Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Les Américains font-ils assez pour sauver le Liban ?

Selon la dernière conjoncture économique publiée par la Banque mondiale, le Liban est confronté à l’une des pires crises économiques et financières jamais connues dans les 150 dernières années. La banque indique que le PIB réel a diminué de 10,5 % en 2021, après une baisse de 21,4 % enregistrée en 2020. Globalement, l’économie du Liban s’est repliée de près de 60 % depuis 2019, ce qui représente la plus forte contraction des 193 pays analysés pendant cette période. La livre libanaise a perdu 92 % de sa valeur au cours des deux dernières années et la pauvreté a atteint de nouveaux sommets.

Alors que l’économie libanaise continue de s’effondrer, les espoirs de nombreux citoyens libanais se tournent de plus en plus vers le pays de l’oncle Sam. Selon de nombreux analystes, Washington a le pouvoir de lancer une bouée de sauvetage économique tout en imposant les changements politiques dont le Liban a besoin en déresponsabilisant les acteurs politiques sectaires et leurs sponsors régionaux. Jusqu’à présent, les États-Unis n’ont offert qu’un soutien ad hoc, faisant le minimum pour éviter le naufrage total du pays. Au lieu de cela, ils ont confié le dossier du Liban à la France. Cependant, Paris n’avait réellement aucune menace de répercussion pour encourager une classe dirigeante prétendument très corrompue à changer de comportement. C’est peut-être vrai, mais la France a au moins une raison de s’intéresser au Liban, puisque ces deux pays possèdent une relation forte depuis la création du pays du Cèdre en 1920.

Si l’on s’en tient au passé, les États-Unis n’ont aucune raison impérieuse d’intervenir dans le conflit libanais. Avant la guerre civile, qui s’est déroulée de 1975 à 1990, faisant quelque 150 000 morts, des centaines de milliers de blessés et deux millions de déplacés, le Liban était considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. L’inquiétude suscitée par l’implication d’Israël a amené Washington à se rendre au Liban dans le cadre d’une mission nominale de maintien de la paix qui s’est terminée de manière désastreuse, avec des attentats à la bombe contre l’ambassade américaine et les casernes du corps des marines.

Alors que le Liban s’enfonce dans une crise financière qui risque de devenir structurelle, notamment après l’explosion gigantesque au port de Beyrouth, les États-Unis continuent d’être le plus grand donateur étranger en fournissant une aide de plus de 500 millions de dollars depuis octobre 2020. Un autre pilier du soutien américain au Liban est l’aide de Washington aux forces armées libanaises, qui jouent un rôle important dans la sauvegarde de la souveraineté libanaise. L’armée reste l’épine dorsale de la stabilité du pays et cela est dû en grande partie au soutien fort et continu des États-Unis.

Mais est-ce suffisant pour sortir le Liban de cette impasse sans fin ?

Pour maintenir le pays en vie, le Liban a besoin d’une diplomatie intensive avec l’engagement ou le leadership des États-Unis pour s’assurer que nous atteignons la fin de l’année 2022 avec un gouvernement efficace qui peut répondre aux besoins d’un peuple meurtri, ce qui est une tâche difficile. Une partie de cette diplomatie devrait consister à pousser à la formation d’un gouvernement qui puisse mettre de côté la « partisanerie » sectaire et commencer à relever les énormes défis.

Les Libanais veulent que les États-Unis cessent de voir le Liban à travers le prisme israélien ou iranien et espèrent plutôt qu’ils élaboreront une politique plus globale centrée sur le développement d’une démocratie ambitieuse. En fait, Washington soutient indéfectiblement l’État hébreu depuis des décennies et n’est pas prêt de changer maintenant. Ce pays compte beaucoup plus pour les États-Unis que le Liban, qui est en crise depuis près d’un demi-siècle. Quant à l’Iran et à sa puissante aile politique, le Hezbollah, Washington est surtout préoccupé par le programme nucléaire de Téhéran, tandis que les Saoudiens, les Émiratis et les Israéliens exigent des restrictions sur son arsenal. Dans le fond, l’Iran n’est pas prêt à désarmer, y compris le Hezbollah, face à des « ennemis » encore plus répressifs et agressifs armés par l’Amérique, comme l’Arabie saoudite. Il n’est pas non plus possible pour les autorités libanaises de contrôler ce groupe sans risquer une nouvelle guerre civile.

Le peuple libanais mérite un avenir d’espoir et d’opportunités. Cependant, même si les Américains essaient d’aider, en fin de compte, le destin du Liban n’appartient qu’à lui-même. Tant que cette douloureuse leçon n’est pas comprise et acceptée, le Liban a malheureusement peu de chance de se relever de ses cendres.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Selon la dernière conjoncture économique publiée par la Banque mondiale, le Liban est confronté à l’une des pires crises économiques et financières jamais connues dans les 150 dernières années. La banque indique que le PIB réel a diminué de 10,5 % en 2021, après une baisse de 21,4 % enregistrée en 2020. Globalement, l’économie du Liban s’est repliée de près de...

commentaires (2)

Très intéressant votre édito mais tant qu’il y a le Hezbollah inutile que l’Amérique aide le Liban

Eleni Caridopoulou

17 h 45, le 01 août 2022

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Très intéressant votre édito mais tant qu’il y a le Hezbollah inutile que l’Amérique aide le Liban

    Eleni Caridopoulou

    17 h 45, le 01 août 2022

  • Deplacee et fausse cette question ! faut plutot demander SI LES LIBANAIS font assez pour le LIban ! alors la, la reponse est evidente n'est ce pas !

    Gaby SIOUFI

    14 h 56, le 01 août 2022

Retour en haut