Perquisitions en série dans le camp de Nahr el-Bared, des habitants manifestent contre l'armée

L'armée mène depuis l'aube une série de perquisitions dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared, au Liban-nord, à la recherche d'armes et de suspects, a affirmé à L'Orient-Le Jour un porte-parole de l'armée lundi matin.

De la fumée se dégage au-dessus du camp de Nahr el-Bared, le 25 octobre 2022, après des pneus brûlés par des manifestants qui s'opposent à des perquisitions menées par l'armée. Photo envoyée par notre correspondant Michel Hallak

Selon des informations de notre correspondant dans la région Michel Hallak, des habitants du camp ont brûlé des pneus aux entrées sud et est ainsi qu'à l'intérieur du camp et bloqué des routes pour protester contre les perquisitions opérées par la troupe.

Réagissant à ces développements, des factions palestiniennes et des comités du Liban-nord ont condamné les raids de l'armée et annoncé dans un communiqué commun une grève générale dans le camp. Elles ont également dénoncé "le défilé militaire des avions, navires et véhicules blindés de l’armée qui effraient les femmes, enfants et personnes âgées".

Selon notre correspondant, la troupe a en effet eu recours à son aviation et sa marine lors de son intervention.

Dans un communiqué publié l'après-midi, l'armée a indiqué que des unités soutenues par la marine et l'aviation militaire ont perquisitionné le camp de Nahr el-Bared et arrêté "neuf suspects qui font l'objet de plusieurs mandats d'arrêt pour trafic de drogue, coups de feu et meurtre". L'armée ajoute que des "armes de guerre et des munitions ont été saisies". Elle conclut qu'une enquête judiciaire est en cours.

Entièrement détruit en 2007, après des combats ayant opposé l’armée libanaise à des islamistes sunnites, le camp de Nahr el-Bared a été partiellement reconstruit en 2018.

Comme c'est l'usage depuis des décennies, notamment depuis l'accord du Caire conclu en 1969, l'armée libanaise ne pénètre pas dans les camps et laisse les factions palestiniennes assurer elles-mêmes leur sécurité. En conséquence, il existe des zones de non-droit dans les camps. Celui de Nahr el-Bared avait constitué l'exception en 2007 lorsque l'armée avait lancé son assaut contre les islamistes armés.