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Nos Lecteurs ont la Parole

Le vivre-ensemble au Liban, les leçons d’un échec !


Quand les responsables de l’Institut al-Mowafaqa au Maroc m’ont invité pour donner une conférence sur le vivre-ensemble au Liban, en parallèle avec le séminaire que je donnais aux étudiants du master « Diplomatie et géopolitique des religions », ils furent surpris par ma demande d’ajouter au titre de la conférence, le sous-titre suivant : « Les leçons d’un échec » !

En effet, le vivre-ensemble est un défi grandissant partout dans le monde, alors que le concept de « libanisation » est devenu monnaie courante dans certains discours politiques pour semer la méfiance du pluralisme, notamment religieux.

Depuis des années, je propose de remplacer le concept de vivre-ensemble par celui du « bien-vivre-ensemble », c’est-à-dire faire de cette dynamique une source de richesse morale, sociale et politique pour les individus ainsi que pour les sociétés. Pour ce faire, je propose cinq critères :

1) Un cadre citoyen respectueux des libertés et des droits de chacun.

2) Des différences apaisées menant à une appréciation de la diversité au lieu d’un nationalisme amorphe.

3) Une gouvernance pluraliste inclusive.

4) Une culture citoyenne et une éducation qui mettent au défi éthique les discours ethniques et religieux exclusifs, et mettent à contribution les discours ouverts au pluralisme.

5) Une société civile transcommunautaire (mixité démographique, vie associative, mariage mixte, etc.).

Revenant au cas du Liban et à l’échec de son expérience, j’en tire cinq leçons, qui pourraient être partout des obstacles au bien-vivre-ensemble :

1) Le confessionnalisme : la soumission du religieux au politique et/ou du politique au religieux.

2) Le communautarisme : la non-contribution des religions (éducation religieuse, théologie, collaboration interreligieuse) à la mise en œuvre du contrat social.

3) L’extrémisme : l’idéologie religieuso-politique (le Hezbollah).

4) L’identitarisme : le racisme, la victimisation et les mémoires non réconciliées.

5) L’opportunisme : la défaite de l’État de droit (corruption et injustice sociale).

On pourrait aussi ajouter à cette liste, l’hypocrisie, d’une part de certains acteurs de la vie religieuse et publique qui se satisfont de l’image superficielle d’un minaret à côté du clocher, ou de celle d’une religieuse avec une femme voilée, pour célébrer une coexistence qui ne remet pas en cause un statu quo quoique injuste, ou d’autre part, l’hypocrisie de la communauté internationale dont les intérêts politiques opportunistes passent souvent devant et au détriment de l’intérêt des peuples et de l’humanité.

Finalement, la reconnaissance d’un échec reflète, non pas la désespérance, mais plutôt le courage de refuser le déni et de vouloir reconstruire sur de meilleures bases. Est-il venu le temps de la reconstruction ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Quand les responsables de l’Institut al-Mowafaqa au Maroc m’ont invité pour donner une conférence sur le vivre-ensemble au Liban, en parallèle avec le séminaire que je donnais aux étudiants du master « Diplomatie et géopolitique des religions », ils furent surpris par ma demande d’ajouter au titre de la conférence, le sous-titre suivant : « Les leçons d’un...

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