Ouvrir, par une lecture critique, la grille d’une œuvre qui conteste des modèles idéologiques et des pratiques en vigueur dans un contexte socio-historique donné, tel est l’objectif de ce recueil de six études intitulé Des romans et des causes, publié aux éditions Dar Saer el-Machrek en 2021. « Cet ouvrage a été rédigé après la double explosion du 4 août 2020. Il cible, en particulier, un public d’étudiants et de chercheurs pour les pousser à découvrir les romans de quatre auteurs libanais et de deux auteurs français qui transcrivent, dans leurs textes, la vision du monde et des groupes sociaux auxquels ils appartiennent. Leur discours toutefois se désolidarise de cette vision et la subvertit », explique Hoda Rizk Hanna. Celle qui a enseigné la littérature française pendant trente-trois ans à l’Université libanaise offre aux lecteurs, dans un style fluide et concis, les analyses de Pluie de juin de Jabbour Douaihy, Villa des femmes de Charif Majdalani, Courrier de nuit de Hoda Barakat, Cerf-volant de Dominique Eddé, Rue des voleurs de Mathias Énard et Petites scènes capitales de Sylvie Germain. L’approche critique de ces romans, rédigée sur 143 pages, a été faite à partir des composantes de la narratologie : fiction, action, narration et mise en discours. « À travers ce recueil d’études, j’ai cherché à tracer des grilles de lecture qui faciliteraient la transmission des messages scellés dans ces six romans. Les causes défendues dans ces récits portent des valeurs qu’il s’agit de cultiver et de préserver pour le bien de tous. J’ai tenté également de souligner la pertinence des procédés narratifs, la beauté délicate des figures du discours, la surdétermination des personnages et leur prégnance dans les textes étudiés », précise Hoda Rizk Hanna.
Lire, une nécessité
Afin de rendre la lecture des titres majeurs de la littérature française et francophone accessibles à tous, la professeure Rizk Hanna a publié, en 2010 aux éditions Dar el-Machreq, son ouvrage critique Petites clefs pour grandes œuvres. Au fil des années, ses analyses littéraires ont elles aussi fait l’objet de nombreuses publications dans des revues spécialisées. Cette professeure retraitée a toujours incité ses étudiants à échanger autour de la littérature en les guidant notamment à débattre autour des livres dans le cadre du prix Goncourt Choix de L’Orient. « Lire permet de s’ouvrir à autrui, de partager ses cogitations, ses craintes, ses rêves. Cette activité permet de mieux comprendre la vie des autres et la sienne et entraîne une sorte d’introspection et une rétrospection », note la docteure en littérature française. Cette dernière souligne qu’il est important que la nouvelle génération puisse découvrir le travail des auteurs libanais, qu’ils soient francophones, arabophones ou anglophones. « Ces écrivains nous parlent de notre réalité, ils ont les mêmes problèmes que nous, ils courent les mêmes risques et nourrissent la même colère. Leurs personnages nous ressemblent, ils crient nos propres maux, ils nous suggèrent aussi les moyens d’en guérir. » Hoda Rizk Hanna rappelle enfin l’importance de la littérature, cet héritage qui nous permet d’avoir « un regard plus indulgent ou plus exigeant sur le monde pour comprendre la réalité et tenter de la transformer ».
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