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Politique - Portrait

La longue vie de Kozo Okamoto, réfugié politique au Liban, 50 ans après avoir commis un attentat en Israël

Cet ancien membre de l'Armée rouge japonaise et ses deux complices ont été à l'origine de la mort de 26 personnes, 17 Américains, un Canadien et huit Israéliens.

Kozo Okamoto (c) joint les mains pour le 50e anniversaire d'une attaque meurtrière menée par des membres de l'Armée rouge japonaise (ARJ) à l'aéroport israélien de Lod-Tel Aviv, à Beyrouth, le 30 mai 2022. Photo JOSEPH EID/AFP

Kozo Okamoto ne devait pas survivre à l'attentat-suicide qu'il a perpétré en 1972, tuant 26 personnes à l'aéroport israélien de Lod-Tel Aviv. Mais cinquante ans plus tard, le Japonais de 74 ans, seul détenteur d'une carte de réfugié politique au Liban, est toujours en vie.

Après deux séjours en prison, l'ancien membre de l'Armée rouge japonaise (ARJ) est toujours recherché par la police de son pays natal pour cet attentat meurtrier commis au nom du Front Populaire de libération de la Palestine (FPLP). Il vit néanmoins au Liban dans un calme olympien, entouré de réfugiés palestiniens qui le considèrent comme un héros de leur cause.

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Le 30 mai 1972, il monte à bord d'un vol d'Air France en provenance de Rome en utilisant un faux passeport sous le nom de Daisuke Namba, l'homme qui a tenté d'assassiner le prince héritier Hirohito en 1923 - pour le FPLP, l'organisation qui l'avait formé, il était Ahmad. À l'époque, le détournement d'avions par l'organisation palestinienne avait entraîné un renforcement du contrôle des passagers mais pas encore des bagages en soute.

Arrivés à Tel Aviv, Kozo Okamoto et ses deux complices ont passé les points de contrôle sans être inquiétés, puis ont récupéré leurs valises et en ont sorti des fusils d'assaut et des grenades. Le carnage qui s'en est suivi a fait 26 morts, dont un Canadien et huit Israéliens. Les 17 autres victimes étaient des citoyens américains venus de Porto Rico pour un pèlerinage en Terre Sainte. À ce jour, une commémoration a lieu tous les 30 mai sur la petite île des Caraïbes.

"Cadavre" 

Organisée par le FPLP, l'attaque devait être un attentat suicide: les trois militants japonais devaient se mutiler le visage pour rendre l'identification de leurs corps plus difficile. Deux d'entre eux sont morts lors de l'attaque, mais M. Okamoto, lui, est blessé et capturé. Au cours de son procès, il cherche constamment à obtenir la peine de mort, mais il est condamné à la prison à perpétuité. En 1985, il est libéré par Israël dans le cadre d'un échange massif de prisonniers.

Kozo Okamoto (c) lors de son procès en Israël, le 10 juillet 1972, pour l'attentat-suicide qui a tué 26 personnes à l'aéroport israélien de Lod-Tel-Aviv. Photo d'archives AFP

La même année, pris en photo par l'AFP à l'aéroport de Tripoli (Libye), il a le regard éteint alors que des combattants palestiniens le hissent sur leurs épaules en signe de triomphe. En charge de la vie quotidienne de M. Okamoto pour le FPLP, Abou Youssef se souvient de ce jour. "Quand il a été libéré, il ressemblait à un cadavre", explique-t-il dimanche à l'AFP, assurant que le Japonais a passé la plupart de ses années en prison à l'isolement. Après sa libération, il se rend au Liban où il est arrêté et condamné en 1997 à trois ans de prison pour entrée illégale dans le pays, falsification de documents officiels et détention de faux passeports.

Semi-clandestinité 

En 2000, les autorités libanaises lui accordent cependant l'asile politique. Une décision intervenue après une série de manifestations au Liban en soutien à M. Okamoto par des groupes propalestiniens. Cadet d'une famille de six enfants de la classe moyenne dans le sud du Japon, M. Okamoto n'avait aucun lien particulier avec la cause palestinienne.

Mais "aujourd'hui encore, il parle de la Palestine et refuse l'occupation" israélienne, explique à l'AFP Abou Youssef, dans un camp de réfugiés palestiniens à Beyrouth. À peine reconnaissable, Kozo Okamoto, devenu un vieil homme aux cheveux gris, a arrêté de fumer, mange ses repas à des heures fixes et passe son temps à regarder les aventures de Tom et Jerry ou d'autres dessins animés à la télévision.

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Il vit en semi-clandestinité, a une connaissance limitée du monde extérieur et ne sait pas que la fondatrice de l'ARJ, Fusako Shigenobu, a été libérée samedi après 20 ans passés dans une prison japonaise. "Il ne constitue aucune menace pour Israël ou le Japon", a assuré à l'AFP sa fille May Shigenobu, qui a grandi au Liban. "Mais les Japonais continuent de demander son extradition chaque année, donc on lui porte encore de l'attention malgré son état physique et mental", a-t-elle ajouté. "Je ne peux écarter la possibilité que sa vie reste menacée."

Kozo Okamoto ne devait pas survivre à l'attentat-suicide qu'il a perpétré en 1972, tuant 26 personnes à l'aéroport israélien de Lod-Tel Aviv. Mais cinquante ans plus tard, le Japonais de 74 ans, seul détenteur d'une carte de réfugié politique au Liban, est toujours en vie.Après deux séjours en prison, l'ancien membre de l'Armée rouge japonaise (ARJ) est toujours recherché par la...

commentaires (2)

Il faut être complètement fou pour se sacrifier pour son propre pays, ou pour des raisons religieuses! Alors quand quelqu'un se sacrifie pour une cause qui n'est pas la sienne, c'est de la folie qui n'a pas encore de nom en psychiatrie ...

Georges MELKI

10 h 56, le 01 juin 2022

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Commentaires (2)

  • Il faut être complètement fou pour se sacrifier pour son propre pays, ou pour des raisons religieuses! Alors quand quelqu'un se sacrifie pour une cause qui n'est pas la sienne, c'est de la folie qui n'a pas encore de nom en psychiatrie ...

    Georges MELKI

    10 h 56, le 01 juin 2022

  • Il a tué des innocents. Ni la terre, ni le ciel ne lui pardonnent. Pourquoi il a été choisi pour commettre cette tuerie ? Probablement, cet un déséquilibré.

    Esber

    10 h 15, le 01 juin 2022

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