Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Yémen

La trêve renouvelée in extremis


La trêve renouvelée in extremis

Des combattants houthis inspectent les dégâts après un raid de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, à Sanaa, le 5 décembre 2017. Photo d'archives AFP/Mohammed HUWAIS

Le gouvernement et les rebelles houthis en guerre au Yémen ont accepté de renouveler in extremis la trêve en vigueur depuis le 2 avril pour deux mois supplémentaires, malgré des désaccords et des craintes de reprise des combats, a annoncé l'ONU jeudi.

Le pays le plus pauvre de la péninsule arabique est dévasté depuis plus de sept ans par la guerre opposant les houthis, des rebelles proches de l'Iran, et les forces du gouvernement, appuyées depuis 2015 par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite voisine. Plongé dans l'un des pires drames humanitaires au monde, le Yémen a connu néanmoins deux mois de relatif répit depuis le 2 avril, date de l'entrée en vigueur d'une trêve arrachée par l'ONU et censée se terminer jeudi soir. Ces dernières semaines, les négociations pour la reconduite de cette trêve ont piétiné en raison de désaccords persistants entre les deux parties au sujet de sa mise en application sur le terrain.

"Je voudrais annoncer que les parties au conflit ont accepté la proposition des Nations unies de renouveler la trêve actuelle au Yémen pour deux mois supplémentaires", a déclaré toutefois jeudi l'émissaire de l'ONU Hans Grundberg. "La prolongation prend effet à l'expiration de la trêve actuelle, aujourd'hui 2 juin 2022 à 19h00, heure du Yémen (16H00 GMT)", a-t-il indiqué dans un communiqué, précisant que la trêve était prolongée "selon les mêmes termes que l'accord initial".

Outre un cessez-le-feu relativement respecté, la trêve prévoit une série de mesures devant alléger la souffrance de la population, notamment la réouverture de l'aéroport de la capitale Sanaa aux vols commerciaux, la facilitation de l'approvisionnement en carburant et la levée de sièges imposés à certaines villes. "Nous sommes fatigués de cette guerre et on n'en peut plus de cette situation", a témoigné Nabil al-Qanis, un habitant de la capitale Sanaa. "Toutes les parties doivent agir pour arrêter la guerre".

"Règlement durable" 

Hans Grundberg a mené de nombreuses consultations dans la région pour convaincre les différentes parties de la renouveler. La semaine dernière, il avait souligné les "effets positifs concrets" de la trêve pour environ 30 millions d'habitants éreintés par les combats, les déplacements, la faim, les maladies, la rareté de l'eau potable et un effondrement de l'économie. Pourtant, le gouvernement et les rebelles semblaient camper sur leurs positions respectives, en dépit des pressions internationales, en particulier de l'ONU et des Etats-Unis.

Le gouvernement reprochait notamment aux rebelles de toujours encercler la grande ville de Taëz (ouest), bloquant les routes principales. Les houthis réclamaient quant à eux des arrangements sur le versement des salaires des fonctionnaires ou encore les services de base dans les zones qu'ils contrôlent. Jeudi, l'émissaire de l'ONU a assuré qu'il continuerait à discuter avec les parties pour "mettre en oeuvre et consolider tous les éléments de la trêve dans leur intégralité, et avancer vers un règlement politique durable du conflit".

A Washington, le président américain Joe Biden a "salué" le renouvellement de la trêve au Yémen, tout en exhortant les belligérants à la rendre "permanente". De son côté, l'Arabie saoudite s'est dite "déterminée à soutenir les efforts de l'ONU pour une solution durable à la crise au Yémen", a rapporté l'agence de presse officielle SPA.

A Sanaa, Abdallah al-Youssifi espère lui aussi la fin durable du conflit. "Les Yéménites ne peuvent pas supporter davantage de souffrance. Toutes les parties sont concernées et doivent agir pour mettre fin à la guerre", a dit cet habitant de la capitale. Les rebelles ont pris Sanaa en 2014, déclenchant ce conflit dévastateur. Malgré l'intervention d'une coalition militaire internationale menée par Ryad, ils se sont emparés de vastes pans du territoire, en particulier dans le Nord-Ouest. La guerre a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. L'ONU et les organisations humanitaires, qui manquent de financements, mettent régulièrement en garde contre une famine à grande échelle dans ce pays largement coupé du monde.

Le gouvernement et les rebelles houthis en guerre au Yémen ont accepté de renouveler in extremis la trêve en vigueur depuis le 2 avril pour deux mois supplémentaires, malgré des désaccords et des craintes de reprise des combats, a annoncé l'ONU jeudi.
Le pays le plus pauvre de la péninsule arabique est dévasté depuis plus de sept ans par la guerre opposant les houthis, des rebelles...