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Moyen-Orient - Éclairage

Mohammad VI se rendra-t-il à Alger ?

Des rumeurs laissent penser que le souverain MohammadVI pourrait se rendre à Alger en novembre prochain, à l’occasion du sommet de la Ligue arabe.

Mohammad VI se rendra-t-il à Alger ?

Le roi du Maroc, Mohammad VI, lors d’un discours à la nation. Palais royal marocain/Photo d’archives AFP

À l’approche du sommet de la Ligue arabe, organisé les 1er et 2 novembre, une rumeur se répand autour de la Méditerranée. Après des décennies de brouille entre le Maroc et l’Algérie, le roi marocain Mohammad VI pourrait se rendre à Alger pour participer à cet événement régional, créé historiquement pour affirmer l’unité de la nation arabe. Suite à une série « d’actes hostiles » dénoncés par le ministre algérien des Affaires étrangères, concernant notamment la question du Sahara occidental, Alger avait décidé le 24 août 2021 de rompre ses relations diplomatiques avec son voisin marocain. La participation possible du souverain au sommet de la Ligue arabe ouvre-t-elle la voie à une normalisation des relations entre les deux pays ? La prudence est de mise car la présence du roi reste pour l’instant hypothétique, malgré l’annonce de la venue prochaine du ministre algérien de la Justice à Rabat, dépêché pour y délivrer l’invitation au sommet. Si le média Jeune Afrique a cité lundi des sources très « informées » confirmant ce déplacement, aucune validation de la part du palais royal marocain n’a pour l’instant suivi cette nouvelle. Contactée par L’Orient-Le Jour, l’ambassade du Maroc au Liban « confirmera la composition de la délégation à l’approche de la visite, par communiqué officiel ».

Posture de façade

« Aux dernières nouvelles, il semblerait que le roi ne se déplacerait pas à Alger, mais que le Maroc serait représenté par le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères », estime quant à lui Riccardo Fabiani, spécialiste de l’Afrique du Nord à l’International Crisis Group, ajoutant que cela « jetterait au minimum les bases d’un réengagement diplomatique ».

Pour mémoire

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Les dernières déclarations du roi marocain ont semblé augurer, du moins en apparence, la perspective d’une main tendue. Dans son discours annuel pour la célébration de son accession au trône, en juillet dernier, le roi Mohammad VI n’a pas lésiné sur les envolées lyriques vantant la « fraternité » entre peuples voisins, appelant à ce que les frontières « se muent en passerelles » et à « travailler main dans la main à l’établissement de relations normales ». Une posture de façade, selon Riccardo Fabiani, pour qui « les tensions entre ces deux pays persistent et n’ont pas l’air de vouloir se terminer dans un avenir proche ». Point principal de contentieux, la question du Sahara occidental. Ancienne colonie espagnole bordant la Méditerranée, cette zone désertique de 266 000 km, riche en phosphate et en poisson, est contrôlée à 80 % par le Maroc. Une emprise territoriale que conteste Alger, soutien du Front Polisario, mouvement séparatiste sahraoui qui a la main sur les 20 % restants. Si l’idée d’un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, réclamé par le front séparatiste, s’est imposée avec l’accord de cessez-le-feu de 1991, elle ne s’est toujours pas réalisée. La persistance de différends aboutit en 1994 à la fermeture de la frontière algéro-marocaine, après que le Maroc a imposé un visa d’entrée sur son territoire aux citoyens algériens. Par ailleurs, en plus d’alimenter de « nombreuses violations des droits de l’homme contre les militants sahraouis », le conflit constitue un « obstacle majeur à l’intégration maghrébine » et dépasse à bien des égards le cadre des relations bilatérales, selon Sabina Henneberg, chercheuse spécialiste des relations internationales au Washington Institute.

Pour mémoire

Les enjeux derrière le rapprochement entre Madrid et Rabat

Ces derniers mois notamment, les deux voisins ont pris à partie les acteurs internationaux qui s’étaient positionnés sur la question. En avril dernier par exemple, l’Algérie a rompu ses relations avec l’Espagne après que Madrid a reconnu le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. De même, le 27 août dernier, Rabat a rappelé son ambassadeur à Tunis pour protester contre l’accueil dans la capitale tunisienne de Brahim Ghali, le chef du Front Polisario, invité à participer au forum de coopération Afrique-Japon. Forte de ses exportations d’hydrocarbures, l’Algérie a su s’imposer en partenaire privilégié des Européens alors que les cours du pétrole ont connu une envolée depuis l’invasion russe de l’Ukraine. De son côté, le Maroc peut se prévaloir d’un soutien non négligeable des États-Unis sur la scène internationale. Dès 2020, le royaume avait obtenu de Washington la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental, en échange de la signature des accords d’Abraham, actant sa normalisation avec Israël. En avril dernier, c’était au tour de l’Espagne de soutenir le plan d’autonomie marocain face à l’afflux de réfugiés entrés sur son territoire par les enclaves de Ceuta et Melilla, sous le regard approbateur du gouvernement marocain.

Absence de médiation

Dans ce contexte, alors que « la Ligue arabe a été fortement critiquée pour son dysfonctionnement et la désunion entre ses membres et que les résultats du sommet risquent d’être mineurs, estime Sabina Henneberg, la participation du Maroc pourrait être un moyen peu coûteux d’affirmer son importance dans la région sans avoir besoin de prendre des positions controversées. » « Un des problèmes principaux est l’absence de toute médiation entre les deux voisins, principalement à cause du refus algérien de ce genre d’initiative, mais aussi parce que les principales puissances étrangères hésitent à s’impliquer dans une crise diplomatique compliquée et craignent de s’aliéner un des deux pays », analyse Riccardo Fabiani. Après plus de deux ans de recherches infructueuses pour occuper le poste, l’Italien Staffan de Mistura a été désigné en octobre dernier comme nouvel émissaire de l’ONU chargé du conflit au Sahara occidental. Mais devant le manque de consensus entre les deux parties, il n’a « jusqu’à présent pas été en mesure de faire grand-chose », note la chercheuse. « Tant que cette crise ne connaît pas d’escalade militaire, estime Riccardo Fabiani, il se pourrait que les Occidentaux ne ressentent pas l’urgence d’intervenir. »

À l’approche du sommet de la Ligue arabe, organisé les 1er et 2 novembre, une rumeur se répand autour de la Méditerranée. Après des décennies de brouille entre le Maroc et l’Algérie, le roi marocain Mohammad VI pourrait se rendre à Alger pour participer à cet événement régional, créé historiquement pour affirmer l’unité de la nation arabe. Suite à une série...

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