Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Apprendre à vivre avec nos problèmes et nos soucis

Dans la vie, certaines personnes sont aux prises avec des problèmes dont elles cherchent en vain la solution. Cela prouve une fois de plus que l’être humain est normalement sujet à l’anxiété, à la peur, aux soucis, voire à un sentiment de culpabilité.

C’est, au contraire, une réaction tout à fait normale. Comment ne pas se tourmenter quand on est menacé de perdre sa situation, quand on aime un être qui ne nous aime pas, quand la maladie s’abat sur nous et que nos dettes nous accablent sans perspective de sortir indemnes ?

« Aucun homme de notre génération, s’il possède quelque sens des réalités et des responsabilités, ne peut vivre sans des appréhensions. » Au reste, être libéré de tout sentiment d’inquiétude nous serait néfaste, car la lutte contre les dangers environnants fait partie de notre héritage ; elle est un des nombreux éléments de l’aventure humaine. « Ne cédons jamais au désespoir. »

Les hommes, pour la plupart, répugnent à attaquer de front les difficultés qu’ils rencontrent ; force est pourtant de reconnaître, une fois l’épreuve surmontée, que jamais nous ne nous en serions si bien tirés si l’inquiétude ne nous avait talonnés.

Moralement aussi, la lutte nous agrandit. Sa conscience, source de ses plus cruelles inquiétudes, fait de l’homme un être moral, de même que la peur engendre en lui la bravoure. Un philosophe résume la question lorsqu’il écrit : « Pour s’humaniser, l’homme doit passer par le creuset de la peur et des soucis. L’inquiétude est indispensable à notre développement moral. »

Mais si l’anxiété peut nous être salutaire, elle comporte aussi des pièges que nulle personne sensée ne saurait ignorer. Elle peut nous dominer. Elle peut aussi prendre des proportions telles que, pour lui échapper, nous essayons de fuir le réel. L’angoisse est un sentiment inhérent à la nature humaine, mais le seul fait de l’accepter nous confère une sorte de sagesse qui en allège le poids.

On peut énoncer ainsi un premier conseil : « À nos tourments réels, n’en ajoutons pas d’imaginaires. » Une chose insignifiante – nous en avons tous fait l’expérience – peut prendre à nos yeux une importance démesurée et fausser notre jugement. Souvent nous sommes accablés, non par un problème essentiel, mais par des craintes et des doutes mineurs qui viennent s’y greffer de notre fait, tels des coquillages sur la coque d’un navire déjà lourdement chargé. Nous avons bien assez de nos soucis quotidiens sans nous encombrer encore de ceux du passé ou de l’avenir. Combien de fois ne restons-nous pas éveillés la nuit à nous torturer l’esprit avec ce que nous aurions dû faire ou ce que nous « ferions » si tel ou tel événement se produisait ! « Que faire si... ? » nous demandons-nous avec désespoir, imaginant toutes sortes d’effroyables éventualités.

Mais il est essentiel de ne pas oublier que, demain, nous verrons d’un autre œil ce qui nous préoccupe tellement aujourd’hui, à supposer que nous y pensions encore. Un des moyens les plus simples de placer les problèmes sous leur vrai jour est de se poser la question : « Y attacherai-je encore de l’importance dans un an ou même la semaine prochaine ? »

Le père d’un enfant infirme se lamentait auprès d’un religieux enseignant : « Cette épreuve est trop cruelle, je ne pourrai jamais la supporter toute mon existence. » « Votre croix, lui répondit son interlocuteur, ne sera pas plus lourde à porter demain qu’elle ne l’est aujourd’hui. Avez-vous la force de la porter aujourd’hui ? »

Certaines personne connues vont dans ce travers et l’angoisse les conduit à leur perte. Tel un professeur du secondaire qui, piqué au vif par la calomnie dont il était l’objet, en vint à se mettre à dos ses collègues, même ceux qui étaient les plus enclins à lui venir en aide. Si nous ramenions à de justes proportions l’importance que nous attachons à notre personne, nos soucis nous paraîtraient moins lourds.

Le même sens des proportions nous aidera à ne pas exagérer le sentiment de notre culpabilité. Il nous arrive à tous de commettre à la légère, impulsivement, des actes qui entraînent toute une suite de conséquences déplorables. Nous laissons aussi passer des occasions merveilleuses, faute de finesse, faute de compréhension à l’égard d’autrui. Nous sommes tous capables, à l’occasion, d’égoïsme, d’étourderie, de méchanceté et de vengeance. Il est naturel que nous soyons désespérés quand cela nous arrive, mais nous n’avons aucune raison de nous croire relégués au ban de l’humanité parce que nous avons commis une faute. Personne n’est infaillible : « Celui qui n’admet pas la possibilité de se tromper ne peut espérer vivre longtemps en bonne intelligence avec lui-même. »

Avant de nous laisser aller à nos impulsions sous le coup de l’appréhension ou du désespoir, nous devrions toujours nous demander : « Suis-je vraiment convaincu que ce que je vais faire contribuera à améliorer les choses ? Ou bien suis-je en train de tourner frénétiquement en rond comme un enfant piqué par une guêpe ? » Si, au lieu de nous dérober devant le malheur ou l’incertitude, nous apprenons à leur faire face, nous nous apercevrons, le moment venu, qu’il existe des solutions saines. Le moindre effort pour sortir d’embarras est salutaire, car c’est en affrontant une épreuve que l’on acquiert la force de faire face à la prochaine.

Les situations exceptionnelles ne créent pas les héros ou les lâches, a dit un grand théologien, elles les révèlent, c’est tout. Imperceptiblement, de même que nous passons de la vie active au sommeil et inversement, nous devenons des êtres forts ou faibles ; et c’est dans les moments critiques que nous prenons conscience du sens de notre évolution.

La plus grande sottise consiste peut-être à garder pour nous-mêmes les difficultés qui nous assaillent. Nos peines les plus lourdes s’allègent parfois si nous pouvons demander conseil à un ami ou un proche en qui nous avons confiance. Mais la sagesse humaine a des limites : « Le seul moyen efficace de supporter de grands maux est de trouver de grandes consolations. » Dans ce domaine, il n’est pas de meilleur remède que la prière. Non pas : « Mon Dieu, épargne-moi cette épreuve », mais « donne-moi la force de la supporter ». Nous devrions nous comporter comme si nous étions certains d’être exaucés.

Enfin, nos tourments particuliers nous tiendraient moins à cœur si nous nous penchions davantage sur le prochain. Et combien nous serions réconfortés si nous considérions nos conflits personnels comme un simple élément de la lutte que mène la création tout entière pour croître et se renouveler !

C’est le destin de toute créature raisonnable de vivre avec ses ennuis, ses craintes, ses tourments. Mais il est en notre pouvoir de faire face à nos difficultés avec courage, calme et sagesse.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Dans la vie, certaines personnes sont aux prises avec des problèmes dont elles cherchent en vain la solution. Cela prouve une fois de plus que l’être humain est normalement sujet à l’anxiété, à la peur, aux soucis, voire à un sentiment de culpabilité.C’est, au contraire, une réaction tout à fait normale. Comment ne pas se tourmenter quand on est menacé de perdre sa situation,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut