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Face au "chantage" gazier de Moscou, l'UE se tourne vers Israël


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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Photo Menahem KAHANA / AFP

L'Union européenne veut "renforcer" sa coopération énergétique avec l'Etat hébreu en réponse au "chantage" de la Russie, qui a coupé ses livraisons de gaz à des pays européens, a soutenu mardi en Israël la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

"Le Kremlin a utilisé notre dépendance aux énergies fossiles russes pour nous faire du chantage (...) la Russie a délibérément coupé ses approvisionnements de gaz à la Pologne, la Bulgarie et la Finlande, à des entreprises néerlandaises et danoises en représailles à notre soutien à l'Ukraine", a-t-elle accusé alors que le géant russe Gazprom a annoncé mardi baisser de plus de 40% sa capacité quotidienne de livraison vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream.

"Le comportement du Kremlin ne fait que renforcer notre volonté de nous libérer de notre dépendance aux énergies fossiles russes", a affirmé Mme von der Leyen. "Par exemple, nous explorons actuellement des voies pour renforcer notre coopération énergétique avec Israël", a-t-elle expliqué, citant un projet de câble électrique sous-marin reliant l'Etat hébreu, Chypre et la Grèce et un "pipeline" en Méditerranée orientale.

Israël travaille d'arrache-pied pour pouvoir exporter une partie de ses vastes ressources gazières en mer vers l'Europe, qui cherche à remplacer les achats de combustibles fossiles russes depuis l'invasion de l'Ukraine fin février et les sanctions contre Moscou.

Des "annonces" concernant une coopération énergétique "avec Israël et d'autres partenaires dans la région" doivent être faites "dans les prochains jours", a indiqué de son côté une porte-parole de la Commission européenne, précisant que Mme von der Leyen se rendrait en Egypte après Israël. Et signe aussi de mouvement dans ce dossier, la ministre israélienne de l'Energie, Karine Elharrar, a indiqué s'être rendue dès mardi en Egypte en vue "de signer un protocole d'accord pour l'exportation de gaz naturel d'Israël et de l'Égypte vers les pays de l'UE".

De la mer à la terre 

Israël a commencé à produire du gaz après la découverte au début des années 2010 de plusieurs réservoirs au large de ses côtes en Méditerranée, avec des réserves chiffrées à environ 1.000 milliards BCM (milliard de mètres cubes). Mais deux problèmes de taille se posent pour Israël: l'absence de gazoduc pour relier ses plateformes de forage en Méditerranée aux marchés du sud de l'Europe et un différend avec le Liban voisin sur la délimitation d'une partie de sa zone de droit exclusif.

Trois grandes options s'offrent à Israël pour exporter son gaz vers l'Europe: l'acheminer vers l'Egypte, via un pipeline déjà en place, pour ensuite le liquéfier et le transporter par bateau en Europe; construire un gazoduc vers la Turquie; ou construire une nouvelle route des hydrocarbures directement vers le sud européen, en passant par Chypre et la Grèce. Mais ce dernier projet, baptisé EastMed, est chiffré à près de six milliards d'euros et pourrait prendre du temps à se concrétiser. Aussi, des responsables israéliens ont plaidé pour que l'Italie s'y greffe.

En visite aussi en Israël, le Premier ministre italien Mario Draghi a plaidé pour une coopération gazière bilatérale sans lever le voile sur la route que pourrait emprunter le gaz israélien pour rejoindre l'Italie. "Nous travaillons ensemble afin d'utiliser les ressources gazières de la Méditerranée orientale et pour développer des énergies renouvelables. Nous voulons réduire notre dépendance au gaz russe", a déclaré M. Draghi aux côtés de M. Bennett.

Et le Liban ? 

La découverte de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a attisé le contentieux frontalier entre le Liban et Israël. En octobre 2020, les deux pays, techniquement en état de guerre, avaient entamé des pourparlers pour délimiter leur frontière maritime et lever les obstacles à la prospection d'hydrocarbures. Mais ces discussions sont suspendues depuis mai 2021 en raison de différends concernant la zone contestée de Karish. Des tensions ont ressurgi la semaine dernière avec l'arrivée d'un navire affrété pour le compte de l'Etat hébreu par la société d'exploration Energean Plc, le Liban accusant Israël d'opérer dans une zone contestée.

Mais Israël assure que le gisement gazier n'était pas dans les eaux contestées, ce que porte aussi à croire une analyse des images satellites réalisée par le quotidien israélien Haaretz. "J'ai hâte du jour où le Liban tirera profit du gaz naturel en ses eaux. Mais malheureusement ses dirigeants sont plus occupés à se battre, en interne et à l'extérieur, qu'à extraire du gaz pour leur peuple", a lancé mardi le Premier ministre israélien Naftali Bennett.

Le Liban a transmis mardi au médiateur américain Amos Hochstein, en visite à Beyrouth, une nouvelle proposition pour la délimitation des frontières maritimes avec Israël, excluant le champ de Karish mais élargissant la surface maritime (appartenant au Liban) de 860 km2 à environ 1.200 km2", a indiqué à l'AFP un responsable libanais informé des discussions.

L'Union européenne veut "renforcer" sa coopération énergétique avec l'Etat hébreu en réponse au "chantage" de la Russie, qui a coupé ses livraisons de gaz à des pays européens, a soutenu mardi en Israël la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
"Le Kremlin a utilisé notre dépendance aux énergies fossiles russes pour nous faire du chantage (...) la Russie a...