Un responsable de l'UE annonce depuis Baabda une aide supplémentaire de 75 millions d'euros au Liban

L'Union européenne accordera au Liban une aide supplémentaire de 75 millions d'euros, a annoncé mercredi depuis le palais présidentiel de Baabda le Commissaire européen à l'Élargissement et à la Politique européenne de voisinage, Oliver Varhelyi, qui a souligné la nécessite de former un nouveau gouvernement dans le pays et d'élire un successeur au président Michel Aoun avant la fin de son mandat, le 31 octobre.

"Nous sommes conscients de la situation socio-économique difficile au Liban engendrée par la pandémie de Covid-19, les explosions meurtrières au port de Beyrouth et la crise socio-économique. Nous avons donc décidé d'augmenter notre aide  cette année de 75 millions d'euros en vue de soutenir le peuple libanais, ce qui permettrait d'instaurer une bonne gouvernance et de renforcer les institutions de l'État ainsi que les différentes parties concernées par cette opération", a affirmé M. Varhelyi à l'issue de sa rencontre avec M. Aoun, selon un communiqué du palais de Baabda. Le diplomate hongrois a également affirmé que 25 millions d'euros serons consacrés "en vue d'apaiser la crise résultant de la hausse des prix des produits alimentaires", sans préciser cependant s'il s'agit d'un montant qui vient s'ajouter à cette aide. Le responsable a aussi assuré que "des aides en espèces seront directement accordées au peuple libanais".

Le montant de 75 millions d'euros n'est pas mentionné dans le communiqué de l'UE, qui évoque uniquement la somme de 25 millions d'euros supplémentaires au total d'un package de de 229 millions d'euros, dont une partie est consacrée à "la crise syrienne et la résilience alimentaire".

"Les aides européennes au peuple libanais n'ont jamais été conditionnées. Mais il est impossible d'octroyer des aides en l'absence de gouvernement pour les réceptionner et d'État pour les distribuer", a fait savoir le commissaire européen, toujours cité par Baabda, soulignant la nécessité qu'un président soit élu et qu'un gouvernement soit formé. "En présence d'un président et d'un cabinet nous sommes prêts à octroyer plus d'aides et des montants supplémentaires", a-t-il promis. Le commissaire européen a en outre rencontré mercredi le Premier ministre désigné Nagib Mikati, le président du Parlement Nabih Berry, le chef de la diplomatie Abdallah Bou Habib, le vice-Premier ministre sortant Saadé Chami, et le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, selon un communiqué de l'UE.

Le risque d'une double vacance présidentielle et gouvernementale plane sur le Liban. Les tractations gouvernementales entre M. Aoun et le Premier ministre désigné, dont le cabinet sortant gère les affaires courantes depuis le 22 mai, n'ont toujours pas abouti en raison d'un bras de fer politique entre les deux hommes.

Pour sa part, Michel Aoun a assuré que "des contacts sont en cours pour former un nouveau gouvernement au cours du mois" et espéré que les députés parviendront à élire son successeur avant le 31 octobre.  Il a par ailleurs appelé l'UE à "soutenir le rapatriement des réfugiés syriens conformément au plan mis en place par le gouvernement libanais". Il a aussi pointé du doigt le fait que les aides octroyées à ces réfugiés ne "passent pas par les institutions officielles libanaises".