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Sport - Football

Au PSG, le jet a bon train

À la veille de leur entrée en lice sur la scène européenne, Christophe Galtier et Kylian Mbappé se sont attirés les foudres des réseaux sociaux et d’une partie de la classe politique française. Une polémique déclenchée par le ton ironique adopté par l’entraîneur et le joueur parisien en réponse à une question posée en conférence de presse sur le recours au transport aérien. 

Au PSG, le jet a bon train

L'attaquant du PSG, Kylian Mbappé, rigolant lors de le conférence de presse de veille de match face à la Juventus Turin (Photo FRANCK FIFE / AFP)

Voilà une zone de turbulences dont les Parisiens se seraient bien passés. Présents à la traditionnelle conférence de presse de veille de match, avant d’accueillir la Juventus Turin en ouverture de la Ligue des Champions, Kylian Mbappé et son entraîneur Christophe Galtier ont suscité l’indignation générale en réagissant de façon sarcastique à une question qui ne l’était pas du tout.

Posée par un journaliste de la chaîne d’information française LCI, l’interrogation soulevait en substance le recours systématique à l’avion lors des déplacements à l’extérieur de l’équipe professionnelle du PSG. À la suite d’une vidéo postée par le milieu italien Marco Verrati, montrant ses coéquipiers plaisanter à bord de leur jet en direction de Nantes pour disputer leur 6e match de championnat, Alain Krakovitch, responsable des TGV, s’est valu d’un tweet interpelant le club de la capitale. « Paris-Nantes est en moins de 2 heures en TGV. Je re-re-renouvelle notre proposition d’offre TGV adaptée à vos besoins spécifiques, pour nos intérêts communs : sécurité, rapidité, services et écomobilité », écrivait-il le matin-même sur le réseau.

Après avoir repris les termes du dirigeant de la SNCF, le journaliste prolonge : « Est-ce une question que vous vous posez et est-ce que vous en avez déjà parlé à vos joueurs ? »

Un « char à voile » plus cata que marrant
Ce à quoi les deux intéressés répondent par un long silence... conclu par de grands éclats de rire. L’entraîneur parisien s’est ensuite fendu d’une boutade : « Je me doutais qu’on allait avoir cette question-là. Pour être très honnête avec vous, ce matin on a parlé avec la société qui organise nos déplacements et on est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile », ironise-t-il en coupant court à la discussion. Relancé sur la question des jets privés, Mbapé pouffe de nouveau avant de répondre qu’il n’en « pensait rien » et de prendre congé.

Cette interaction sur le ton rigolade n’a pas manqué de mettre quasi instantanément la « twittosphère » française en branle-bas de combat. Une fois l’extrait de la conférence partagé sur les réseaux sociaux, celui-ci s’est propagé comme une traînée de poudre. Une réaction en chaîne ayant fait parler jusque dans les plus hautes sphères de la politique française. Ministres, maires, députés, chacun y va de son commentaire rappelant l’importance de prendre la question du changement climatique au sérieux. Qui plus est au terme d’un été jalonné d’incendies et de sécheresse sans précédent dans l’Hexagone.

La fin de l’abondance ?
Il n’en fallait pas plus pour que les hommes et les femmes politiques français, dont la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, s’engouffrent dans la brèche.

Souvent friands de polémiques sur le dos des footballeurs, celle-ci semblait toutefois inévitable tant l’attitude et les propos tenus vont à contre-courant des appels répétés à la « sobriété énergétique ». L’utilisation abusive des jets privés par les plus privilégiés est depuis quelques mois devenue une source intarissable de controverses, encore plus avec la popularité grandissante de nombreux comptes tels que @Celebrity_jets ou @i_fly_bernard.

Pour mettre en lumière les excès de leurs fastueux trains de vie, ces internautes anonymes rendent publics via des applications de traçage aérien, les allers et venues des footballeurs, chanteuses ou autres patrons de grandes entreprises. La Ballon d’or argentin Lionel Messi s’était d’ailleurs déjà fait épingler pour ses 51 vols estivaux à bord de son jet personnel par l’association Attac, rejetant ainsi un volume de CO2 équivalent à celui d’un Français moyen en 150 ans.

Le tollé a tout de même eu le mérite de révéler l’existence de discussions entre dirigeants parisiens et ceux de la SNCF autour d’une possible collaboration. Elles n’auraient pour l’instant abouti sur aucun accord, notamment à cause de la question des trains de nuit.

L’appel de Liverpool
Taper sur les footballeurs a toujours eu bon dos, particulièrement en France. Mais cet état de fait ne donne pas pour autant le droit aux acteurs du ballon rond de balayer d’un revers de la main un sujet aussi central dans l’opinion publique. Car l’affaire n’est pas aussi démagogique qu’elle n’en a l’air. S’il est évident que faire patienter Mbappé, Messi, Neymar et leurs compères sur un quai de la gare Montparnasse serait une résolution ubuesque, d’autres solutions bien plus sécurisées sont envisageables. D’autant que le maillage centralisé du réseau français rend le recours aux voies ferrées au départ de la capitale bien plus simple qu’ailleurs.

En offrant désormais la possibilité de privatiser des rames, voire des trains entiers, la compagnie ferroviaire souhaite s’imposer comme le futur moyen de transport privilégié des clubs professionnels. Eux qui n’effectuent à l’heure actuelle que 4 % de leurs déplacements sur les chemins de fer, pour plus de 60 % par voie aérienne. Un changement de paradigme encore loin d’être acté mais qui semble déjà avoir pendu sa crémaillère dans la bulle souvent hermétique du ballon rond.À titre d’exemple, les joueurs et le staff des Girondins de Bordeaux n’ont eu aucun mal à se contenter d’un aller-retour en TGV pour aller s’imposer sur la pelouse du Paris FC le week-end dernier. Si le sextuple champion de France ne peut se targuer de susciter autant de foules que la constellation de stars de la capitale, l’excuse ne tient plus face au mythique club anglais de Liverpool. À l’image des Bordelais, les Reds avaient aussi privilégier le rail en se rendant à la capitale défier les Londoniens de Fulham lors de la 1ère journée de Premier League. En Espagne, l’écurie andalouse du Betis Séville a récemment renouvelé son partenariat avec la Renfe, compagnie ferroviaire espagnole, pour l’intégralité de ses déplacements cette saison.

À l’approche de la Coupe du Monde au Qatar, la question environnementale s’impose de façon inédite sur la planète foot. Semblant toujours graviter dans un univers parallèle, elle vient une fois encore d’être ramenée sur terre par des observateurs au regard de plus en plus critique. Les Parisiens, tout comme leurs 19 adversaires de Ligue 1, prendront peut-être conscience qu’éviter l’usage de l’avion, lorsque cela est possible d’un point de vue logistique, n’équivaut pas non plus à leur demander la lune. Si elle les a certainement bien contrariés, cette piqûre de rappel sur l’urgence climatique ne devrait pas non plus les avoir trop perturbés dans leur préparation du match face à la Juventus Turin. Il serait bien regrettable qu’une telle histoire empêche l’écurie parisienne de lancer son parcours européen sur de bons rails. 

Voilà une zone de turbulences dont les Parisiens se seraient bien passés. Présents à la traditionnelle conférence de presse de veille de match, avant d’accueillir la Juventus Turin en ouverture de la Ligue des Champions, Kylian Mbappé et son entraîneur Christophe Galtier ont suscité l’indignation générale en réagissant de façon sarcastique à une question qui ne...

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Le football, résumé en 10 secondes: un ballon à la place du cerveau... Jeunes blasés !

B Malek

12 h 06, le 07 septembre 2022

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  • Le football, résumé en 10 secondes: un ballon à la place du cerveau... Jeunes blasés !

    B Malek

    12 h 06, le 07 septembre 2022

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