Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhan, a laissé entendre mardi à Davos, en Suisse, que son pays serait prêt à aider le Liban s'il met en place "des réformes", alors que le pays du Cèdre est enlisé depuis trois ans dans un effondrement socio-économique et financier inédit. Le chef de la diplomatie a également estimé que les législatives du 15 mai, qui ont faire perdre au camp politique du Hezbollah sa majorité au Parlement, pourraient "constituer un pas positif", notant toutefois qu'il "est encore tôt pour juger". Son homologue jordanien, Ayman Safadi, également présent à Davos, a pour sa part mis en garde contre un "glissement du Liban vers le chaos".
"Les Libanais doivent mettre en place des réformes en vue de restituer le pouvoir à l'Etat", a affirmé M. Ben Farhan, dans le cadre du Forum économique mondial (WEF) de Davos en Suisse. Il a également estimé que "le changement ainsi que la question du Hezbollah est entre leurs mains". L'arsenal du parti chiite, seul à avoir conservé ses armes lourdes après la fin de la guerre civile libanaise (1975-1990), est en effet pointé du doigt par les pays du Golfe et la communauté internationale. "L'effondrement de l'Etat libanais est dangereux", a également averti le ministre saoudien, appelant à "accélérer la mise en place des réformes afin de l'éviter". "Si Les Libanais mettent en place des réformes, nous verrons ce que nous pouvons faire, en fonction de nos moyens", a-t-il souligné.
"Glissement vers le chaos"
Le chef de la diplomatie saoudienne a également affirmé être "concerné par la relance politique au Liban", soulignant la nécessité que "toutes les parties travaillent à cette fin". Il a enfin estimé que "les législatives pourraient constituer un pas positif" mais qu'il "était encore tôt pour juger", selon des propos rapportés par l'agence Reuters.
Prenant également la parole à Davos, le chef de la diplomatie jordanienne a pour sa part précisé qu'il "faut œuvrer pour empêcher un glissement du Liban vers le chaos".
Une grave crise diplomatique avait éclaté entre Beyrouth et les monarchies du Golfe, à leur tête Riyad, en octobre dernier, en raison notamment de la mainmise grandissante du Hezbollah sur le Liban et son rôle dans la région. Elle s'est toutefois résorbée peu avant les législatives du 15 mai, qui ont consacré deux grands vainqueurs : les Forces libanaises de Samir Geagea, allié de l'Arabie, qui deviennent le premier bloc chrétien dans l’Assemblée avec 19 députés, mais aussi les mouvements de la contestation qui obtiennent 13 sièges. Ces deux développements ont pour principal effet de faire perdre au Hezbollah et à ses alliés leur majorité au Parlement, même si le parti chiite a conservé le même nombre de députés dans l'hémicycle en comparaison avec le scrutin de 2018.
L’Arabie saoudite, qui s'oppose ces dernières années à son ancien allié sunnite, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, en retrait de la vie politique, a réussi, selon plusieurs observateurs, à assurer la victoire de ses alliés chrétiens au Liban et de personnalités indépendantes, ainsi que du Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt.
Riyad a de la sorte marqué son retour sur la scène libanaise, après des années de froid avec Beyrouth. Par conséquent, la division du Parlement en trois blocs principaux (le camp du Hezbollah, celui qui lui est hostile et les élus de la contestation) fait de l’Arabie saoudite un acteur-clé de la recherche d’une nouvelle formule et de la reconstruction d’un nouvel équilibre politique.
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SI... ET NOUS VERRONS... ET CA DIT TOUT ! L,ENFER DEVIENT PLUS SOMBRE CHAQUE JOUR.
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 01, le 25 mai 2022