… J’ai vu nos soldats unis et soudés se précipiter au front pour mener l’affrontement afin d’abattre le danger épiant. Je les ai vus faire leurs adieux, je les ai vus sourire pour la dernière fois.
Que craignaient-ils sur leur chemin… La guerre ? La mort ? Avaient-ils Dieu dans l’âme et le Liban dans le cœur ?... Ils avaient alors tout, et leurs craintes se sont certainement évanouies. Parce qu’ils ont aimé leur pays par-dessus tout, ils ont été capables de tous les dévouements, de toutes les bravoures, pour s’égaler à l’idéal du sacré devoir patriotique. Ces guerriers nobles, glorieux et vaillants, affamés de vertus et assoiffés de justice, allant jusqu’à la mort et jusqu’au martyre. Ils ont été héroïques, offrant leurs vies pour laver avec leur sang notre pays des taches d’iniquité, d’injustice et d’usurpation qui nous ont salis. Ils seront vainqueurs et leurs têtes seront couronnées de gloires immortelles.
Si notre pays avait, maintes fois, négligé sa défense, ignoré ses soldats, perdu des batailles, il n’en était pas moins apparu de tous les temps comme capable, par excellence, des plus grandes actions… Notre pays n’existera que par la force et la foi de nos héroïques soldats… Car les hommes qui se sont levés dans l’héroïsme se coucheront près de Dieu pour que viennent à leur tour des offrandes et des souffrances nouvelles qui feront lever d’autres hommes… Afin que l’histoire de mon peuple et de mon pays porte le nom de la liberté sacrée…
Nos soldats ont lutté, affronté et combattu pour défendre notre patrie des maux qui la guettent. Les uns sont rentrés vainqueurs, fiers et nobles, couronnés des lauriers de la gloire, les autres sont tombés, ont été piégés, pris et attrapés par la vengeance et la haine. On les a coincés, on les a surpris, on les a dupés, bernés et saisis dans la sauvagerie, dans la barbarie et l’inhumanité. Ils sont tombés en martyrs pour rejoindre les autres, à commencer par ceux qui se sont levés les premiers pour cette guerre, jusqu’à ceux qui sont rentrés les derniers dans la lice : tous généreux et magnanimes, ils ont lutté avec dignité et, comme de vaillants guerriers, ils sont tombés, blessés, le visage tourné vers l’ennemi. À nous, ils ont laissé, au prix de leur sang, l’honneur et la gloire.
Quant à moi, accablée et endeuillée par ces pertes humaines, je voudrais, malgré les contraintes, pouvoir raconter l’histoire des martyrs du Liban, tous les martyrs, non pas par présomption ni audace ou arrogance, mais pour rentrer en communion avec eux, en espérant le pardon de tous les péchés et les fautes que nous commettons envers notre patrie et nos défunts.
Notre patrie a besoin de tous ses hommes, des armes de la foi, de la cuirasse de la vérité, de l’épée des espoirs absolus, de la lance de la sincérité, pour retrouver son existence et renaître à la vie, une vie honnête et paisible, que nos martyrs ont voulu, par leur mort, nous laisser…
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.
commentaires (0)
Commenter