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Politique - Décryptage

Frontière maritime : pourquoi l’accord a été revu à la baisse

Lorsque le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a déclaré dans son dernier discours, en expliquant les raisons de la conclusion de l’accord sur le tracé de la frontière maritime avec Israël, que « le médiateur américain Amos Hochstein a compris ce que voulait la partie libanaise », il a en quelque sorte résumé toute la situation. En effet, selon des sources libanaises qui suivent ce dossier, ce qui a rendu possible la conclusion de cet accord c’est certes la détermination du Liban et la solidité de la position officielle, mais aussi le fait que l’interlocuteur américain a accepté cette attitude, sans chercher à l’affaiblir. Le Liban jouait en réalité une partie très serrée. La crise économique sans précédent dans laquelle il s’enfonçait le poussait à vouloir aboutir le plus vite possible à un accord qui lui permettrait de voir le bout du tunnel et qui referait de lui, comme l’a dit le président Michel Aoun à des visiteurs, « un État solvable ». Mais en même temps, il n’y avait pas d’unanimité interne sur le dossier, surtout avec tous les pièges qui pourraient se cacher dans chaque phrase et chaque point d’un éventuel accord et surtout aussi avec la volonté claire des Israéliens d’entraîner le Liban dans un processus de normalisation, à n’importe quel prix. Ce qui aurait certainement provoqué des troubles internes et peut-être même des affrontements entre le Hezbollah et d’autres forces qui lui sont hostiles, plongeant le Liban dans un abîme de violence sur fond de crise à tous les niveaux.

Dans un contexte aussi complexe, la solution idéale pour le Liban consistait donc à conclure un arrangement technique et limité, qui porterait uniquement sur les champs exploitables et qui permettrait au pays d’entamer au plus vite les travaux de prospection et de forage en vue de l’exploitation dans les blocs qu’il a définis, sans aborder les problèmes de fond... qui pourraient provoquer des conflits dont il se passerait volontiers. En fait, la partie libanaise s’est inspirée de l’esprit des « arrangements d’avril » conclus en 1996 à la suite de l’attaque israélienne dite « les Raisins de la colère ». Cette offensive s’était terminée par un accord, parrainé par la France et les États-Unis, qui stipulait que les Israéliens et les Libanais (Hezbollah en tête) devaient éviter de prendre les civils pour cible en cas d’attaque. Elle s’est aussi inspirée de l’accord parrainé par les Américains en 2000 pour superviser le retrait israélien du Sud, sur la base de la ligne bleue, qui n’est pas la frontière internationale, tout en gardant en suspens 13 points litigieux (qui représentent en fait la moitié de la ligne frontalière).

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Sur la base de ces précédentes négociations, l’objectif du Liban était donc de conclure un accord, sans pour autant clore le contentieux avec les Israéliens ou donner le moindre signe qui pourrait permettre de croire qu’il serait prêt à le faire. C’est d’ailleurs dans cet esprit que le Hezbollah, qui constitue un des principaux acteurs au Liban-Sud, s’est tenu officiellement à l’écart des négociations, se contentant d’intervenir au moment qu’il jugeait opportun pour renforcer la position libanaise, en brandissant la menace de la guerre. Ce qui est sûr pour tous ceux qui suivent ce dossier c’est qu’aucune des parties concernées ne voulait réellement déclencher une guerre, même si aussi bien les Israéliens que le Hezbollah ne cessaient de déclarer le contraire. Sauf qu’il s’agissait d’une tactique risquée qui aurait pu à plusieurs moments dégénérer. Les Israéliens ont même parlé à un certain moment de « jours de combat », pour expliquer leur volonté de mener de petites batailles entre deux guerres. Mais le Hezbollah a aussitôt riposté en précisant qu’un tel scénario n’est pas envisagé et que tout affrontement mènerait immanquablement vers une guerre généralisée.

C’est donc sur ce terrain miné et dans un climat de méfiance généralisée que le Liban a mené les négociations avec l’émissaire américain Amos Hochstein qui, contrairement à tous ceux qui l’ont précédé dans cette mission, a compris la position des dirigeants libanais. Il a donc revu à la baisse les attentes des Israéliens et approuvé l’idée libanaise de conclure un accord technique qui permettrait aux deux parties de profiter des ressources gazières et pétrolières au large de leurs côtes respectives. Il faut dire que les circonstances régionales et internationales, en particulier la guerre en Ukraine et la pénurie de gaz en Europe, ont joué en faveur de la position libanaise, en rendant possible un accord limité.

Certes, cet accord a essuyé de nombreuses critiques au Liban et en Israël. Sur la scène locale, il y a ceux qui sont déçus parce qu’ils espéraient qu’il soit plus complet et aborde le contentieux de fond avec les Israéliens. Il y a aussi ceux qui y voient des concessions libanaises sur des droits fondamentaux, et enfin ceux qui ne veulent absolument pas entendre parler d’un quelconque accord avec les Israéliens.

Point de vue

Le gaz ne sauvera pas le Liban

À tous ceux-là, la réponse de la partie libanaise qui a négocié est la même : cet accord est limité à l’exploitation des ressources gazières dans les eaux maritimes. Il ne touche pas aux questions de fond, il n’est pas une reconnaissance de la frontière maritime et il peut être revu le cas échéant. Le médiateur américain a fait en sorte de convaincre les Israéliens de la position libanaise, car pour lui la priorité est d’aboutir à un accord qui leur permette d’extraire le gaz du champ de Karish et de le vendre à l’Europe. Si pour atteindre cela, le Liban doit aussi pouvoir profiter de ses propres ressources, soit. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’Amos Hochstein a parlé d’une « win-win situation ».

Lorsque le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a déclaré dans son dernier discours, en expliquant les raisons de la conclusion de l’accord sur le tracé de la frontière maritime avec Israël, que « le médiateur américain Amos Hochstein a compris ce que voulait la partie libanaise », il a en quelque sorte résumé toute la situation. En effet, selon des sources...

commentaires (4)

Le Liban a perdu sa souveraineté sur des centaines de Km2 dont une partie Karish. Israël n'a concédé que ce qui appartenait déjà au Liban. Négocier pour partager avec le dit ennemi juré pour partager ses propres avoirs cela s'appelle de la traîtrise. Le Hezbollah et Aoun n'en sont pas a la première. Ils avaient besoin urgemment de conclure, quel qu’en soit le prix, un accord pour qu'a travers celui-ci ils pavoisent criant avoir réalisé une victoire.... Pshiiiiitttt! De plus, que cela plaise ou non a ses messieurs, ils ont de facto reconnu Israël et une fois que les travaux d'exploration auront commencer, il n'y aura plus de possibilités de guerres ou de conflits. D'ailleurs si je ne m'abuse le Hezbollah traitait, directement avec Israël, en parallèle, pour des dessous de table pour son organisation. Que HN nous explique cela aussi. Le Liban est une fois de plus trahi par ceux la même qui accusent tous les autres d’être a la solde des ambassades et sont les premier a s'y précipité. Le dernière invitation a l'ambassade de Suisse par exemple. Aucun parti n'a jamais travaillé avec les Ambassades et Israël autant que le Hezbollah et ses sbires. P E R S O N N E S !!! Revoyez les faits et vos copies d'histoire.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

12 h 18, le 19 octobre 2022

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Commentaires (4)

  • Le Liban a perdu sa souveraineté sur des centaines de Km2 dont une partie Karish. Israël n'a concédé que ce qui appartenait déjà au Liban. Négocier pour partager avec le dit ennemi juré pour partager ses propres avoirs cela s'appelle de la traîtrise. Le Hezbollah et Aoun n'en sont pas a la première. Ils avaient besoin urgemment de conclure, quel qu’en soit le prix, un accord pour qu'a travers celui-ci ils pavoisent criant avoir réalisé une victoire.... Pshiiiiitttt! De plus, que cela plaise ou non a ses messieurs, ils ont de facto reconnu Israël et une fois que les travaux d'exploration auront commencer, il n'y aura plus de possibilités de guerres ou de conflits. D'ailleurs si je ne m'abuse le Hezbollah traitait, directement avec Israël, en parallèle, pour des dessous de table pour son organisation. Que HN nous explique cela aussi. Le Liban est une fois de plus trahi par ceux la même qui accusent tous les autres d’être a la solde des ambassades et sont les premier a s'y précipité. Le dernière invitation a l'ambassade de Suisse par exemple. Aucun parti n'a jamais travaillé avec les Ambassades et Israël autant que le Hezbollah et ses sbires. P E R S O N N E S !!! Revoyez les faits et vos copies d'histoire.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    12 h 18, le 19 octobre 2022

  • Tiens ce bla bla nous manquait. Ce que l’article oublie de dire c’est que le Liban a cédé la champ qui doit être exploiter immédiatement pour se contenter de champs dont on ne connaît même pas le sous sol. Et en cas de gisements, Israël encaissera une part des revenus des champs libanais. C’est en effet un win win pour l’ennemi israélien et un accomplissement de plus du présent régime.

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 01, le 19 octobre 2022

  • A mon humble avis, l’accord entre le Liban et Israël est déjà une reconnaissance flagrante. Comment expliquer qu’on officialise des frontières avec un Etat (israël, pas la Palestine), qu’on ne reconnaît pas ! Que le hezb, qui est le seul décideur, ne prenne pas les gens pour des idiots. L’affaire a visiblement été montée par les USA, l’Iran et Israël

    Goraieb Nada

    08 h 33, le 19 octobre 2022

  • J,AI FAIT UN EFFORT TRES SPECIAL POUR ME CONVAINCRE DE LIRE CE PATATA DIT ARTICLE OU ANALYSE ET LA BLAGUE DIT AUSSI ECLAIRAGE, LA LIGNE 29 AVEC SES 1400 KM2 ET KARISH DEDANS CEDE SANS AUCUNE CONTREPARTIE A ISRAEL ON EN PARLE PAS. ON L,OUBLIE. LA PART OFFERTE A ISRAEL DANS LA LIGNE 23 LES 860 KM2 ET LA PART DE PROFIT SUR L,EXPLOITATION DU CHAM P DE CANA MEME SI VIA TOTALENERGIE NE NOUS DIT RIEN. ON FACONNE DES EXCUSES POUR ESSAYER DE CONVAINCRE L,OPINION PUBLIQUE QUE LA DEFAITE EST UNE VICTOIRE DIVINE. ET ON ENCENSE LES RESPONSABLES. ET ON VEUT APPELER CA UN ARTICLE D,ECLAIRAGE. JE NE VEUX PAS DIRE LE MOT POUR EVITER LA CENSURE MAIS IL EST A LA BOUCHE DE TOUS LES LIBANAIS. HONTE A UN TEL ARTICLE. HONTE A QUI L,A ECRIT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 46, le 19 octobre 2022

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