À table avec les illustrations de Noémie Honein

Elle vit à Toulouse depuis 2019 et puise dans cette ville une palette de roses souvent présente auprès de ses autres couleurs de prédilection. Après avoir fait des études à l’ALBA où elle décroche un master en BD et illustration, Noémie Honein trouve dans ce langage, ce récit illustré, un espace, un outil où placer ses couleurs, ses mots, son humour, son audace et sa poésie. Artiste auteure libanaise qui vient de fêter ses 29 ans (le 29 octobre !), c’est sous le pseudonyme de Noémie Naoumi qu’elle publie sa première BD : De l’importance du poil de nez en 2020 aux éditions Sarbacane. Le sourire toujours suspendu au cœur, elle le gardera en dépit d’un épisode difficile qu’elle aborde dans cet ouvrage, un cancer qui va lui inspirer une bande dessinée à la fois crue, tendre, légère et grave…

« Le dessin improvisé sur papier a pris une énorme place dans ma pratique, confie-t-elle. En parallèle du travail de commande et de bande dessinée, j’ai toujours aimé garder un espace de liberté qui m’appartient et dans lequel je dessine sans but. C’est en partageant certaines de ces images, encouragée par la réactivité du public, que j’ai commencé à produire des impressions de ces dessins. L’achat d’un original est souvent inaccessible pour les personnes intéressées. Les jeunes surtout. Moi-même, je ne peux pas en acheter, alors les tirages sont devenus une solution. C’est important de démocratiser le dessin et de le propager à un plus grand nombre. »

C’est en 2018 qu’elle présente pour la première fois une série d’illustrations intitulée Le monde de Noémie, dans une exposition collective qui s’est tenue à la galerie Cub, à Badaro. Cette série illustre un monde de femmes dans différents environnements et sur différents formats. « L’exercice de base était simple : dessiner une femme et faire léviter un monde autour d’elle. C’est la première série que j’ai tirée. » « En 2020, poursuit-elle, après la double explosion du 4 août, nous autres artistes expatriés avons senti l’urgence du soutien. Avec des amis, nous avons organisé une collecte de fonds pour aider les communautés artistiques touchées. J’ai alors dessiné cette image d’une table libanaise. La table, c’est ce qui unit tous les Libanais. Et dans ce moment de fissure, j’ai trouvé idéal de rassembler. Cette image a été tirée et vendue par plusieurs associations au Liban et ailleurs. »

Comme chaque année, Noémie propose des ventes de tirages avant les fêtes de Noël. Cette année, pour son second Print Sale au Liban, l’événement prendra place, pour une seule soirée, dans son bar préféré, le Brazzaville, demain mercredi. Une sélection de tirages sera proposée, accompagnée de quelques originaux. « Les prix seront réduits », assure-t-elle.

Parmi ses nombreux projets à venir, l’illustratrice travaille sur une bande dessinée qui suit les aventures d’un groupe d’adolescents rebelles dans leur village, Almaz, perché dans les montagnes libanaises. « L’histoire se déroule dans les années 2000, aux alentours de la guerre avec Israël. Je m’intéresse toujours au témoignage. Raconter à travers un quotidien de jeunes qui transitent de l’enfance à l’adolescence, leur regard sur la société. J’aime bien travailler les ambiances et traiter des thématiques lourdes à travers leurs préoccupations. » Autre projet, une docufiction sur les montagnes, les carrières et les fermes de permaculture. « Amoureuse des montagnes, les voir passer du positif au négatif m’est douloureux. Je me suis donc intéressée à ce sujet et je suis partie à la rencontre d’experts et de résistants. » Elle travaille également sur un roman adolescent abordant les aventures d’une jeune fille qui en aime une autre, « celle qu’elle aurait pu être, mais a tout fait pour ne pas être ». Et enfin un projet d’exposition sur la thématique de la douleur, encore en phase de recherche. « Je m’intéresse aux moyens d’extériorisation et de l’expression de la douleur à travers ma pratique artistique. »

« Prints and Original Sales », le mercredi 2 novembre à partir de 18h30 à Brazzaville.