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Nos Lecteurs ont la Parole

Qu’est-ce qu’un grand homme ?

Il y a dans l’activité d’un grand homme deux parts : il joue deux rôles ;

on peut marquer deux époques dans sa carrière.

Il comprend mieux que tout autre les besoins de son temps, les besoins réels, actuels, ce qu’il faut à la société.

Il le comprend, et il sait aussi mieux que tout autre s’emparer de toutes les forces sociales et les diriger vers ce but. De là son pouvoir et sa gloire : c’est là ce qui fait qu’il est, dès qu’il paraît compris, accepté, suivi ; que tous se prêtent et concourent à l’action qu’il exerce au profit de tous.

Il ne s’en tient point là : les besoins réels et généraux de son temps à peu près satisfaits, la pensée et la volonté du grand homme vont plus loin. Il s’élance hors des faits actuels ; il se livre à des vues qui lui sont personnelles ; il se complaît à des combinaisons plus ou moins vastes, plus ou moins spécieuses, mais qui ne se fondent point, comme ses premiers travaux, sur l’état positif, les instincts communs, les vœux déterminés de la société, en combinaisons lointaines et arbitraires, il veut, en un mot, étendre indéfiniment son action, posséder l’avenir comme il a possédé le présent.

Ici commencent l’égoïsme et le rêve : pendant quelque temps, et sur la foi de ce qu’il a déjà fait, on suit le grand homme dans cette nouvelle carrière ; on croit en lui, on lui obéit ; on se prête, pour ainsi dire, à ses fantaisies, que ses flatteurs et ses dupes admirent même et vantent comme ses plus sublimes conceptions.

Cependant le public, qui ne saurait demeurer longtemps hors du vrai, s’aperçoit bientôt qu’on l’entraîne où il n’a nulle envie d’aller, qu’on l’abuse et qu’on abuse de lui. Tout à l’heure le grand homme avait mis sa haute intelligence, sa puissante volonté au service de la pensée générale, du vœu commun ; maintenant il veut employer la force publique au service de sa propre pensée, de son propre désir ; lui seul sait et veut ce qu’il fait.

On s’en inquiète d’abord ; bientôt on s’en lasse ; on le suit quelque temps, mollement, à contrecœur ; puis on se récrie, on se plaint, puis enfin on se sépare ; et le grand homme reste seul, et il tombe ; et tout ce qu’il avait pensé et voulu seul, toute la partie purement personnelle et arbitraire de ses œuvres tombe avec lui.

Par contre, le vrai grand homme qui a su relever la France et la placer parmi les grands de ce monde fut Charles de Gaulle. Un homme hors du commun. Le chêne est tombé. La France est veuve. En 1940, il a sauvé l’honneur. En 1944, il a conduit le pays à la libération et à la victoire. En 1958, il a épargné à la France la guerre civile. Il a donné à la France actuelle ses institutions, son indépendance, sa place dans le monde. Il est mort les mains vides, la tête haute, la conscience tranquille.

Au Liban, les grands hommes n’ont jamais manqué. Comme de Gaulle, le général Fouad Chéhab illustre les mêmes qualités. Il a donné au Liban le droit de se gouverner. Il n’a pas manqué de donner à son pays de nouvelles institutions.

Par son courage, sa ténacité, sa droiture, il a su insuffler au pays un nouveau départ. Comme de Gaulle, il a quitté ce monde les mains vides, la tête haute, la conscience tranquille. C’est ce qu’on appelle un grand homme.


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Il y a dans l’activité d’un grand homme deux parts : il joue deux rôles ;on peut marquer deux époques dans sa carrière.Il comprend mieux que tout autre les besoins de son temps, les besoins réels, actuels, ce qu’il faut à la société.Il le comprend, et il sait aussi mieux que tout autre s’emparer de toutes les forces sociales et les diriger vers ce but. De là son pouvoir et...

commentaires (1)

Nous avons besoin d’un de Gaulle et d’un Fouad Chehab ?

Eleni Caridopoulou

19 h 02, le 04 juillet 2022

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Commentaires (1)

  • Nous avons besoin d’un de Gaulle et d’un Fouad Chehab ?

    Eleni Caridopoulou

    19 h 02, le 04 juillet 2022

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