Le président du syndicat des boulangers du Mont-Liban et de Beyrouth, Ali Ibrahim, a annoncé mercredi sa démission, regrettant le fait qu'il "ne peut plus rien faire pour protéger les propriétaires de boulangeries", dans un contexte de grave crise au Liban et de pénuries et ruptures de stocks.
"Après l'exacerbation des crises récurrentes dans le secteur et après que les propriétaires de boulangeries ont été tenus responsables de la situation, je ne pouvais pas être un faux témoin de tout ce qui se passe", a affirmé M. Ibrahim dans un communiqué.
De longues files d'attente se forment depuis des semaines devant les boulangeries à travers le pays. La guerre en Ukraine a en effet perturbé les importations de blé, d'où le Liban assure plus de 70% de ses besoins en matières céréales.
Le ministre sortant de l'Economie, Amine Salam, avait accusé les boulangeries de stocker du blé et certains commerçants de bénéficier du blé subventionné. Le 8 juin, M. Salam avait déclaré que des sources de sécurité l'avaient informé que 40 % du blé arrivant au Liban faisait l'objet de contrebande vers l'étranger, notant que "des ballots de pain sont passés en contrebande (vers la Syrie) sur des mules".
Jeudi dernier, les commissions parlementaires avaient approuvé un prêt de 150 millions de dollars de la Banque mondiale (BM) au Liban pour financer les importations de blé. Le prêt, qui avait été approuvé par la BM le 6 mai, a été octroyé pour "éviter la perturbation de l'approvisionnement en blé à court terme et contribuer à garantir du pain à un prix abordable pour les ménages pauvres et vulnérables", avait déclaré un porte-parole de la BM à notre publication anglophone L'Orient Today.