L'ONG Human Rights Watch (HRW) a demandé à la France de donner son "feu vert" pour l'ouverture d'une enquête internationale sur l'explosion meurtrière au port de Beyrouth, qui a tué plus de 220 personnes et blessé 6.500 autres le 4 août 2020, tout en dénonçant ce qu'elle estime être "l'inaction" du président Emmanuel Macron en la matière.
Dans une tribune publiée dans Le Monde dimanche, la chercheuse sur le Liban pour HRW, Aya Majzoub, et la directrice d'HRW France, Bénédicte Jeannerod, font valoir qu'"Emmanuel Macron a non seulement fait marche arrière par rapport à ses promesses, mais aussi offert une bouée de sauvetage à la classe politique libanaise en difficulté à travers sa +feuille de route+ de réformes, certes ambitieuse mais non respectée".
Au Liban même, l'enquête piétine en raison de nombreuses ingérences politiques, alors que parallèlement des proches de victimes ont lancé lundi une campagne contre la démolition des silos de blé de la capitale, quasiment dévastés par les explosions, une option envisagée par les autorités.
Peu de temps après l'explosion, le président français s'était rendu à Beyrouth et avait plaidé en faveur d'un audit de la banque centrale, de la nomination d'un gouvernement provisoire et de législatives anticipées dans un Liban en pleine crise. Il avait également exprimé la nécessité de l'ouverture rapide d'une enquête internationale, ce que rappellent les deux autrices de la tribune. "L’inaction de la France au Conseil des droits de l’homme contraste aussi fortement avec les engagements d’Emmanuel Macron envers les victimes", selon elles.
Aya Majzoub et Bénédicte Jeannerod expliquent aussi avoir rencontré nombre de diplomates à Beyrouth, organisé des conférences, écrit des lettres aux membres du Conseil des droits de l'homme. "Dans toutes nos conversations revient un point d’achoppement central : la nécessité du +feu vert+ de la France pour que d’autres pays soutiennent publiquement un mécanisme d’enquête", concluent-elles.
"Culture de l'impunité"
"Durant la session en cours du Conseil des droits de l’homme, la France devrait prendre la tête d’un groupe d’États partenaires pour dénoncer la culture de l’impunité au Liban, en vue de l’obtention, lors de la prochaine session, d’une résolution établissant une enquête internationale sur l’explosion", réclament concrètement les deux membres de l'organisation, qui listent tous les obstacles à l'enquête au Liban : "l'ingérence politique flagrante, l’immunité accordée à des responsables politiques de haut niveau, le non-respect des normes de procès équitable et des violations des procédures régulières".
Près de deux ans après le drame, l'enquête piétine toujours au Liban à cause de multiples manœuvres politiques. Elle est actuellement suspendue en raison des nombreux recours à l'encontre du juge Tarek Bitar en charge du dossier, présentés par de hauts responsables politiques, dont les députés Ghazi Zeaïter, Ali Hassan Khalil et l'ancien ministre des Travaux publics Youssef Fenianos. Les proches de victimes appellent régulièrement le gouvernement à accélérer la signature d'un projet de nomination judiciaire qui permettrait une reprise de l'enquête.
La tribune de HRW a été publiée à la veille de la 23e commémoration mensuelle des explosions. Au cours de cet événement, devant le port de Beyrouth, plusieurs proches de victimes et le président du conseil de l'Ordre des ingénieurs ont pris la défense des silos à grain du port, que les autorités veulent démolir.
commentaires (4)
pourquoi continuer a rappeler la triste intervention de macron ? ET, pourquoi demander l'autorisation pur cette requete , je ne comprend pas !
Gaby SIOUFI
09 h 42, le 06 juillet 2022