La vidéo d'un homme agressant des travailleurs présumés dans son entreprise, à moitiés nus, dont deux Libanais et un Syrien à Kartaba, dans la région de Jbeil, a provoqué un tollé mercredi au Liban sur les réseaux sociaux. Selon notre correspondant dans le Nord Michel Hallak, l'employeur, qui s'est filmé en train de leur donner des coups, prétend que les ouvriers, qui travaillent dans son commerce agricole, auraient volé une montre et des lunettes de soleil.
Cette version a été démentie par les travailleurs qui auraient assuré à leur employé "qu'aucun d'entre eux n'avait commis de vol". Cela a poussé ce dernier "à faire appel à un groupe de jeunes pour l'aider à déshabiller les travailleurs et à les battre sévèrement", tout en filmant son acte. Il a par la suite publié la vidéo, explique notre correspondant. Les ouvriers, qui avaient procédé à une collecte de cerises, affirment par ailleurs que l'employeur ne leur a pas versé leurs salaires.
Ces images ont suscité la colère dans le Akkar (Liban-Nord), d'où sont originaires les deux travailleurs libanais battus. Les villageois ont demandé aux forces de sécurité d'ouvrir une enquête rapide afin de déterminer les circonstances de cet incident et de réclamer des comptes. Dans un communiqué, la municipalité de Fneidek a "fermement condamné cette agression" et estimé que les auteurs de ce "crime odieux méritent la punition la plus sévère".
Selon notre correspondant, des membres des familles des deux Libanais ont bloqué l'autoroute reliant les localités de Abdé et Halba à l'aide de pierres, de voitures et de mobylettes, et appelé les services de sécurité à arrêter les agresseurs.
Dans l'après-midi, les Forces de sécurité intérieure se sont exprimées au sujet des "vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux et qui montrent des agressions contre nombre de personnes". "Un homme a porté plainte auprès du commissariat de Akoura (Jbeil) contre nombre de travailleurs chez lui qui auraient volé 100 millions de livres libanaises, le 20 juin 2022", a indiqué la police dans un tweet. Cette plainte a par la suite été transférée à la police judiciaire de Jounieh, ajoute-t-elle. Elle a enfin affirmé avoir ouvert une enquête aujourd'hui sur les agressions contre les travailleurs et convoqué leur employeur pour l'interroger.
توضيح حول الفيديوهات التي انتشرت عبر وسائل التواصل الاجتماعي وتظهر اعتداءات بالضرب على عدد من الاشخاص. #قوى_الأمن pic.twitter.com/5OVH85hxTu
— قوى الامن الداخلي (@LebISF) June 22, 2022
Selon les manifestants du Akkar, l'employeur a par la suite été relâché, ce qui les a poussés à descendre dans la rue et à "exiger qu'il soit à nouveau arrêté et puni pour avoir battu les travailleurs".
Les agressions contre des travailleurs, notamment étrangers, sont malheureusement fréquentes, dans un Liban en plein effondrement économique et où la situation sécuritaire s'est fortement dégradée.
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