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Les Hérodiens cités dans le Nouveau Testament

Les Hérodiens cités dans le Nouveau Testament

Portrait supposé d’Hérode le Grand. Photo Wikipedia


Après la publication de mon livre Pas à pas dans l’apocalypse paru chez Amazon en 2020 (A. Polos), certains lecteurs m’ont demandé de développer la place qu’a occupée la dynastie hérodienne dans les évènements de grande importance entourant la mission de Jésus et de l’Église des débuts.

Aux origines de la dynastie

Après une lutte victorieuse contre la domination grecque, menée vers 165 av. J.-C. par Judas Maccabée et ses frères (lutte rapportée dans les livres des Maccabées), la Judée retrouva son indépendance. Ces derniers appartenaient à une famille juive d’origine sacerdotale, laquelle, bien qu’elle ne fût pas de la descendance d’Aaron, exerça alors la grand-prêtrise et donna la dynastie hasmonéenne qui régnera sur la Judée jusqu’à l’arrivée des Romains en 63 av. J.-C.

Le roi hasmonéen Jean Hyrcan I conquit édom (ou Idumée) vers 108 av. J.-C. et força les Édomites (ou Iduméens) à la circoncision.

Son fils Alexandre Jonathan (Jannée en grec, 103-76 av. J.-C) nomma l’Édomite Antipas gouverneur d’Édom.

Le fils de ce dernier, Antipater, bénéficiait d’un important réseau régional d’influence (sa femme fut une princesse nabatéenne). Gouverneur d’Édom au service du roi hasmonéen Jean Hyrcan II (fils aîné d’Alexandre Jonathan), il mena triple jeu dans la dispute pour le pouvoir entre ce dernier et son frère cadet Aristobule II, contribuant ainsi à la mainmise de la République romaine sur le royaume hasmonéen en 63 av. J.-C. Servant fidèlement les intérêts des Romains, Antipater sera nommé par Jules César procureur de Judée en 47 av. J.-C.

Ses fils Phasaël et Hérode (futur Hérode le Grand) seront, à leur tour, nommés gouverneurs de Jérusalem et de Galilée respectivement.

Hérode le Grand

Notre connaissance du personnage d’Hérode le Grand dépend presque exclusivement de ce que nous a laissé l’historien Flavius Josèphe sur le sujet (Antiquités Juives, livres XIV à XVII. Guerre des juifs, livre I). Même si Josèphe corrigea des passages de complaisance, il s’appuya sur l’œuvre (disparue) de Nicolas de Damas (historien officiel attitré d’Hérode le Grand) complétée par des ajouts d’autres auteurs antiques comme Strabon.

En 40 av. J.-C., les Parthes envahirent les provinces romaines orientales et nommèrent le prince hasmonéen Antigone II Mattathiah roi de Judée. Hérode le Grand, fils d’Antipater, était alors gouverneur de la Galilée pour le compte des Romains. Réussissant à s’échapper, il convainquit le Sénat de le nommer roi de Judée puis entreprit la reconquête. L’ayant menée à son terme (en 37 av. J.-C.), il gouverna la Judée, l’Idumée, la Samarie, la Galilée et la région au nord et à l’est de cette dernière (Sud-Liban et Golan actuels).

Étrange mélange de dirigeant intelligent et de tyran cruel, il se révéla un extraordinaire survivant politique. Ainsi, lorsque la guerre civile éclata entre Marc-Antoine et Octave, Hérode servit d’abord Antoine puis, lorsque Octave l’emporta à Actium (31 av. J.-C.), il changea immédiatement de camp et réussit à convaincre Octave de sa loyauté.

Pour plaire à ses maîtres, Hérode se présenta comme un admirateur de la culture romaine. Il construisit des théâtres, des amphithéâtres et des hippodromes, surtout dans les parties de son royaume peuplées par une majorité de non-Juifs.

D’un autre côté, pour se faire accepter des Juifs, Hérode n’eut de cesse de se présenter comme un roi juif. En effet, d’origine édomite, usurpateur (et liquidateur sans pitié) de la monarchie hasmonéenne, sans origine royale, il était en manque de légitimité. C’est ainsi qu’il se présenta comme le protecteur du judaïsme, encourageant le développement des communautés synagogales, remettant les impôts et fournissant gratuitement du grain au peuple en temps de calamités.

Ménageant la susceptibilité des autorités religieuses, compte tenu de son origine édomite, il ne se permit pas de pénétrer dans l’enceinte du Temple. D’un autre côté, allant plus loin encore que les Hasmonéens qui avaient accaparé la charge de grands prêtres, il s’arrogea illégitimement le droit de nommer ces derniers. (À leur tour, les Romains le feront aussi pour les périodes où ils gouvernèrent directement la Judée).

Il fut qualifié de « Grand » en raison de ses énormes réalisations, comme le port de Césarée maritime, ou les forteresses de l’Hérodion et de Massada. Surtout, toujours pour se faire accepter des autorités religieuses juives, il entreprit l’embellissement et l’agrandissement du Temple de Jérusalem, le transformant en une des merveilles de son temps.

Cependant, le récit que nous fait saint Matthieu de sa volonté de se débarrasser de l’enfant Jésus et du massacre des nourrissons qui s’ensuivit (Mt 2 : 1-18) correspond bien à ce que nous savons de son ambition, de sa paranoïa et de sa cruauté. Il fut ainsi sans pitié pour toute personne susceptible de lui ravir la royauté, allant même jusqu’à mettre à mort trois de ses propres fils ! Juste avant sa mort, en 4 av. J.-C, dans un dernier acte de vengeance contre ses opposants, il les rassembla et ordonna qu’on les exécute dès l’annonce de sa mort ! (Ordre qui fut par la suite annulé par l’entourage).

Après sa mort, les Romains divisèrent son royaume en tétrarchies (royaumes de plus petites taille et importance).

Descendance hérodienne

Les Juifs qui soutiendront la dynastie hérodienne (par exemple les saducéens, dont le pouvoir et les richesses dépendaient de la bienveillance des roitelets hérodiens) seront les Hérodiens mentionnés dans les Évangiles (Mc 3 : 6 ; 12 : 13).

Hérode Archelaus, fils d’Hérode. Il reçut la Judée, Édom et la Samarie. S’étant révélé oppressif et erratique (selon Mt 2 : 21-23, Marie et Joseph s’étaient installés en Galilée justement pour éviter son autorité). Auguste le démit de ses fonctions en 6 ap. J.-C.

Hérode Antipas, un autre fils d’Hérode, tétrarque de la Galilée et de Pérée jusqu’à ce qu’il soit exilé en Espagne par Caligula en 39 ap. J.-C. C’est l’Hérode du ministère public de Jésus, qualifié par ce dernier de « renard » (Luc 13 : 32), le même qui fit couper la tête de Jean-Baptiste (qui lui reprochait d’avoir épousé illégitimement Hérodiade, femme de son frère Philippe le Tétrarque) et renvoya Jésus à Pilate après lui avoir adressé beaucoup de questions, « mais Jésus ne lui répondit rien » (Luc 23 : 6-12) !

Hérode Philippe Ier (c’est le fils de Hérode le Grand par sa 3e femme Mariamme). Il est le premier époux d’Hérodiade dont il est question dans Mc 6 : 17.

Philippe le Tétrarque (parfois appelé aussi Hérode Philippe II) est le fils d’Hérode le Grand par sa 5e femme Cléopâtre de Jérusalem). Il est mentionné dans Luc 3 : 1. Il mourut sans héritier. Il est le premier époux de Salomé, fille d’Hérode Philippe Ier et d’Hérodiade. Il fut tétrarque de Batanée et de la Trachonitide.

(Attention : ces deux Philippe sont souvent confondus).

Hérode Agrippa I. Petit-fils d’Hérode le Grand par Aristobule IV (un des trois fils d’Hérode le Grand mis à mort par leur père). Il vécut toute sa jeunesse à Rome. Compagnon de jeu de Caligula, ce dernier le nomma roi sur les territoires de son oncle Philippe le Tétrarque en 37 ap. J.-C. Puis, en 39 ap. J.-C., il reçut les territoires d’Hérode Antipas. Enfin, en 41 ap. J.-C., Claudius lui ajouta les parties de la province d’Idumée. Ainsi, Agrippa I réunit sous son autorité le royaume de son grand-père Hérode le Grand. C’est lui qui (pour faire plaisir aux autorités juives) fit décapiter Jacques et emprisonna Pierre (Ac. 12 : 2-4). Un jour, haranguant la foule, celle-ci lui répondit (Ac. 12 : 22) : « Voix d’un dieu et non d’un homme ! » Sa mort est rapportée par Luc (Ac. 12 : 19-23) comme un jugement de Dieu. Il fut le dernier prince hérodien à gouverner la Judée.

Hérode Agrippa II, le fils d’Agrippa I, fut nommé roi des parties nord du royaume de son père. C’est lui qui répond à Paul dans Ac. 26 : 28-29 : « Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien ! » Fidèle allié des Romains, il participa activement à la répression de la grande révolte de Judée. Agrippa II fut le dernier de la dynastie hérodienne. Avec sa mort (vers 94 ap. J.-C.), la dynastie s’éteignit.

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Après la publication de mon livre Pas à pas dans l’apocalypse paru chez Amazon en 2020 (A. Polos), certains lecteurs m’ont demandé de développer la place qu’a occupée la dynastie hérodienne dans les évènements de grande importance entourant la mission de Jésus et de l’Église des débuts. Aux origines de la dynastieAprès une lutte victorieuse contre la domination grecque, menée...

commentaires (2)

le récit que nous fait saint Matthieu de sa volonté de se débarrasser de l’enfant Jésus et du massacre des nourrissons n'a pas ete verifie par des documents ou les archives.

SATURNE

15 h 43, le 06 octobre 2022

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Commentaires (2)

  • le récit que nous fait saint Matthieu de sa volonté de se débarrasser de l’enfant Jésus et du massacre des nourrissons n'a pas ete verifie par des documents ou les archives.

    SATURNE

    15 h 43, le 06 octobre 2022

  • Très intéressant

    Eleni Caridopoulou

    23 h 25, le 05 octobre 2022

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