Sept cargos chargés de céréales ont quitté jeudi matin les ports ukrainiens, après que la Russie eut repris sa participation à l'accord sur les exportations, estimant avoir reçu des garanties de Kiev sur la démilitarisation du couloir humanitaire sécurisé en mer Noire.
Les bateaux vont emprunter ce corridor qui a déjà permis d'exporter 9,7 millions de tonnes de céréales et autres produits agricoles depuis l'Ukraine malgré le conflit, grâce à l'accord international signé en juillet sous l'égide de la Turquie et de l'ONU. Entretemps, les pays du G7 devraient afficher leur soutien durable à l'Ukraine jeudi et renvoyer un message de fermeté face à la Russie lors d'une réunion ministérielle à Münster, en Allemagne. "Cette ministérielle du G7 arrive à un moment important pour nous", a assuré à des journalistes un diplomate américain de haut rang, soulignant que le groupe est "vital pour créer des mécanismes de coordination".
A la mi-journée, "sept cargos transportant un total de 290.102 tonnes de céréales et produits agricoles transitent par le couloir humanitaire en vertu de l'Initiative pour les céréales ukrainiennes en Mer Noire", a confirmé la délégation de l'ONU au Centre de coordination conjointe (JCC) à Istanbul, chargé de superviser l'accord international. Selon le ministère turc de la Défense cité par l'agence officielle Anadolu, 426 bateaux ont déjà suivi ce trajet sécurisé depuis le 1er août.
"Conséquences imprévisibles et dangereuses"
La Russie a repris mercredi sa participation à l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, affirmant avoir reçu des "garanties écrites" de la part de l'Ukraine.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est garant de l'accord céréalier, crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, s'est employé à lever les objections russes.
Moscou avait suspendu samedi sa participation à l'accord céréalier après une attaque menée avec des drones marins contre sa flotte basée dans la rade de Sébastopol, en Crimée annexée.
L'armée russe a accusé l'Ukraine d'avoir mené cette opération, qui a touché au moins un bâtiment militaire russe, avec l'aide "d'experts britanniques" et en utilisant le couloir maritime réservé aux exportations de céréales.
La Russie a convoqué jeudi l'ambassadrice britannique à Moscou afin de lui signifier que "de telles actions hostiles par le Royaume-Uni risquent de mener à une escalade de la situation qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles et dangereuses", a déclaré la diplomatie russe dans un communiqué. Londres nie toute implication.
Il a fallu une série d'appels téléphoniques ces derniers jours entre responsables russes et turcs, notamment mardi entre M. Erdogan et le président Vladimir Poutine, et l'intercession de l'ONU, pour que Moscou révise sa position. Dès l'annonce de la volte-face de la Russie, les cours mondiaux des céréales, qui s'étaient envolés en début de semaine, promettant d'aggraver les difficultés d'alimentation dans le monde, ont entamé un repli.
Les demandes de garanties formulées par la Russie alors même que son armée occupe et bombarde l'Ukraine "montrent à la fois l'échec de l'agression russe et à quel point nous sommes forts lorsque nous restons unis", s'est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne face caméra.
Les Etats-Unis se sont félicités, comme l'ONU, de ce dénouement, et ont salué le rôle de la Turquie, mais ont souligné que l'accord céréalier, initialement signé en juillet pour quatre mois, devait maintenant être reconduit.
La décision de la Russie de revenir dans cet accord ne "signifie pas" qu'elle voudra le prolonger au-delà du 19 novembre, date limite actuelle, a prévenu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Avant de décider de continuer, il sera nécessaire de procéder à une évaluation", a-t-il ajouté.
Echange de prisonniers
Sur le terrain, les autorités séparatistes de l'est de l'Ukraine ont annoncé jeudi la libération de 107 soldats dans un nouvel échange avec Kiev, qui va récupérer de son côté le même nombre de prisonniers.
"Nous ramenons 107 de nos combattants des geôles ukrainiennes", dont "65 viennent des républiques populaires de Donetsk et Lougansk", a affirmé sur Telegram l'un des principaux dirigeants des séparatistes prorusses, Denis Pouchiline.
Les affrontements s'étaient poursuivis mercredi avec des combats surtout dans l'est et des bombardements sur 25 localités au total, selon le commandement militaire ukrainien.
Sur le front de Kherson, les journalistes de l'AFP ont constaté d'importantes destructions dans le village de Bilozirka, sur lequel les forces russes tirent des salves depuis une zone où elles sont retranchées depuis leur retrait de ce village au mois de mars.
La Russie avait mené lundi une nouvelle vague de frappes massives sur les infrastructures critiques ukrainiennes, provoquant des coupures de l'approvisionnement en eau et électricité, notamment à Kiev.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé que les frappes russes avaient endommagé 40% des installations énergétiques ukrainiennes, contraignant le pays à stopper ses exportations vers l'UE, où les prix de l'électricité flambent.
Les bateaux vont emprunter ce corridor qui a déjà permis d'exporter 9,7 millions de tonnes de céréales et autres...
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