Le Liban a remis sa réponse à la proposition américaine pour régler son litige sur la frontière maritime avec Israël, qui devrait permettre aux deux pays d'aller de l'avant dans l'exploitation d'importants gisements gaziers en Méditerranée orientale. La proposition, présentée par le médiateur Amos Hochstein, prévoit que la zone accordée au Liban soit délimitée par la ligne 23, mais que Beyrouth obtienne également la totalité du champ gazier de Cana qui dépasse vers le sud la zone que borde la ligne 23.
"La réponse a été remise aujourd'hui à l'ambassadrice des Etats-Unis", a indiqué mardi soir lors d'une émission télévisée le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab, mandaté par le président Michel Aoun pour superviser les négociations. "Je pense que (la réponse) est désormais entre les mains du médiateur américain", a-t-il ajouté, précisant que cette réponse comprenait des "amendements" à la proposition soumise par Washington. M. Bou Saab a déclaré qu'il ne pensait pas que les changements proposés feraient dérailler l'accord et que, même si la réponse libanaise ne signifiait pas l'approbation du projet, les discussions étaient si avancées que les différentes parties "ont fini de négocier". Il a indiqué que le projet d'accord avait été atteint en réfléchissant "en dehors des sentiers battus". "Nous avons commencé à en parler comme d'un accord commercial", a souligné le vice-président du Parlement.
C’est pour ne laisser place à aucun malentendu que le Liban veut apporter des modifications à certaines phrases figurant dans la proposition de M. Hochstein, apprend-on de source impliquée dans les négociations. Elle affirme que ces remarques ne touchent pas à l’essence de l’accord et ont déjà été discutées avec le médiateur américain. Le Liban tient toutefois à ce qu’elles soient ajoutées au texte de la proposition finale afin qu’elles figurent dans le décret qui sera par la suite envoyé aux Nations unies. "Les amendements demandés par le Liban visent à rendre le texte plus clair et non sujet à interprétation", a confirmé à l'AFP et sous couvert d'anonymat un responsable libanais impliqué dans les négociations. "Dans la pratique, nous avons obtenu tout ce que nous avons demandé", a-t-il poursuivi. D'après M. Bou Saab, la proposition américaine accorde au Liban tous les blocs maritimes qu'il considérait comme les siens.
Discussions entre Israël et Total
Ce texte de 10 pages semble, en outre, proposer un accord selon lequel le gaz serait produit par une société sous licence libanaise dans la zone contestée de Cana, Israël recevant une partie des revenus. Bien que cette société n'ait pas été officiellement nommée, les responsables libanais ont publiquement suggéré un rôle pour TotalEnergies SE. Le géant français, qui fait partie du consortium chargé de l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures offshore dans la zone économique exclusive (ZEE) du Liban, pourrait jouer les intermédiaires en payant lui-même les compensations financières à la partie israélienne. Un haut fonctionnaire israélien a dans ce cadre rencontré des représentants de la société à Paris lundi, selon une source informée du dossier contactée par Reuters.
L'accord, qui donnerait une lueur d'espoir au pays en proie à une effroyable crise économique, est "sur la bonne voie pour affirmer les droits du Liban sur l'ensemble de ses eaux", avait de son côté annoncé lundi le Premier ministre sortant, Nagib Mikati. Les dirigeants libanais, qui s'étaient réunis le jour même au palais de Baabda pour élaborer leur réponse, se sont dit confiants de parvenir rapidement à un accord, faisant écho à un optimisme similaire de la part de l'Etat hébreu, malgré les pressions exercées par l'opposition menée par Benjamin Netanyahu sur le Premier ministre Yair Lapid. Ce dernier avait salué dans un tweet lundi la proposition américaine, déclarant qu’"Israël obtient 100 % de ses besoins sécuritaires et même une partie des bénéfices du réservoir libanais" de Cana. Mais Élias Bou Saab a assuré que "Le Liban obtient en vertu de cet accord tous ses droits sur le champ gazier de Cana". Dans son interview mardi soir, il a insisté que le Liban ne paiera pas un centime de sa part de Cana à Israël. Le président Aoun avait assuré de son côté dans un tweet lundi qu’il "n’y aura aucun partenariat avec la partie israélienne".
Si les deux pays parviennent au final à un accord, ils ne signeront pas de traité, puisqu’ils sont techniquement en état de guerre, selon M. Bou Saab. Un mécanisme sera mis en place pour enregistrer la démarcation de la frontière auprès des Nations unies. Selon les détails obtenus par notre journal, une séance de pourparlers indirects entre toutes les parties sera fixée au siège de la Force intérimaire des Nations unies (Finul), à Naqoura, afin de revoir les derniers détails techniques, cartes à l’appui, et de présenter la version définitive de l’accord. Celui-ci sera alors signé par les deux pays sur des feuillets séparés. Des représentants de l’ONU et de Washington devront également apposer leurs signatures sur les deux copies.
Bon, pourquoi le "Gouvernement Libanais", ne dévoile pas la proposition de Hobschtein ? What is the Catch? Est-ce que le Hezbollah s-auto financera des dividendes? Ou bien tous les bénéfices iront à l'état uniquement ? Trop flou, trop vague, pas assez d'informations ! Pas confiance en ce régime iranien !
16 h 20, le 05 octobre 2022