérience lui aura également permis de se rendre compte du « manque d’équilibre » qu’impliquait le schéma tactique qu’il avait mis en place à l’occasion des deux dernières compétitions : un système dit en « 3-4-3 » composé de trois défenseurs axiaux entourés de deux pistons sur les côtés venant suppléer les milieux et les attaquants lors des phases offensives.

Malgré la présence de 8 défenseurs centraux de formation parmi les 9 noms qui composeront l’arrière-garde des Bleus à compter du 22 novembre, cette option privilégiée ces deux dernières années devrait selon toute vraisemblance être jetée à la trappe.

« Par la structure de la liste, évidemment, l’option n’est pas une défense à 3, a tout de suite indiqué le sélectionneur. Ce sera une défense à 4, et cela est le résultat d’une longue réflexion. Après nos dernières prestations (1 seule victoire en 6 matchs en 2022), j’ai longuement discuté avec mon staff et les joueurs, car je considère que les ressentis de certains joueurs peuvent nourrir ma réflexion. L’analyse est qu’on a fait de très bonnes choses dans ce système, mais qu’on a aussi été en difficulté et en déséquilibre. »

Des choix clairs mais sans certitudes

Outre l’indéboulonnable gardien et capitaine Hugo Lloris et le redoutable trident offensif formé par Antoine Griezmann, Kylian Mbappé et Karim Benzema, les Bleus ne s’avancent pas avec énormément de certitudes, au contraire des principaux favoris à la victoire finale : à savoir l’Allemagne, l’Argentine ou encore le Brésil. Ainsi, devant une défense qui sera sans aucun doute expérimentale (sauf rémission miraculeuse de Varane et Kimpembe), Deschamps devrait également compter sur une paire Rabiot-Tchouaméni au milieu de terrain. Un duo moins flamboyant qu’à l’accoutumée mais qui aura le mérite de sécuriser l’entrejeu tricolore : « Je sais trop bien que dans une grande compétition, l’assise défensive est l’élément qui nous permettra d’aller loin. Sans que ce soit au détriment de l’animation offensive bien entendu. »

Ce duo sera épaulé par le Monégasque Youssouf Fofana, le Madrilène Eduardo Camavinga ainsi que par les Marseillais Jordan Veretout et Mattéo Guendouzi. Aux côtés de ses trois attaquants stars, Deschamps invite Kingsley Coman et Christopher Nkunlu à leur premier Mondial, et en offre un deuxième à Ousmane Dembélé.

En défense, les deux incertains (Varane et Kimpembe) seront supplées par Jules Koundé, Ibrahima Konaté, William Saliba (qui a la qualité d’être d’origine libanaise), Dayot Upamecano et les champions du monde Benjamin Pavard et Lucas Hernandez, dont la polyvalence permet de les aligner au centre comme sur un côté. Ce dernier aura le bonheur de partager l’aventure avec son frère cadet Theo, devenu indiscutable depuis un an en Bleu comme à l’AC Milan.

À gauche, ni Lucas Digne ni Ferland Mendy ne sont là. À droite, Jonathan Clauss, profil idéal dans une défense à cinq, reste à quai, victime principale de ce revirement tactique du sélectionneur. Loin d’être sûrs de leur force malgré leur costume de tenant du titre, les Bleus débarqueront à Doha avec l’avantage d’avoir les idées claires. Semblant avoir trouvé les bons ingrédients, Deschamps n’a plus qu’à trouver la bonne alchimie et espérer que la mayonnaise prendra suffisamment vite. Mais « DD » l’a prouvé plus d’une fois : il connaît mieux que quiconque ce genre de recette.

La liste complète

Gardiens (3) : Hugo Lloris (Tottenham), Steve Mandanda (Rennes), Alphonse Areola (West Ham).

Défenseurs (9) :

Lucas Hernandez (Bayern Munich), Theo Hernandez (AC Milan), Presnel Kimpembe (Paris SG), Ibrahima Konaté (Liverpool), Jules Koundé (FC Barcelone), Benjamin Pavard (Bayern Munich), William Saliba (Arsenal), Raphaël Varane (Manchester United), Dayot Upamecano (Bayern Munich).

Milieux de terrain (6) :

Eduardo Camavinga (Real Madrid), Youssouf Fofana (Monaco), Mattéo Guendouzi (Marseille), Adrien Rabiot (Juventus Turin), Aurélien Tchouaméni (Real Madrid), Jordan Veretout (Marseille).

Attaquants (7) :

Karim Benzema (Real Madrid/ESP), Kingsley Coman (Bayern Munich), Ousmane Dembélé (FC Barcelone), Olivier Giroud (AC Milan), Antoine Griezmann (Atlético Madrid), Kylian Mbappé (Paris SG), Christopher Nkunku (RB Leipzig).

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les sempiternels débats auxquels chaque « liste des 23 » nous a habitués depuis la nuit des temps n’auront pas lieu. Du moins pas comme les dernières fois. On en aurait presque perdu l’habitude, tant la France est habituée à disposer de « 65 millions de sélectionneurs », mais sans aller jusqu’à dire que les noms...

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