Deux ex-soldats jugés pour avoir voulu envoyer des mercenaires au Yémen

Le procès de deux anciens soldats de la Bundeswehr accusés d'avoir entrepris des démarches pour former un groupe de mercenaires censés combattre dans la guerre civile qui ravage le Yémen s'est ouvert jeudi en Allemagne.

Achim Allweyer et Arend-Adolf Grass, 52 et 60 ans, ont tenté de créer leur "organisation terroriste" après avoir reçu "des messages d'une voyante qu'ils ont compris comme des instructions contraignantes pour agir", selon les procureurs.

Ces deux anciens parachutistes de l'armée allemande ont été arrêtés en octobre 2021 alors qu'ils s'affairaient à mettre sur pied une "unité paramilitaire de 100 à 150 hommes", composée principalement d'anciens policiers ou soldats, avait alors rapporté le parquet fédéral de Karlsruhe, compétent pour les affaires de terrorisme. Ils sont, depuis, restés en détention provisoire. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu intervenir au Yémen pour "+pacifier+ la zone de guerre civile et forcer des négociations de paix entre les rebelles houthis et le gouvernement yéménite", au prix d'actes meurtriers et de pertes civiles.

Achim Allweyer s'était efforcé, en vain, d'établir un canal de communication avec des responsables du gouvernement saoudien dans l'espoir de faire financer le projet, selon le parquet. Les accusés comptaient offrir à leurs mercenaires un salaire de 40.000 euros mensuels. À terme, ils souhaitaient proposer les services de leur "société militaire privée" dans d'autres conflits.

Sept potentielles recrues avaient déjà été contactées quand les deux hommes ont été arrêtés par les forces spéciales dans le sud de l'Allemagne. Les accusés avaient travaillé par le passé pour la société de sécurité privée Asgaard, dont des médias allemands ont révélé en 2020 qu'elle était la plaque tournante d'un vaste réseau d'extrême droite.

Depuis 2014, une guerre civile voit s'affronter au Yémen les rebelles houthis, proches de l'Iran, et les forces pro-gouvernementales, soutenues par l'Arabie saoudite. En avril l'ONU a négocié un cessez-le-feu, renouvelé pour deux mois début juin. Ce conflit dans un des pays les plus pauvres du monde a causé la mort d'environ 380.000 personnes, d'après l'ONU, et forcé des millions de personnes à quitter leur foyer, ce qui en fait le pire désastre humanitaire en cours.