La justice libanaise ordonné, mercredi, la saisie temporaire des biens de deux députés du mouvement chiite Amal accusés dans l'affaire de l'explosion meurtrière qui a détruit le port de Beyrouth il y a deux ans.
"La juge Najah Itani a émis un ordre de saisie temporaire d'une valeur de 100 milliards de livres libanaises sur les biens des députés Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter", a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
La décision de justice a été émise dans le cadre d'une plainte déposée par le barreau de Beyrouth auprès du tribunal civil de première instance de la capitale pour interroger les deux députés Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter", respectivement ancien ministre des Finances et ancien ministre des Travaux publics et des Transports, pour avoir "usé de leurs droits (...) de manière arbitraire en déposant des plaintes destinées à entraver l'enquête", a-t-on ajouté de même source. Le barreau réclame une compensation d'une valeur de 100 milliards de livres.
Le député Zeaïter n’a pas été visé par une saisie comparable à celle de son collègue, probablement parce que les avocats du barreau n’ont pas trouvé de biens-fonds inscrits en son nom dans le registre foncier, ce qui a fait dire aux observateurs que celui-ci semble avoir inscrit ses biens-fonds au nom d’autres personnes.
Réagissant à ce développement, les avocats des députés ont affirmé, dans un communiqué publié mercredi soir, que les 100 milliards de livres libanaises sont le montant réclamé "par le barreau de Beyrouth dans le procès intenté contre les députés, et non la valeur immobilière du domicile sur lequel la saisie a été placée". Une source judiciaire affirme cependant à l’OLJ qu’il ne s’agit pas seulement d’un appartement saisi mais de plusieurs biens-fonds appartenant au ministre, assurant ne pas pouvoir déterminer si la valeur des biens atteint les 100 milliards ou plus.
Les avocats des députés ont assuré, par ailleurs, qu'ils présenteront une réponse à ces "allégations", dont ils indiquent avoir pris connaissance dans les médias, une fois qu'ils seront officiellement notifiés de l'ordre de saisie et chercheront à le lever. Ils font valoir, en outre, que la diffusion de l'information en question dans les moyens d'information fait partie d'une "campagne de falsification entreprise pour des raisons politiques bien connues".
A la suite du drame du 4 août 2020 au port de Beyrouth, le barreau avait lancé des poursuites contre l'État au nom de près de 1.400 familles de victimes de l'explosion, qui a dévasté le port et plusieurs quartiers de la capitale, faisant plus de 200 morts et 6.500 blessés.
Les députés Khalil et Zeaïter, proches du président du Parlement Nabih Berry, figurent parmi les politiciens mis en cause qui ont déposé une vingtaine de plaintes au total contre le juge d'instruction Tarek Bitar pour entraver l'enquête, le forçant à suspendre ses investigations à plusieurs reprises. L'enquête est suspendue depuis fin décembre.
Les responsables de tous bords refusent d'être interrogés par le juge, que le Hezbollah pro-iranien omniprésent sur la scène politique libanaise accuse de politiser l'enquête, même si les autorités ont imputé le drame au stockage sans mesures de précaution d'énormes quantités de nitrate d'ammonium.
A l'occasion du deuxième anniversaire de la tragédie, les proches des victimes ont réclamé une enquête internationale sur les causes de l'explosion, considérée comme l'une des plus importantes non-nucléaires jamais enregistrées dans le monde. Ses causes sont toujours inconnues, tout comme l'identité des responsables, dans un pays où règne très souvent l'impunité.
commentaires (10)
Pété de rire, hihihi!
Christine KHALIL
21 h 17, le 11 août 2022