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Un Américain détenu en Arabie saoudite pour des tweets "modérés", selon son fils


Un Américain détenu en Arabie saoudite pour des tweets

Les drapeaux des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite. Photo d'illustration AFP

Un citoyen américain est emprisonné en Arabie saoudite pour des tweets "modérés" contre le pouvoir du puissant royaume du Golfe, a déclaré son fils à l'AFP mercredi, dénonçant la "torture" dont son père serait victime.

Les Etats-Unis ont confirmé mardi que Saad Ibrahim Almadi, un Américain de 72 ans d'origine saoudienne, avait été condamné début octobre à 16 ans de prison, dans un contexte de répression accrue contre les critiques sur les réseaux sociaux.

"Un citoyen américain âgé est en train d'être torturé et détenu pour des tweets", a déclaré à l'AFP Ibrahim Almadi, par téléphone depuis les Etats-Unis, où il vit. "Les Saoudiens sont des criminels, pas mon père. Ces agissements viennent de criminels. Mon père a juste publié des tweets modérés sur les taxes", a-t-il fustigé.

Ibrahim Almadi a communiqué mercredi à l'AFP une liste de tweets qui, selon lui, ont été utilisés comme preuves contre son père. Ces posts concernent notamment la hausse des taxes, divers travaux de démolition controversés en Arabie saoudite, l'incapacité du pays à empêcher les attaques des rebelles Houthis du Yémen voisin, ou encore le "sacrifice" du journaliste critique Jamal Khashoggi, assassiné en 2018 par des agents saoudiens à Istanbul.

Contactées, les autorités saoudiennes n'ont pas répondu aux questions de l'AFP.

Saad Ibrahim Almadi a été arrêté en novembre 2021 à son arrivée en Arabie saoudite pour un séjour de deux semaines, selon son fils, qui a rendu l'affaire publique cette semaine, reprochant à l'administration américaine son manque d'engagement dans cette affaire.

Le département d'Etat a assuré mardi avoir fait part de ses "préoccupations de manière constante et intense à ce sujet à un haut niveau au sein du gouvernement saoudien", estimant que "l'exercice de la liberté d'expression ne devrait jamais être criminalisé".

Affaire "mal gérée"

Cette affaire risque d'aggraver les tensions entre Riyad et Washington, deux partenaires stratégiques aujourd'hui à couteaux tirés à cause de la décision des pays exportateurs de pétrole, Arabie saoudite en tête, de réduire la production pour soutenir les prix de l'or noir.

Ces dernières années, les Etats-Unis et l'Arabie saoudite ont connu un refroidissement de leurs relations, en raison des graves violations des droits humains dans le royaume du Golfe depuis la montée en puissance de Mohammad ben Salmane, devenu prince héritier en 2017.

M. Almadi a été notamment accusé de soutien au terrorisme et de tentative de déstabilisation du pays, a précisé son fils, des incriminations habituellement utilisées dans le cadre de la répression des voix dissidentes. Ibrahim Almadi a reproché aux autorités américaines d'avoir "mal géré" l'affaire. "Mon père aurait dû être leur plus grande préoccupation dès le premier jour", a-t-il regretté. "Les tensions entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis ne devraient pas commencer à cause du pétrole, mais parce que des citoyens américains âgés sont détenus pour des tweets", a-t-il insisté. Selon lui, M. Almadi subit la torture car les autorités saoudiennes "l'empêchent de dormir et le forcent à rester debout". "Il a 72 ans et son état de santé ne fait qu'empirer", a assuré son fils. "Il a eu des problèmes de dos. Il doit être opéré le plus rapidement possible. J'ai déjà un rendez-vous pour lui ici", aux Etats-Unis, précise-t-il.

"Peines choquantes"

Outre la peine de prison, M. Almadi a été frappé d'une interdiction de voyager pendant les 16 ans suivant sa détention.

Ces dernières semaines, les tribunaux saoudiens ont condamné plusieurs personnes jusqu'à 45 ans de prison pour des tweets critiques du gouvernement.

Les récentes nominations de proches du pouvoir "non formés à la justice" pour traiter de ce type d'affaires, expliquent ces "peines choquantes", selon les mots de Abdullah Alaoudh, lui-même fils d'un dissident détenu, et chercheur sur l'Arabie saoudite au sein de l'ONG DAWN (Democracy for the Arab World Now), basée aux Etats-Unis et fondée par Jamal Khashoggi.

Ali Shihabi, un analyste saoudien proche du pouvoir, a reconnu sur Twitter ces excès, estimant que "le gouvernement donne la priorité à la stabilité" avec le risque de "troubles civils".

Un citoyen américain est emprisonné en Arabie saoudite pour des tweets "modérés" contre le pouvoir du puissant royaume du Golfe, a déclaré son fils à l'AFP mercredi, dénonçant la "torture" dont son père serait victime.
Les Etats-Unis ont confirmé mardi que Saad Ibrahim Almadi, un Américain de 72 ans d'origine saoudienne, avait été condamné début octobre à 16 ans de prison, dans...