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Société - Pause verte

Noyés jusqu’au cou

Peut-on faire face au changement climatique par l’immobilisme ? On se prend à se poser ce genre de questions philosophiques alors qu’on se trouve coincé durant des heures dans un embouteillage causé par une inondation de l’autoroute au nord de Beyrouth… histoire de ne pas devenir fou.

Dimanche soir, une averse de pluie et de grêle a surpris les automobilistes libanais par sa virulence. « Surpris », parce que cette averse n’avait (naturellement) pas été annoncée par Météo-Liban. Loin de là, le bulletin parlait d’« une possibilité de pluies fines en soirée ». Le côté plus prévisible, en revanche, c’est l’occurrence même du phénomène, quel que soit son timing. Chaque année, avec la régularité d’une horloge, ces inondations de routes se produisent aux premières pluies conséquentes. Elles sont principalement dues à l’obstruction, par les déchets, des canaux d’évacuation des eaux de pluie des autoroutes. L’incompétence des officiels – qui « oublient » chaque année le nettoyage de ces canaux – et l’incurie de la population – qui jette négligemment ses détritus par les fenêtres – sont une combinaison qui tue. Littéralement, puisque les inondations de dimanche soir se sont soldées par un décès, celui d’un policier octogénaire à la retraite, handicapé, emporté par les « flots » sur l’autoroute avant que son fils ne puisse le secourir. Il pensait être en sécurité dans la voiture avant que celle-ci ne se retrouve noyée par deux mètres d’eau.

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L’autoroute de Nahr el-Kalb (Kesrouan), elle, ressemblait à une scène de désolation et de guerre vers minuit. Dans l’obscurité totale, des voitures étaient garées un peu partout, des agents et des militaires tentaient d’aider des automobilistes hagards, un groupe de jeunes se démenait pour hisser une grosse berline sur une dépanneuse. Une jeune femme, adossée à son véhicule en panne, tentait de passer un coup de fil. Les officiels, eux, n’ont manifesté aucun intérêt quant au désastre survenu dimanche, se renvoyant la balle sur leurs responsabilités. Place de l’Étoile, ils n’ont donné qu’un spectacle qui ne fait plus rire personne, d’une séance avortée d’élection présidentielle. Un pas de plus vers le vide. Pas de quoi rassurer un pays en déliquescence. Et pourtant, au-delà des problèmes actuels qui noient le pays, ce genre de caprice de la météo pourrait devenir de plus en plus récurrent. L’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes est l’une des conséquences du changement climatique au niveau mondial, et dans le bassin méditerranéen en particulier. Comment y faisons-nous face ? Par l’éternel recommencement de nos mauvaises habitudes, de notre gouvernance abyssale, de notre vision inexistante. Jusqu’à quand continuerons-nous à faire l’autruche ? À défaut d’avoir la tête enterrée dans le sable, elle sera sans nul doute noyée sous l’eau…

Peut-on faire face au changement climatique par l’immobilisme ? On se prend à se poser ce genre de questions philosophiques alors qu’on se trouve coincé durant des heures dans un embouteillage causé par une inondation de l’autoroute au nord de Beyrouth… histoire de ne pas devenir fou.Dimanche soir, une averse de pluie et de grêle a surpris les automobilistes libanais par sa...

commentaires (1)

On se demande si les libanais sont sous l’influence de psychotrope ou de substance illicite pour continuer à accepter l’inacceptable sans se rebeller. Je ne trouve aucune autre raison à leur silence, c’est à se demander s’ils sont encore de ce monde.

Sissi zayyat

13 h 53, le 25 octobre 2022

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Commentaires (1)

  • On se demande si les libanais sont sous l’influence de psychotrope ou de substance illicite pour continuer à accepter l’inacceptable sans se rebeller. Je ne trouve aucune autre raison à leur silence, c’est à se demander s’ils sont encore de ce monde.

    Sissi zayyat

    13 h 53, le 25 octobre 2022

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