Le chef du Législatif Nabih Berry a convoqué mardi les députés à une séance parlementaire jeudi à 11h, visant à élire le prochain président de la République, a confirmé à L'Orient-Le Jour une porte-parole de la Chambre. Une annonce qui intervient à un peu plus d'un mois de l'expiration du mandat de l'actuel chef de l'État Michel Aoun, le 31 octobre.
Aucun consensus ne semble toutefois encore avoir été trouvé entre les forces politiques, malgré des tractations actives. Parmi ces discussions menées tous azimuts, les treize députés issus de la contestation populaire de 2019 avaient effectué une tournée auprès de tous les groupes parlementaires, pour se mettre d'accord autour de candidats présidentiables selon leurs critères. Mais aucun nom n'a jusqu'à présent fuité, et les contestataires n'ont pas non plus fait état d'une liste de noms clairement définie à l'issue de leurs tractations. Ils avaient menacé d'avoir recours à la rue si un président n'était pas élu avant le 21 octobre.
De son côté, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'était dit ouvert à un consensus sur un nom, "loin des vetos". Deux de ses alliés, Sleiman Frangié, chef du courant des Marada, et Gebran Bassil, du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), sont considérés comme des candidats dits "naturels" à la présidentielle, de par leur statut de chefs de file maronites. Face à eux, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, est également considéré comme tel. Parallèlement à ces candidats, diverses personnalités ont annoncé officiellement leur candidature, notamment l'économiste Ziad Hayek, l'ancienne ambassadrice Tracy Chamoun, et l’écrivaine, experte en développement international et activiste libano-américaine May Rihani. Le nom du commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, semble également faire l'objet de tractations politiques, bien qu'une telle candidature nécessite un amendement de la Constitution, un militaire devant être à la retraite ou avoir officiellement démissionné de ses fonctions six mois avant le scrutin présidentiel.
Election par les députés
Selon la Constitution, plus précisément son article 49, le président de la République est élu par les députés d'une Chambre unicamérale. Il peut l’être dès le premier tour s’il obtient l’appui des deux tiers des parlementaires (86 sur les 128 actuels), la Loi fondamentale encourageant le consensus. Faute de quoi, il peut l’être par la suite avec une majorité absolue de 65 voix, le tout devant être accompli au plus tard dix jours avant la fin du mandat du président sortant.
La Constitution ne mentionne pas que la magistrature suprême est réservée à un groupe confessionnel. C'est sur la base d'un consensus établi entre les différentes forces du pays en 1943, à l'époque de l'indépendance, que les principales communautés du Liban se sont réparties les trois présidences, soit la présidence de la République à un chrétien Maronite, celle du gouvernement à un musulman Sunnite et de la Chambre à un musulman Chiite.
Le Liban est entré en période d'élection présidentielle depuis le 1er septembre dernier, mais le président du Parlement n'avait jusque-là pas convoqué de séance, dans l'attente d'un consensus sur un nom, ce qui lui était reproché par certains de ses détracteurs.
Fin juillet dernier, M. Berry avait prévenu qu'il ne "convoquera pas de séance pour élire un président de la République tant que les lois de réformes demandées par le Fonds monétaire international (FMI) ne seront pas adoptées". L'annonce de la convocation à la séance de jeudi intervient au lendemain de l'adoption du budget de 2022 par le Parlement.
La communauté internationale fait pression depuis plusieurs semaines pour l'élection d'un nouveau chef de l'Etat, en parallèle aux nombreuses réformes réclamées par le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer des aides financières devant aider le Liban à sortir de sa grave crise financière.
commentaires (6)
Tout le monde parle de la surprise que Berry a créé en convoquant les parlementaires? Mais quelle surprise? N’ont ils pas déjà un avant goût de ses coups de point depuis le temps qu’il trône dans partage sur ce parlement. Ils se disent pris de court alors qu’ils savent que ces fossoyeurs travaillent sans relâche pour les exterminer pendant que eux jouent le même jeu de l’abstention ou de la dispersion à chaque échéance, et de plus en plus, leur permettant ainsi d’avoir le dernier mot puisqu’ils forment un bloc vendu, uni et décidé à en découdre pour achever le pays.
Sissi zayyat
10 h 53, le 29 septembre 2022